Par Jean Elie Paul
P-au-P, 30 mai 2014 [AlterPresse] --- De concert avec 23 organisations nationales et internationales, le Ministère des affaires sociales et du travail (Mast) lance, à l’échelle nationale, une étude qualitative et quantitative sur le phénomène des enfants en domesticité, lors d’une cérémonie, le jeudi 29 mai 2014, à Bourdon (quartier situé à l’est de Port-au-Prince, en direction de Pétionville).
Il s’agit, à travers l’étude, d’obtenir des données fiables sur ce phénomène - vieux de plus d’un siècle - afin de l’éradiquer.
Une revue documentaire, exhaustive sur l’enfance en domesticité, une analyse institutionnelle de la problématique du travail des enfants et de l’enfance en domesticité sont parmi les objectifs.
Les chercheurs visent aussi à cartographier et documenter les flux migratoires, impliquant des enfants, à destination des communautés « employeuses » d’enfants en domesticité.
La cartographie et l’analyse institutionnelle sont prévues entre mai et juillet 2014.
Un rapport préliminaire sur les données quantitatives est attendu durant la période octobre-novembre 2014, après une phase d’enquête sur le terrain.
Les chercheurs élaboreront un positionnement conjoint entre décembre 2014 et janvier 2015. Puis, l’étude devrait être publiée en février 2015.
Les recommandations de l’étude seront finalement mises en œuvre en mars 2015.
Le travail de recherche doit aboutir, notamment, à une feuille de route nationale relative à l’enfance en domesticité.
Cette enquête constitue un encouragement et une chance sans précédent pour le pays, souligne le représentant (depuis juin 2012) en Haïti du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), le Français Edouard Beigbeder.
Le ministre des affaires sociales et du travail, Charles Jean-Jacques, considère, lui, que cette enquête est une opportunité inédite pour le gouvernement de planifier des actions en vue d’éradiquer le phénomène des enfants en domesticité dans le pays.
« La situation critique de nombreux enfants constitue une violation grave de la loi », soutient-il.
Parallèlement à l’étude, le Mast s’est engagé à 8 actions phares, notamment l’élaboration, par le comité national tripartite [1], de la liste des travaux dangereux, interdits aux enfants, qui sera présentée en juin 2014 à Genève.
Le développement d’un plan national d’action pour le travail des enfants, au travers d’un dialogue social serein et fécond, la poursuite de la réforme du code du travail, l’amélioration du cadre légal, le vote de la loi sur la traite et la ratification des protocoles facultatifs des droits de l’enfant, relatifs aux pires formes de travail des enfants, sont en perspective.
Le ministère envisage aussi l’élaboration de la loi cadre de l’Institut du bien-être social et de recherches (Ibesr), qui vise à renforcer les services publics et la protection des enfants en Haïti, ainsi que la finalisation du code légal de l’enfant qui permettra de renforcer les cadres légaux, parfois obsolètes.
Les autorités comptent, en même temps, mettre en œuvre des dispositifs de placement des enfants dans des familles d’accueil, dans deux départements cibles, le Sud et l’Ouest, afin de réguler la prise en charge des enfants requérants des besoins spéciaux de protection.
Lors de la cérémonie, le jeudi 29 mai 2014, de lancement de l’étude « qualitative et quantitative sur le phénomène des enfants en domesticité », deux enfants - qui avaient subi les pires souffrances en domesticité dans le pays - ont témoigné des moments douloureux qu’ils ont passés dans des familles, qui prétendaient leur offrir de meilleures conditions de développement.
L’étude, initiée par le Mast, est financée à hauteur de 500 mille dollars américains (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui), en partie par l’Unicef. [jep kft rc apr 30/05/2014 1:15]
[1] Ce comité national tripartite est composé des ministères à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), de la santé publique et de la population (Mspp), ainsi que de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).