Par Stephen Ralph Henri
P-au-P, 26 mai 2014 [AlterPresse] --- Le ministère de la santé publique et de la population (Mspp) a déjà un plan d’action en 4 phases, pour faire face à l’épidémie du Chikungunya, apprend AlterPresse auprès de la directrice de la promotion de la santé familiale et de la protection de l’environnement (Psfpe), la docteure Jocelyne Pierre-Louis.
« Il y a un plan », fait savoir à AlterPresse la responsable, dans la matinée du lundi 26 mai 2014.
Si le plan est là, « il faut attendre de l’argent », du financement pour sa mise en œuvre, continue d’expliquer Dre. Jocelyne Pierre-Louis.
Suivant la responsable, les actions - à entreprendre dans le cadre de ce plan - vont de la surveillance épidémiologique, la lutte anti-vectorielle, la prise en charge des cas identifiés - à la mobilisation.
La surveillance épidémiologique du Chikungunya se fait via 133 sites-sentinelles, établis pour la surveillance des maladies endémiques dans le pays. Elle se fait de façon hebdomadaire et non quotidienne.
Le ministère de la santé a annoncé le pré-positionnement de doses de paracétamol dans les centres de santé et les hôpitaux publics, pour permettre une prise en charge des personnes atteintes.
Selon, les dernières informations communiquées par le ministère, un stock de 400 mille doses de paracétamol sera disponible dans les institutions de santé publique.
Le Mspp aurait également commencé des activités de fumigation des zones de l’aire de Port-au-Prince, à l’image de Pétionville.
De telles activités de fumigation ne sont pas encore observables dans les plaines du Cul-de-sac (au nord de la capitale) et de Léogane (au sud de Port-au-Prince).
Pour être efficace, tout processus d’aspersion devrait s’étaler de manière permanente, mais non ponctuelle (laquelle peut engendrer des résistances chez le moustique vecteur), selon plusieurs spécialistes haïtiens et étrangers.
Des documents, pour motiver la population à s’impliquer dans la lutte contre le moustique vecteur de la maladie, seraient en préparation.
Nécessité d’une politique d’information très précise auprès de la population
Pour le professeur français Christian Raccurt, consultant au laboratoire national de santé publique (Lnsp), le combat de l’épidémie demande qu’on saisisse « le comportement » du moustique.
Raccurt « préconise plutôt une politique d’information très précise auprès de la population », au cours d’une conférence-débat tenue le jeudi 22 mai 2014 au local de l’Association médicale haïtienne (Amh).
Cette politique de sensibilisation de la population devrait amener les citoyennes et les citoyens à débarrasser leur environnement de divers objets - pneus usagés, canettes de bière, tous récipients artificiels, coques de noix de coco, pots de fleurs - et à remplir de sable les soucoupes placées sous les pots de fleurs.
Tous les ustensiles, capables de conserver l’eau de pluie aux abords des maisons, notamment sur un rayon de 100 mètres, devraient être éliminés, suivant les recommandations du professeur.
Le moustique pond ses œufs dans ce genre d’objets et le processus de leur développement commence avec les pluies.
De début avril 2014 à date (fin mai 2014), des précipitations régulières sont enregistrées un peu partout sur le territoire national d’Haïti.
La femelle aedes albopictus, appelée couramment moustique-tigre, reconnue comme le principal vecteur du virus du chikungunya, est « un moustique casanier », qui a un rayon d’action ne dépassant pas 100 mètres.
Elle a la capacité de pondre 200 œufs, tous les 10 jours, et a une durée de vie allant jusqu’à 2 mois. Elle peut permettre l’éclosion d’un millier de nouveaux moustiques pendant sa durée de vie.
C’est un insecte à activités diurnes : il vole et pique en début de matinée et en fin d’après-midi, quand il fait moins chaud.
En temps de chaleur, la femelle se met à l’abri dans les plantes, à l’envers des feuilles.
En Haïti, des milliers de gens sont déjà atteints par le chikungunya, la maladie de l’homme courbé, depuis environ un mois.
La maladie tend à s’étendre et à gagner en intensité chez de nombreuses personnes, à une vitesse surprenante
Suivant les prévisions, plusieurs millions de personnes -jusqu’à la moitié de la population nationale - devraient en être affectées. [srh kft rcapr 26/05/2014 15:05]