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Haïti-Assainissement : Possible propagation du choléra dans les camps

Parallèlement, contexte d’augmentation rapide du chikungunya

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 13 juin 2014 [AlterPresse] --- Les mauvaises conditions sanitaires sont susceptibles d’entraîner une propagation de maladies d’origine hydrique, comme le choléra, dans les camps, alors que le chikungunya progresse, indique un bulletin du Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (Ocha) en Haïti dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Ocha-Haïti relève un très mauvais état des infrastructures, à cause du manque d’entretien et sous la pression des aléas climatiques.

Cette situation tend « à créer un environnement insalubre, favorisant l’exposition aux vecteurs de transmission des maladies hydriques ».

« Près d’un camp sur deux ne possède pas de latrines, et un camp sur cinq ne dispose pas de douches », d’après un diagnostic réalisé sur 147 camps abritant 21 mille 626 ménages, soit environ 108 mille personnes.

Ce diagnostic a été réalisé dans les communes de Tabarre, de Croix-des-Bouquets et de Delmas (municipaliés au nord-est de la capitale), Carrefour (au sud), de Pétionville (à l’est) et de Port-au-Prince.

Le ratio, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, est en moyenne de 106 personnes par porte de latrine, alors que les standards internationaux préconisent une fréquentation de 50 personnes (par porte de latrine) dans le cadre des camps de personnes déplacées, mentionne le diagnostic.

Un certain nombre de points d’eau, notamment à Tabarre, à Carrefour et à Port-au-Prince, dans les zones côtières non protégées, sont ainsi exposés aux risques de contamination.

Environ 69% des 145 camps observés sont exposés aux risques naturels et climatiques, révèle le diagnostic.

La précarité des habitats, l’instabilité des sols, l’érosion accélérée, la vétusté des voies d’accès ou encore l’absence de canaux de drainage fonctionnels constituent des facteurs d’augmentation des risques, limitant les capacités de résilience des populations des camps.

137,543 personnes résident encore dans 243 sites, soit une réduction de 91% de la population vivant dans les camps de personnes déplacées, selon une estimation de l’Organisation internationale des migrations (Oim), pour le mois de mars 2014.

Alerte rouge pour le choléra

L’alerte rouge persiste sur les départements de l’Ouest, où se trouve la capitale Port-au-Prince, le Centre et l’Artibonite.

Depuis l’apparition du choléra en octobre 2010, 8 mille 559 décès et 702 mille 944 cas suspects de choléra ont été enregistrés.

Augmentation rapide du chikungunya

Pendant que le choléra continue d’inquiéter, le chikungunya fait encore des victimes.

La maladie, qui se transmet par piqure de moustiques, insectes très à l’aise dans les milieux humides et insalubres, progresse à un rythme vertigineux.

De début mai 2014 à date (13 juin 2014), le nombre de personnes atteintes par le chikungunya reste effarant. Il est vraiment rare de trouver un membre de personnel, dans différents bureaux, à ne pas avoir été touché par le chikungunya, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.

Le bulletin d’Ocha confirme une nette augmentation rapide des personnes ayant contracté le chikungunya.

Un cumul de seulement 6,312 cas est rapporté par le Ministère de la santé et de la population (Mspp) depuis les premiers cas recensés, entre le 6 mai et le 24 mai 2014.

Les 10 départements géographiques en Haïti, dont l’Ouest où sont répertoriés 64% des cas, sont affectés par la maladie du chikungunya.

Le chiffre de personnes atteintes par le chikungunya est globalement plus élevé que les statistiques officielles, vu que beaucoup de malades ne se présentent pas aux hôpitaux et centres de santé publics depuis l’apparition de la maladie, début mai 2014 en Haïti. [emb kft rc apr 13/06/2014 11:05]