P-au-P, 20 juin 2014 [AlterPresse] --- Après des années de tracasseries judiciaires, de recours en appel, de pourvoi en cassation par l’une ou l’autre partie, le dossier des médicaments empoisonnés, Valodon et Afébril, mettant en cause les laboratoires Pharval - qui devrait être entendu, le 18 juin 2014, au tribunal correctionnel à Port-au-Prince - est une nouvelle fois renvoyé à la huitaine, probablement pour le mercredi 25 juin 2014.
Déchu de son pourvoi en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel rendu le 6 juillet 2011 l’inculpant « d’homicide involontaire par négligence, imprudence et non respect des règlements », Rudolph Henri Boulos fait face à des parents de victimes qui se disent déterminés.
Réunis au sein de l’Association des parents des enfants victimes d’intoxication au diéthylène glycol (Apevidigh), des proches de certains des « plus de 500 enfants morts ou en situation de handicap physique et/ou mental », jurent d’obtenir justice et réparation de Boulos.
Après une conférence de presse, le lundi 16 juin 2014, ils ont réaffirmé leur détermination le 18 juin après le nouveau renvoi de la cause à la huitaine.
Robert Augustin et Jean Miguel Fortuné sont les avocats des plaignants - dont Gérald Joachim, Roosevelt Sénatus et Elvia Semerzier -, alors que Samuel Madistin et Jean Garry Rémy sont les défenseurs de Boulos.
La semaine dernière, le dossier n’a pas pu être entendu, parce que le tribunal correctionnel n’a pas été constitué.
« Le ministère public ne s’est tout simplement pas présenté », informe tristement Frantzo Michel, président et porte-parole de l’Apevidigh se demandant déjà s’il n’y pas des « tractations louches » dans l’air.
Il appelle à l’accompagnement des organisations de défense des droits humains.
« Le dossier va être plaidé au tribunal ce mercredi [18 juin] », prévoyait un des avocats de Boulos, Me Samuel Madistin, se déclarant « à l’aise, en sa qualité de professionnel indépendant, de défendre la cause de son client ».
Le calvaire des enfants empoisonnés
Exhibant la photo de sa défunte fille, âgée de 7 ans à l’époque, Gérald Joachim se rappelle chaque démarche faite autant que les cris, les gémissements de son enfant, ne pouvant ni uriner, ni déféquer, après qu’il lui avait administré le médicament empoisonné.
« Malgré deux dialyses, ma fille Rachelle Joachim n’a pas pu être sauvée » déclare Joachim.
Irlette Normil et Jean-Michel Saint Val ont perdu deux enfants dans « la tragédie du diéthylène glycol ».
« Ma fille Myrlène StVal est morte aux Etats-Unis d’Amérique à un an et trois mois. On a essayé de la traiter. De son côté, intoxiqué à 3 ans, mon fils Michelot Saint Val est décédé le 26 novembre 2013, après 17 ans de souffrances et de calamités », raconte Irlette Normil qui confie à AlterPresse combien elle divague, parfois, sous le poids du chagrin.
Michelot Saint Val a été « handicapé, muet et incapable de manger comme tout le monde. C’est de force que nous lui donnions à manger », continue sa mère qui compare les laboratoires Pharval à un « groupe d’assassins ».
Le 22 juin 2014 va ramener le dix-huitième anniversaire de la communication officielle du ministère de la santé publique et de la population (Mspp), ayant reconnu le diéthylène glycol - contenu dans les médicaments Valodon et Afebril - comme cause de décès et de handicap d’enfants en Haïti.
Certains des enfants en situation de handicap ont pu recevoir des soins dans des hôpitaux aux Etats-Unis d’Amérique et à Cuba, durant le premier mandat présidentiel de René Garcia Préval (7 février 1996 - 7 février 2001 ; 14 mai 2006 - 14 mai 2011), envers qui les parents des enfants victimes semblent être très reconnaissants. [efd kft rc apr 20/06/2014 08:55]