P-au-P, 10 juin 2014 [AlterPresse] --- A quelques jours du lancement de la coupe du monde de football au Brésil, la fièvre monte en Haiti, le temps est au ralenti et l’atmosphère aux matches.
Si la dernière et unique participation d’Haïti dans une phase finale de coupe du monde remonte à 1974, chaque Haïtien, chaque Haïtienne va tout de même supporter « son » équipe lors du tournoi à partir du 12 juin.
La plupart des automobilistes ont déjà accroché à l’avant de leur véhicule le drapeau de l’équipe qu’ils supportent. Le Brésil et l’Argentine arrivent en tête, suivis de l’Allemagne et de l’Italie. Certains accompagnent ces drapeaux du bicolore national.
Aux abords des routes, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, des marchands proposent ces fanions qui s’envolent apparemment comme des petits pains.
Quelques commerces se prennent au jeu et arborent elles aussi devant leur façade des drapeaux de pays participant à la coupe du monde.
Dans les quartiers, des petits groupes se forment pour parler de la coupe du monde. Les sujets vont des performances attendues de la part de certaines stars aux récentes manifestations ou grèves qui ont secoué le Brésil. Des défis sont lancés entre fans d’équipes partageant une histoire empreinte de rivalité comme l’Argentine et le Brésil.
Anticipant des coupures de courant plus fréquentes durant cette période, des individus proposent de visionner les matches en direct moyennant un paiement allant de 10 à 25 gourdes.
Les magasins de télécommunications en profitent pour promouvoir des offres spéciales permettant de suivre l’événement en direct.
Sur les réseaux sociaux, l’attention est portée sur l’actualité sportive en lien avec la compétition, sans oublier, bien sur, les manifestations qui secouent le Brésil depuis un an.
Au niveau des médias traditionnels, radio et télévision, c’est la course aux plus grandes parts d’audience lors des matches. Depuis un peu plus d’un mois, des émissions spéciales consacrées à la coupe du monde, des documentaires sur des joueurs de foot, envahissent les programmations des chaines.
Les chansons thèmes de l’édition tournent en boucle et sont utilisées dans les spots annonçant les couvertures des matches en direct.
Des artistes haïtiens chantent eux aussi pour la Coupe du monde. Rappeurs, Disc Jockey (Dj) et formations musicales ont sorti des titres parfois accompagnés de vidéoclips.
Des appels à la sérénité sont également lancés à travers la radio pour éviter que des fans d’équipes rivales ne versent dans la violence.
Le président du Senat, Dieusseul Simon Desras a lancé le même appel au calme ce 9 juin, tout en enjoignant les députés à ne pas laisser les discussions liées au football mettre au second plan leur responsabilité d’élus.
Avec les matches prévus tout semble prêt à s’arrêter. Des activités ont du être reportées à cause de la coupe du monde, les organisateurs ayant confié que l’esprit des participants sera pris par la fièvre du football.
Même au niveau politique, la tendance est à la trêve, du 12 juin au 13 juillet. Les acteurs politiques englués dans leurs divergences peinent à s’entendre pour organiser des élections cruciales cette année. Une course contre la montre parait être enclenchée depuis la semaine dernière, pour trouver une issue avant la date du 12 juin.
Mais pas question que la fête soit l’objet de récupération. C’est en tout cas l’illustration offerte le 8 juin par des habitants de Fort National, quartier déshérité situé au cœur de Port-au-Prince.
Des riverains y ont dressé des barricades pour protester contre la visite du chef de l’Etat, Michel Martelly, qui prévoyait de distribuer des t-shirts des équipes du Brésil et de l’Argentine. Alors que le président n’a rien fait pour reconstruire le quartier, dévasté par le séisme de 2010, soutiennent les protestataires. [kft apr 10/06/2014 01:00]