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Haïti-Politique : Nécessité d’une meilleure implication des élites en faveur de la transition démocratique

P-au-P, 24 mai 2014 [AlterPresse] --- Le politologue et économiste Joseph Harold Pierre encourage les élites politiques et intellectuelles à rendre possible par leur engagement la transition démocratique en Haiti, lors d’une conférence-débats, le vendredi 23 mai 2014, dans les locaux de C3 Éditions à Pétionville (périphérie est).

« Tant que les élites haïtiennes n’assument pas leurs responsabilités, Haïti ne connaitra pas de transition démocratique », affirme Pierre lors de son intervention axée sur le thème : « Transition démocratique en Haïti et en République dominicaine à l’ère des démocratisations latino-américaines ».

L’inexistence de partis politiques structurés et des crises de modèles constituent autant de handicaps à cette transition démocratique, souligne-t-il.

La transition démocratique constitue le passage d’un régime autoritaire, tyrannique ou autocratique à un autre système où l’élection est l’élément fondamental à travers laquelle on change de dirigeants et de gouvernements, explique t-il.

Un système de partis politiques et les classes moyennes en République Dominicaine ont permis en 1978 d’initier la transition démocratique alors que ces éléments étaient absents lors de la transition démocratique haïtienne qui a débuté avec les élections de 1990, compare t-il.

Ces élections haïtiennes furent les premières consultations électorales réellement démocratiques.

Organisées sous la présidence de Ertha Pascal-Trouillot, première femme présidente d’Haïti, elles ont permis au candidat Jean-Bertrand Aristide de devenir président.

Depuis lors, cette transition est traversée par une crise politique continuelle sous forme de gouvernements éphémères, coups d’Etat, interventions militaires de forces étrangères et répétitions d’élections peu crédibles.

La pléiade de partis politiques ne représente pas un poids significatif, capable de faire avancer la transition démocratique, critique Pierre.

De plus, leur radicalité et leur extrémisme n’y contribuent pas non plus, ajoute t-il, soulignant combien l’opposition haïtienne ne défend pas réellement le pays.

« La politique est la science et l’art de la négociation, du consensus et des consensus », rappelle t-il aux politiciens en leur conseillant une lutte moins radicale afin de faciliter l’instauration de la démocratie.

De même, l’économiste déplore qu’il n’y a pas au niveau des pouvoirs publics de tolérance politique vis-à-vis de l’opposition et des minorités.

« Il faut une préférence normative pour la démocratie », plaide t-il.

Se référant aux nombreux remaniements ministériels effectués au niveau du gouvernement actuel, il souligne une instabilité rendant dysfonctionnelle l’administration publique.

Cette réflexion a été engagée alors que l’Exécutif et une partie du parlement n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente définitif pour lancer le processus des élections législatives partielles, municipales et locales, prévues le 26 octobre.

Leurs divergences et la crise qu’elles ont engendrée s’épanouissent sur fond de manifestations de rue de secteurs de l’opposition qui veulent la démission du président Michel Martelly. [emb kft gp apr 24/05/2014 11:00]