P-au-P., 10 Sept.04 [AlterPresse] --- Tandis que les autorités nationales, supportées par des organisations internationales, dont la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haiti (MINUSTAH), s’affairaient dans la mise en œuvre de dispositions pour faire face aux conséquences éventuelles du passage du cyclone Ivan non loin des cotes d’Haïti, une bonne partie d’habitants de la république caraïbe gardait encore du scepticisme voire de l’incrédulité sur les possibles affectations dans l’environnement.
Du gouvernement central aux autorités communales, en passant par les unités régionales et locales de la Croix Rouge haïtienne, beaucoup de consignes ont été adressées aux populations sur la nécessité de se déplacer dans les zones à risques (littoral, ravins, etc.), de protéger les documents importants, de prémunir les enfants contre d’éventuelles agressions d’obsédés, de rejoindre des abris sécuritaires (écoles, églises), d’émonder les branches d’arbres menaçants, d’enregistrer différentes références d’institutions, de secouristes et de volontaires à contacter le cas échéant.
Dans la capitale Port-au-Prince, quelques heures avant les premiers reflets du cyclone Ivan, les journalistes ont pu constater, en fin d’après-midi du 9 septembre, un branle-bas chez les habitants qui s’empressaient de regagner leurs demeures, non sans avoir essayé de se ravitailler en produits les plus essentiels. Dans la soirée, les gens se mettaient en file pour pouvoir acheter du pain, l’un des biens les plus consommés chez les ménages haïtiens.
Beaucoup d’entreprises commerciales et d’autres services avaient relâché de très tôt leurs employés en prévision du passage du cyclone annoncé comme très dévastateur. Mais, les quelques établissements scolaires qui ont ouvert les classes depuis le 6 septembre, une semaine avant la date officielle retenue par le ministère de l’Education Nationale, ont pu travailler jusqu’aux heures régulières de fermeture.
Les camionnettes (tap tap) et autres véhicules de transport public étaient bondés de passagers dans différentes artères de Port-au-Prince, mouillées par une fine pluie dès le début de l’après-midi du 9 septembre. En début de soirée, les rues ont commencé à être vidées par les habitants qui s’empressaient de rentrer chez eux.
Le temps était nuageux dans le Sud, le Sud-Ouest et le Sud-Est, régions apparemment les plus menacées par les contrecoups des vents du cyclone Ivan. Dans ces trois régions, diverses dispositions (Croix Rouge, Travaux Publics, Santé Publique, Police Nationale) ont été annoncées en prévision d’éventuelles inondations et de crues de rivières.
A signaler qu’une première enveloppe de 12 millions de gourdes (environ 343 mille dollars américains), dont une allocation proportionnelle aux régions du Sud, du Sud-Est et du Sud-Ouest, considérées comme les plus menacées, a été débloquée par le gouvernement provisoire.
Malgré la mobilisation orchestrée, avec le support de tous les médias publics et privés qui relaient en permanence les informations sur la position du cyclone et les consignes de sécurité, un certain nombre d’habitants paraissaient confiants en la possibilité que le cyclone Ivan, un tantinet capricieux et transformé en tempête tropicale le 7 septembre, épargne les terres de la République d’Haïti.
Ces habitants déclarent implorer la faveur du ciel pour que les pluies éventuelles, accompagnées généralement d’inondations et de grands dégâts partout sur le territoire national, ne viennent point causer de nouvelles douleurs, à l’exemple des averses de mai 2004 qui avaient provoqué des centaines de pertes en vie humaine et matérielles dans le Sud-Est et l’Ouest d’Haïti.
Cependant, d’autres habitants, logés dans des zones à risque, ont affirmé qu’ils ne laisseront pas leurs maisons, sous prétexte qu’ils ne disposent d’aucun autre endroit où se réfugier et que, étant mortels, ils ne craignent pas de passer de vie à trépas dans ces conditions. C’est, la mort dans l’âme, que certaines autorités observent ces types de comportements qui jurent avec les efforts déployés pour venir en aide aux populations et porter assistance en cas de catastrophes naturelles.
En dépit des appels réitérés à éviter de s’aventurer en mer, dont la houle et les bourrasques risquent d’être très violentes, des pêcheurs ont été remarqués en train de rechercher du poisson non loin de l’embouchure de Jacmel, la capitale du département du Sud-Est.
En regardant les images satellitaires sur l’évolution du cyclone Ivan dans la mer des Caraïbes, des analystes ont signalé combien les êtres humains qui occupent les terres fermes paraissaient très fragiles au mouvement des eaux et aux forces naturelles des ouragans.
Au moins, cette situation de tempête naturelle, engendrée par le cyclone Ivan au début de septembre 2004, aura pour vertu de calmer pour un temps, sur le territoire d’Haïti, la fureur et les ardeurs belliqueuses des différents groupes armés, dont les militaires démobilisés qui se trouvent sur pied de guerre depuis plusieurs jours revendiquant pour des fonctions traditionnelles de sécurité de la population aujourd’hui dévolues à la police et pour un pouvoir discrétionnaire de décider de l’avenir de la nation par la menace de baïonnettes, relèvent ces analystes. [rc apr 10-09-04 00 :15]