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Haïti-Rép-Dom : L’administration haïtienne appelée à établir un plan clair de gestion du dossier de dénationalisation

P-au-P, 01 juillet 2014 [AlterPresse] --- Dans la perspective d’une gestion efficace de l’affaire de dénationalisation de plusieurs milliers de Dominicaines et de Dominicains, pour la plupart d’ascendance haïtienne, l’État haïtien devrait définir et expliquer un plan d’action, en œuvrant pour changer les conditions de vie des personnes défavorisées et chercher à bloquer le processus d’émigration.

Ces idées sont exprimées au cours d’une conférence-débat qui a suivi une projection sur la migration, particulièrement sur la situation des deux Républiques de l’île d’Haïti, organisée à la Fondation connaissance et liberté (Fokal), le vendredi 27 juin 2014.

Le président de la Fondation Zile, l’ancien ministre des Haïtiennes et Haïtiens vivants à l’étranger, Edwin Paraison, et le professeur français Patrick Weil, politologue et auteur d’ouvrages sur la question de la citoyenneté, sont intervenus avant les débats.

« Haïti devrait définir son plan de gestion de la situation (…) l’État a le devoir d’expliquer clairement son plan », conseille Edwin Paraison.

Les milliers de Dominicaines et Dominicains (d’ascendance haïtienne), dénationalisés suivant le décret de la cour constitutionnelle dominicaine en date du 23 septembre 2013, se verraient « pratiquement dans l’obligation de prendre la nationalité haïtienne pour parvenir à obtenir (à nouveau) la nationalité dominicaine », en fonction du Plan national dominicain de régularisation des étrangères et étrangers (Pnre) et de la nouvelle loi de naturalisation (appelée Loi Danilo Medina, actuel président de la République Dominicaine de 2012 à 2016).

Votée le 22 mai par le Parlement dominicain, cette loi a été publiée le 23 mai 2014.

Mais, ce n’est qu’un « point de départ », une tentative pour « résoudre partiellement le problème … , encore entier pour la majorité des personnes qui n’étaient pas et qui ne sont pas encore enregistrées » en tant que citoyennes et citoyens, examine Paraison.

Le président de la fondation Zile appelle les dirigeants haïtiens à définir des politiques publiques cohérentes - qui auraient pour finalité de respecter les droits fondamentaux des plus pauvres - par la création d’un « cadre harmonieux de vie », susceptible de les dissuader d’émigrer à l’extérieur.

Le moment se prête à un processus de « réflexion », chez les intellectuels des 2 pays, sur de nouvelles perspectives de convivialité, d’amitié et de dialogue entre les deux peuples, suggère, pour sa part, le professeur Patrick Weil.

« La nationalité est le premier des droits humains. Elle est liée à l’abolition de l’esclavage », affirme Weil, qui est revenu sur les diverses situations historiques, pendant lesquelles des processus de dénationalisation ont eu lieu, notamment en France et aux États-Unis d’Amérique.

Les Haïtiennes et Haïtiens « gagneraient à mieux connaître les Dominicaines et Dominicains », préconise la sociologue Danièle Magloire, qui jouait le rôle de modératrice des échanges du 27 juin 2014.

Aussi, invite-t-elle les autorités à accorder beaucoup plus d’attention aux citoyennes et citoyens haïtiens, qui sont maltraités dans leur propre pays.

La façon, dont les dirigeants haïtiens traitent les dirigés, les pauvres entre autres, constitue un mauvais « profil social », regrette-t-elle. [srh kft rc apr 01/07/2014 2:30]