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Haïti(France)-Justice : Aristide pointé par la veuve de Claude Bernard Lauture

après la condamnation de l’ancien chef de gang Amaral Duclona

P-au-P, 27 mai 2014 [AlterPresse] --- Après la condamnation, en France, de Amaral Duclona pour l’assassinat de Claude Bernard Lauture, la veuve de la victime, Marie Louise Michel, dit regretter la non mise en cause de Jean-Bertrand Aristide (7 février 2001 - 29 février 2004), soulevant rejet et circonspection dans le rang des proches de l’ancien président haïtien.

Voulant être « prudent », des voix dans le milieu des droits humains « ne veulent pas faire trop de commentaires ».

De 2001 à 2004, certains Lauture étaient proches du pouvoir aristidien. Aussi, la femme de la victime pourrait-elle disposer de certaines informations que n’ont pas les organismes de droits humains.

25 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté de deux-tiers : telle est la condamnation de la cour d’assises de Paris (France) contre l’ancien chef de gang haïtien, Amaral Duclona, pour enlèvement, séquestration suivie de meurtre de Claude Bernard Lauture.

Cependant, la veuve de la victime, Marie Louise Michel, n’est pas entièrement satisfaite du verdict.

Elle aurait aimé voir l’ancien président Jean-Bertrand Aristide inculpé dans ce dossier, puisque, selon elle, c’est lui qui aurait « télécommandé » le crime par le biais de Duclona.

L’ancien député, Lionel Etienne, membre du comité exécutif de Fanmi Lavalas confie que « l’entêtement de cette dame [Marie Louise Michel] à indexer Jean-Bertrand Aristide dans ce dossier est davantage politique que juridique ».

« Informé et un peu affecté par ce qui se dit dans la presse », le parti Fanmi Lavalas promet de « prendre une position politique sur la question, après réunion avec la commission juridique du parti ».

Mario Joseph, ancien avocat d’Aristide dans plusieurs dossiers, pense qu’il faut considérer que « les allégations et les espoirs d’inculpation n’ont pas été pris en compte par les juges ».

L’homme de loi met cette affaire sur le terreau des élections.

La tendance est propice à la machination politique contre Aristide, argue-t-il, car, semble-t-il, Jean-Bertrand Aristide est l’image de marque de son parti Fanmi Lavalas.

Il faut se contenter du fait que la « justice a dit son mot dans ce dossier sans se nourrir de potins », affirme Joseph.

« La cour ne juge que les personnes que l’instruction a déférées devant elle », souligne un autre ancien avocat de l’ancien chef d’Etat, Camille Leblanc.

« Assurément, la femme de la victime a dû faire les mêmes déclarations au cours de l’instruction. Si elles n’ont pas été prises en compte, à ce stade ce ne sont pas des élucubrations devant la Cour qui vont inculper quelqu’un », poursuit Leblanc.

En dépit de toute cette polémique lancée sur la question, des accusations et des actes de défense contre et pour Jean-Bertrand Aristide, Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains(Rnddh) rappelle que c’est « un mari, un père de famille qui a été enlevé, séquestré, puis tué en laissant 5 enfants et une femme. Et rien ne pourra remplacer cette vie ».

« C’est un signal lancé à l’endroit de toutes celles et de tous ceux qui baignent dans le crime. L’impunité ne saurait être éternelle », signale Espérance.

« Cependant, on serait plus confortable si le procès avait eu lieu en Haïti. Toutes les victimes de Duclona auraient la possibilité de porter plainte contre ce criminel », avance le militant des droits humains.

Le Rnddh pointe les faiblesses du dossier, dans lequel certaines personnes n’ont pas été auditionnées, compte tenu de la quantité de « ramifications ». [efd kft rc apr 27/05/2014 9:30]