Interview
Par Wooldy Edson Louidor
Mexico, 04 juin 2014 [AlterPresse] --- Le Mexique est historiquement reconnu dans le monde pour l’ hospitalité qu’il a offerte, au long du XXe siècle, à des milliers d’intellectuels, d’artistes et d’exilés politiques latino-américains, caribéens et européens (principalement espagnols, italiens, russes et polonais), qui ont fui la dictature, la guerre et toutes sortes de persécutions dans leurs pays d’origine.
Cependant, pendant le XXIe siècle, le pays aztèque s’est converti en un « tombeau à ciel ouvert », où des centaines de milliers de migrantes et migrants, originaires surtout de l’Amérique Centrale, sont assassinés, kidnappés, violés et maltraités au quotidien pendant leur traversée vers les États-Unis d’Amérique, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le couloir migratoire, entre le Mexique et les États-Unis d’Amérique, est devenu l’un des plus dangereux au monde.
De plus en plus de voix s’élèvent, au Mexique, pour exiger du gouvernement aztèque de mettre fin à son « indifférence » face à tant de crimes et d’abus, auxquels font face les migrantes et migrants, et, surtout, d’adopter des lois migratoires et des politiques publiques (en matière de sécurité, par exemple) susceptibles de protéger la vie et les droits humains de tant d’êtres.
Plusieurs défenseurs de droits humains des migrantes et migrants ont reçu des menaces de la part des réseaux de délinquants, faisant partie de cette « industrie » criminelle et opérant surtout dans les zones frontalières du Mexique avec l’Amérique Centrale et les États-Unis d’Amérique.
Entre l’année 2000 et 2014, à l’instar de la situation migratoire, le contexte politique, économique et social du Mexique a changé.
L’actuel ambassadeur d’Haïti à Mexico, Guy Lamothe, a vécu ces deux moments historiques.
Ce diplomate, originaire du Cap-Haïtien (deuxième ville d’Haïti à 248 km au nord de la capitale), a réalisé une première mission à Mexico entre 2000 et 2002. Il a initié une deuxième mission à partir de 2012 jusqu’à date.
Guy Lamothe est un témoin privilégié des grands changements, survenus dans la réalité mexicaine et aussi dans l’évolution de la situation migratoire haïtienne dans ce pays, où vivent près de 1,700 compatriotes, une population majoritairement masculine et dont la tranche d’âge oscille entre 25 et 40 ans.
Si, autrefois, c’étaient majoritairement des étudiantes et étudiants ainsi que des exilés politiques haïtiens qui arrivaient au Mexique, aujourd’hui on assiste à un nouveau type de migration haïtienne, dans laquelle les candidates et candidats à l’immigration sont de plus en plus des ouvrières et ouvriers, ou des jeunes en quête de meilleures conditions de vie, selon le diplomate.
« La nouvelle loi migratoire du Mexique, adoptée en 2011, a mis beaucoup d’obstacles sur le chemin des étrangères et étrangers, désireux de régulariser leur situation en vue de s’installer au pays. Nos compatriotes n’échappent pas à ce durcissement migratoire ».
Le séisme du 12 janvier 2010 a provoqué une augmentation du flux migratoire haïtien dans les pays de l’Amérique Latine, dont le Mexique qui, suite à la tragédie, a volontiers accueilli des centaines d’Haïtiennes et d’Haïtiens en témoignage de solidarité.
Cependant, ces réfugiés font face, depuis 2011, à des difficultés de toutes sortes pour s’adapter et s’intégrer au pays.
L’État mexicain n’a pas honoré ses promesses vis-à-vis de ces Haïtiennes et Haïtiens, selon des organisations de droits humains au Mexique, dont Sin Fronteras, qui dénoncent le mépris des réfugiés du séisme abandonnés à leur sort.
Entre-temps, durant les dernières années, la coopération haïtiano-mexicaine et le rapprochement diplomatique entre les deux pays se sont intensifiés. Des projets communs ont vu le jour et sont en exécution en Haïti dans plusieurs domaines : éducation, santé, tourisme, agriculture, développement communautaire.
L’objectif de l’actuel gouvernement haïtien serait de renforcer cette coopération bilatérale et de la convertir en une relation de partenaires, en dépassant le simple cadre humanitaire.
Au cours de l’interview, Guy Lamothe a passé en revue la situation actuelle des migrantes et migrants haïtiens au Mexique, a dressé le bilan des rapports haïtiano-mexicains et présenté les priorités et perspectives d’avenir de l’Ambassade qu’il dirige.
AlterPresse (Apr) : Parlez-nous de l’homme, de l’Haïtien qui se cache derrière le diplomate.
Guy Lamothe (GL) : Originaire du Cap-Haïtien, j’ai été formé chez les Frères de l’Instruction Chrétienne, au Collège Pratique du Nord et au Collège Notre Dame du Cap-Haïtien, avant d’être reçu à l’Université d’État d’Haïti. J’ai poursuivi mes études à l’Université de Montpellier en France et à l’Université Libre de Bruxelles. Par la suite - et il est important de le mentionner - l’administration publique haïtienne m’a permis de bénéficier d’une formation ponctuelle en promotion des investissements. Je suis économiste de profession, la diplomatie m’a accueilli et je m’en réjouis. Le greffe du tribunal civil a été la première expérience de mon parcours professionnel qui m’a conduit dans les institutions suivantes : l’Institut de développement agricole et industriel (ldai), la Conserverie Nationale S.A. (Conasa), le Ministère du commerce et de l’industrie (Mci), le Ministère de l’économie et des finances (Mef). J’ai été Directeur général du Centre de facilitation des investissements (Cfi) entre 2007 et 2012.
J’ai commencé ma carrière diplomatique, en 1990, comme Ministre conseiller à l’ambassade d’Haïti à Bruxelles, avant d’être nommé Chargé d’affaires à la dite ambassade. J’ai été ambassadeur tour à tour à Bruxelles, Santo Domingo, Santiago du Chili et Mexico (une première mission entre 2000 et 2002 – et l’actuelle mission à partir de 2012). Je peux donc affirmer que j’ai une assez longue expérience des secteurs privé et public, ce qui me permet de mieux comprendre mon pays et de contribuer à son avancement.
Apr : Beaucoup de choses ont changé en ce qui a trait à la migration haïtienne au Mexique. Combien d’Haïtiennes et d’Haïtiens vivent actuellement au Mexique ?
GL : En effet, le 25 mai 2014, je célèbre le deuxième anniversaire de mon arrivée au Mexique pour une mission de rapprochement entre les deux pays. Avec l’équipe, qui m’accompagne à l’ambassade, je travaille sans relâche pour que les Mexicains nous voient comme un pays qui s’ouvre au monde et qui aspire à être émergent, plutôt qu’un pays qui attend de l’aide.
Personnellement, je souhaite vivement que la relation entre les deux pays dépasse le cadre humanitaire pour devenir une relation de partenaires.
Pour ce qu’il s’agit de la migration, c’est un phénomène des temps actuels.
Les pays, qui reçoivent les immigrants, déterminent leurs critères de sélection. Chaque immigrant vit sa propre réalité.
Si on analyse les mouvements d’Haïtiens vers le Mexique, on notera qu’après avoir reçu les étudiants Haïtiens, le Mexique a ouvert ses portes à des exilés politiques. Aujourd’hui, on assiste à un nouveau type de migration.
Ce sont les ouvriers, arrivés ici à la faveur de la conjoncture de notre pays et de la région.
Selon les données de la migration mexicaine, le nombre avoisine effectivement les 1,700, mais varie un peu en fonction du moment.
Apr : Quelles sont les caractéristiques sociodémographiques de la nouvelle migration haïtienne au Mexique, au cours de la dernière décennie (2002-2014) ?
GL : Disons que la majorité des Haïtiennes et Haïtiens, qui arrivent ici, sont des jeunes à la recherche d’une vie meilleure. Ils viennent au Mexique soit pour étudier, soit pour travailler. Il y a aussi ceux qui ne sont qu’en transit vers d’autres pays jugés plus attrayants.
Apr : Quels sont les principaux problèmes auxquels sont confrontés aujourd’hui les migrantes et migrants haïtiens au Mexique ?
GL : L’adaptation n’est jamais facile pour un immigré qui s’installe dans un nouveau pays. Il faut apprendre la langue, s’imprégner de la culture…
Jusqu’en 2013, un jeune Haïtien, qui arrivait au Mexique en touriste, avait la possibilité de changer de statut migratoire en allant s’inscrire à une université. Actuellement, le jeune Haïtien, qui désire étudier régulièrement ,se voit dans l’obligation d’arriver au Mexique muni de son visa d’étudiant.
Les problèmes les plus fréquents, auxquels sont confrontés nos compatriotes, sont d’ordre migratoire. Il leur faut régulariser leur statut dans le pays, avant d’envisager une quelconque intégration. Au niveau de l’ambassade, nous les accompagnons dans la mesure du possible.
Il est évident que nos interventions près de l’Institut national de la migration (Inm) se font et doivent se faire au regard de la loi migratoire de ce pays. Ce que les compatriotes ne comprennent pas toujours.
Pour beaucoup d’entre eux, les Haïtiens peuvent arriver ici illégalement ou n’importe comment, et l’ambassade devrait dicter leur volonté aux autorités mexicaines. Cela ne peut se faire dans aucun pays. Les Mexicains, qui désirent séjourner en Haïti, sont obligés également de se conformer aux normes migratoires de notre pays.
L’ambassade a, certes, pour mission de défendre les intérêts de chaque Haïtien présent au Mexique, mais nos interventions ne peuvent pas se faire au mépris des lois du pays.
Apr : Quelles sont les grandes priorités de l’Ambassade haïtienne au Mexique ?
GL : Tout d’abord, nous devons assister et accompagner les compatriotes présents sur le territoire. Nous devons leur faire comprendre qu’ils ne sont pas chez eux. Autant que faire se peut, nous nous chargeons de les orienter vers les meilleures universités et les inciter à avoir une conduite exemplaire afin de mieux intégrer la nouvelle société qu’ils ont choisie.
Depuis mon arrivée, ici au Mexique, nous nous sommes approchés de certaines universités pour la signature d’accords de coopération et d’octroi de bourses d’excellence pour nos compatriotes, déjà établis au Mexique et qui répondent aux critères de sélection des dites universités.
Autre grande priorité de l’ambassade : promouvoir la diplomatie d’affaires, tant encouragée par le gouvernement Martelly-Lamothe. Nous multiplions les rencontres avec le secteur des affaires afin de présenter Haïti comme un pays d’investissements. Nous encourageons les femmes et hommes d’affaires mexicains à visiter Haïti.
Entre 2012 et aujourd’hui, deux (2) missions d’affaires se sont rendues à Port-au-Prince et nous avons reçu, en février 2014, une importante mission d’affaires d’Haïti. Des chambres de commerce du Mexique et d’Haïti ont signé des accords de coopération, et la création d’une Chambre de commerce haitiano-mexicaine au Mexique est prévue dans notre agenda.
Les affaires bougent entre Haïti et le Mexique.
Jusqu’en 2001, le Mexique était un partenaire commercial peu ou pas important pour Haïti.
Sur les douze années qui ont suivi, le commerce entre les deux pays a enregistré un taux de croissance d’environ 600 % pour atteindre 65 millions de dollars américains. Le chiffre est encore faible, mais prometteur...
Apr : Le Mexique fut, dans les années 1950 jusqu’en 1980, une référence en matière d’hospitalité et une terre d’accueil pour les exilés latino-américains et européens, surtout espagnols. Plusieurs réfugiés haïtiens, fuyant la dictature duvaliériste, dont Gérard-Pierre Charles, furent chaleureusement accueillis par le Mexique. D’après vous, l’État mexicain continue-t-il à pratiquer l’hospitalité envers les migrantes et migrants haïtiens, surtout celles et ceux qui arrivent au pays, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010 ?
GL : Tout en respectant les conventions, auxquelles ils souscrivent au niveau international, les pays restent souverains en matière de politique migratoire.
Dans les relations entre Haïti et le Mexique, nous ne saurions parler de différends en ce qui a trait au traitement accordé aux Haïtiens qui choisissent le Mexique comme terre d’accueil.
Dans le passé, de nombreux Haïtiens ont reçu, au Mexique, une formation de qualité, et, en retour, ont formé des membres influents de la classe dirigeante mexicaine.
Gérard Pierre-Charles, que vous nommez, est un exemple. Après avoir étudié au Mexique, il a longtemps enseigné dans ce pays, où il a été décoré par les autorités.
L’hospitalité fait partie de la culture mexicaine.
Comme vous l’avez si bien mentionné, le Mexique a accueilli bon nombre d’Haïtiens à l’époque de la dictature.
Plus récemment, en 1992, suite au putsch militaire en Haïti, René Préval, alors premier ministre, a séjourné au Mexique en compagnie d’autres compatriotes qui avaient dû laisser Haïti.
Le séisme de 2010 a permis au Mexique de se manifester au niveau humanitaire en offrant à des Haïtiens d’y demeurer avec un visa humanitaire.
Certains d’entre eux sont encore au Mexique, pour étudier ou travailler. D’autres ont choisi de retourner au pays après une certaine période, ou se sont dirigés vers d’autres cieux plus cléments.
Toutefois, il faut reconnaître qu’au cours des deux dernières années, et dans certains cas isolés, des touristes haïtiens se sont vu refuser l’accès au territoire mexicain par les services de la migration.
Selon cette institution d’état, les compatriotes victimes de cette décision – quoique munis de leur visa mexicain – ne répondaient pas aux prérequis pour être considérés comme touristes. Il faut préciser que des ressortissants d’autres pays de l’Amérique Centrale, qui viennent au Mexique en touristes, sont aussi régulièrement obligés de rentrer dans leur pays sans pouvoir visiter le Mexique.
Il existe quelques Organisations non gouvernementales (Ong) et des organismes internationaux, comme l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), qui essaient d’assister les immigrants, venus pas seulement d’Haïti mais de partout.
Apr : L’ex président mexicain Felipe Calderón a visité Haïti le 12 avril 2012. Le chef d´État aztèque avait rappelé, dans son discours de circonstance, la contribution du Mexique à hauteur de 23 millions de dollars d’aide à Haïti dans plusieurs domaines. Quel est le bilan que vous pouvez dresser de cette coopération binationale ?
GL : Il est important de mentionner, au départ, que l’aide fournie à Haïti provient de la société mexicaine, le secteur privé (à travers une alliance) et de l’État. L’Alliance a développé des projets de coopération, financés conjointement avec le Gouvernement mexicain, dans les domaines suivants :
ÉDUCATION : Construction 1) d’une école rurale Mexique-Haïti à Petit Boucan, dans la Commune de Gressier ; 2) d’un centre d’attention intégrale Mexique-Haïti à Tabarre (municipalité au nord-est de Port-au-Prince), géré par les Messagers de la Paix ; 3) d´une école de métiers Mexique-Haïti à Tabarre, gérée par Nos Petits Frères et Sœurs ; 4) d’un centre éducatif et orphelinat Mexique-Haïti, géré par Mission Haïti. En outre, le Mexique a octroyé trois cents (300) bourses au Gouvernement haïtien. Les cent (100) premiers boursiers sont déjà en formation au Mexique. Les examens, pour le recrutement d’une nouvelle centaine d’étudiantes et d’étudiants, ont eu lieu le 28 avril 2014.
b. SANTÉ : 1) Construction d’une clinique de premiers soins à Fond-des-Blancs (Sud) 2) Assistance pour l’électrification de l’Hôpital La Providence aux Gonaïves (Artibonite / Nord) au moyen de panneaux solaires.
c. DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE : 1) Construction d’une cuisine communautaire et d’une station de traitement d’eau, gérées par les Sœurs Salésiennes à Carrefour ; 2) Programme de construction et reconstruction de seize marchés publics, répartis sur neuf départements ; 3) Projets visant le renforcement des capacités institutionnelles de l’État haïtien, notamment en matière électorale, de prévention des désastres, de construction parasismique, d’élaboration des comptes nationaux, de recensements cartographiques et autres.
TOURISME : 1) Signature, en juillet 2012, d’un accord touristique sur la conception et l’opérationnalisation d’un Plan stratégique de développement de pôles touristiques en Haïti. 2) Signature, en février 2014, d’une entente avec l’université ANAHUAC pour la formation de cadres haïtiens dans les secteurs touristique et hôtelier. L’opérationnalisation de ces deux accords fait partie des pourparlers actuels entre autorités haïtiennes et mexicaines.
e. AGRICULTURE et ENVIRONNEMENT : Don en matériel génétique, de diverses espèces de semences dans le cadre du projet-pilote de reboisement des bassins versants de Kenscoff et Furcy (Est).
Enfin, il est opportun de signaler que notre pays a signé un accord cadre de coopération avec le Mexique et a été ratifié par les parlements mexicain et haïtien.
En avril 2014, les deux mandataires PEÑA NIETO et Joseph Michel MARTELLY se sont rencontrés, en marge des sommets Caricom/Mexique et Aec. Ils ont passé en revue les thèmes de coopération et ont décidé de réactiver la commission mixte Mexique-Haïti. Cette instance, chargée de débattre des thèmes de coopération bilatérale, devrait se réunir sous peu en Haïti. L’aide totale du Mexique, contributions publique et privée, a atteint les 27,5 millions de dollars.
Apr : Quels conseils donneriez-vous à un jeune Haïtien qui désire étudier au Mexique aujourd’hui ?
GL : Le Mexique a toujours été une bonne option pour les étudiantes et étudiants haïtiens. Le coût des études ici, en comparaison avec d’autres pays, comme le Canada et les États-Unis d’Amérique, est nettement plus accessible. Certaines universités sont reconnues internationalement. Elles offrent un programme de qualité. Donc, oui, cela vaut la peine de considérer l’option du Mexique. Après le séisme de 2010, plusieurs dizaines de compatriotes ont pu étudier dans des écoles professionnelles et universités du Mexique.
Les risques, encourus par nos jeunes haïtiens, c’est d’arriver ici comme touristes et ne pas pouvoir se convertir en étudiant.
Il est important de rappeler que la nouvelle loi migratoire ne permet pas à un touriste de changer de statut migratoire.
Donc, il est impératif que le jeune Haïtien, qui souhaite étudier au Mexique, arrive ici avec son visa d’étudiant pour pouvoir accéder au système universitaire mexicain.
Ensuite, le marché du travail au Mexique n’offre pas beaucoup d’opportunités aux étrangers.
Aussi est-il recommandé à nos jeunes de regagner Haïti après leurs études, afin de contribuer à la reconstruction du pays.
Apr : Merci beaucoup.
[wel gp apr 04/06/2014 07:00]