P-au-P, 2 juillet 2014 [AlterPresse] --- Il existe une faiblesse au niveau des mécanismes mis en place pour répondre aux allégations de violations de droits humains surtout policières dans le pays, souligne le rapport semestriel de la Section des droits humains (Sdh) de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), couvrant la période juillet-décembre 2013.
Les mauvais traitements, les arrestations arbitraires et l’usage illégal de la force policière constituent « une préoccupation importante », indique le rapport sur la situation des droits humains, publié fin juin 2014.
Sur un total de 1, 022 dossiers ouverts, des enquêtes disciplinaires menées ont seulement permis à 324 d’aboutir à des recommandations de sanctions au cours de la période considérée, rapporte la Sdh.
44 policiers ont été révoqués, dont 40 pour abandon de poste et 4 autres pour corruption, selon un bilan dressé par l’Inspection générale de la police nationale d’Haïti (Igpnh) pour le mois d’avril 2014.
Une absence d’avancées significatives dans la poursuite de violations graves des droits humains commises par le passé est également mentionnée dans le rapport de la Sdh.
Pour le semestre, il signale des doutes sur l’indépendance de la justice et la confirmation du « degré d’impunité toujours élevé », ainsi que des allégations de menaces ou d’actes de représailles contre des personnes impliquées dans la dénonciation d’actes de corruption.
A titre d’exemple, le rapport cite des allégations d’attaques contre des défenseurs des droits humains documentées et signalées par la Sdh au cours de la période concernée.
Le 2 avril 2014, une lettre de menaces contenant une balle a été adressée au directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), membre de la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) et secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits humains (Fidh), Pierre Espérance.
« Le degré d’impunité pour les cas de viol reste très élevé », indique la Sdh qui appelle l’État à mener les enquêtes nécessaires et à assurer aux femmes victimes un accès effectif aux procédures judiciaires.
Les violations du droit à la liberté, à la sécurité de la personne et à un procès dans un délai raisonnable figurent parmi les violations des droits humains les plus nombreuses observées par la Sdh, selon le rapport.
Il critique le taux extrême de détention provisoire qui s’élève à plus de 70% ainsi que le caractère déraisonnable des délais entre l’arrestation et le jugement.
Une grande quantité de « personnes privées de liberté sont détenues sur une base arbitraire, en violation des normes nationales, régionales et internationales, dans des conditions équivalant à un traitement cruel, inhumain ou dégradant », signale t-il.
Le document relève des cas d’autorités administratives et judiciaires, d’élus locaux ou de membres du parlement, employant des agents de sécurité ou des brigades civiles pour remplir des fonctions de sécurité relevant de la responsabilité de l’État.
Le rapport ne fait pas mention de violations de droits humains de la part d’agents de la Minustah qui encore en janvier 2014 ont été pointés à Ounaminthe pour des actes de violence contre la population civile. [emb kft gp apr 02/07/2014 13 : 40]