P-au-P, 24 juin 2014 [AlterPresse] --- Alors que le processus électoral est bloqué, plusieurs partis politiques disent n’accepter aucun ultimatum ni aucune date butoir de la part du Conseil électoral provisoire (Cep), dans une note conjointe datée du 22 juin 2014 et transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Ces partis politiques mettent en garde contre toute tentative d’organiser des élections sans la participation des structures politiques représentatives de l’opposition démocratique et de la résistance patriotique.
Il s’agit de la Fusion, Fanmi Lavalas, Inité, Kontrapèp, du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) et de « Ayisyen pou Ayiti » (Haïtien pour Haïti).
Le Conseil, quoique toujours incomplet et sans le vote des amendements indispensables de la loi électorale, tente de se mettre au service du pouvoir, critiquent-ils.
Ces partis politiques décident d’unir leur voix, disent-ils, pour démasquer les menées du Cep qualifié d’illégal et d’inconstitutionnel de 7 membres au lieu de neuf.
Ils expriment leur préoccupation par rapport aux « manœuvres » du pouvoir dans le traitement du dossier électoral, lesquelles menacent, selon eux, le bon fonctionnement des institutions démocratiques et la stabilité politique du pays.
Ils dénoncent, entre autres, la crise politique créée par la mauvaise gouvernance qui a entrainé « un déficit croissant de légitimité » de l’administration Martelly/Lamothe « soutenue par une fraction de la communauté internationale ».
Des partis politiques entendent bouder les inscriptions
Entre temps, la Fusion des sociaux démocrates haïtiens et la Konfederasyon inite demokratik (Kid) font part de leur intention de bouder les inscriptions prévues du 16 juin au 25 juin 2014 par le Cep.
« Nous voulons aller aux élections, nous sommes prêts pour aller aux élections. Mais, nous n’allons pas nous inscrire parce que le Cep n’est pas encore complet », affirme le secrétaire général de la Fusion des sociaux démocrates, Rosemond Pradel, dans une interview accordée à AlterPresse, le vendredi 20 juin 2014.
Pourtant, aucune prorogation de délai ne sera consentie aux partis politiques dans l’accomplissement de cette formalité d’inscription, a soutenu le Conseil.
Le Cep n’a pas encore de légitimité pour faire des exigences aux partis politiques parce qu’il est incomplet, souligne, pour sa part, Evans Paul, le coordonnateur de la Kid.
Il serait plus sage pour le Cep d’attendre d’être complété avant d’établir un calendrier et de chercher à avoir de meilleures relations avec les partis politiques, recommande t-il.
Affirmant avoir appris par communiqué l’invitation du Cep aux partis politiques à venir s’inscrire, Evans Paul encourage le conseil à utiliser, de préférence, d’autres formes de communication comme les correspondances formelles ou non formelles, à ce niveau.
Il appelle le conseil à éviter de créer plus de problèmes qu’il y en a déjà, en voulant adopter des calendriers spéciaux parce que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour l’organisation des joutes électorales.
« Il n’y a pas vraiment un grand pas accompli » dans cette affaire depuis l’adoption, en mars 2014, de la date des élections pour le 26 octobre », déplore le responsable de Kid.
Dans ce contexte précis, la priorité devrait être accordée non à l’inscription des partis politiques mais aux problèmes enregistrés dans la formation du Cep et de l’amendement de la loi électorale, estime Paul.
Un processus électoral bloqué
Plusieurs rencontres ont eu lieu entre le groupe des six sénateurs de l’opposition, les partis politiques et d’autres secteurs pour réfléchir sur des pistes de sortie de la crise pré-électorale.
Ces sénateurs de l’opposition veulent que le Cep soit composé de membres de différents secteurs de la vie nationale, notamment des organisations de droits humains, des organisations féministes, des médias, ainsi que de l’Université pour être crédible.
Le Senat recommande au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) de remplacer l’un de ses représentants au niveau du Cep, comme condition sine qua non pour voter la loi électorale.
Ce processus de remplacement serait en cours, a confirmé Me Dilia Lemaire, membre au sein du Cspj.
Au Senat, la semaine écoulée, une séance autour des amendements à la loi électorale a avorté.
Pour sa part l’Exécutif continue d’avancer résolument dans le processus. Selon le porte-parole du premier ministre, Michel Brunache, sur les 73 étapes nécessaires à la réalisation des élections, 28 auraient déjà été franchies.
En conférence de presse ce 23 juin, Brunache appelle les partis politiques à prendre le chemin des élections pour faire avancer le processus. « Le temps nous fait la guerre », argue-t-il.
Le président Michel Martelly a déjà pris un arrêté appelant le peuple à aller voter les 26 octobre et 28 décembre. Cette décision vivement critiquée par les secteurs politiques est assimilée à un acte de provocation.
Le parlement sera dysfonctionnel en janvier 2015 si un tiers des postes au Senat et la totalité au niveau de la chambre des députés ne sont pas renouvelés.
Ces élections devraient permettre d’élire 20 sénateurs, 112 députés, 140 maires, 570 Conseils d’administration des sections communales (Casec) et 570 Assemblées de sections communales (Asec). [emb kft gp apr 24/06/2014 11 : 15]