P-au-P, 16 mai 2014 [AlterPresse] --- Certaines femmes haïtiennes réussissent à sauter des barrières, inhérentes à leur socialisation, en particulier, et à la société patriarcale, en général, selon les observations faites par l’agence en ligne AlterPresse.
D’une part, ces femmes montent des affaires dans des branches économiques, traditionnellement réservées aux hommes.
D’autre part, elles brisent les liens de dépendance masculine.
Elourdes Fédelus, jeune dame svelte, frisant la trentaine et originaire des Gonaïves (Artibonite / Nord) fait partie de ces femmes en quête de leur autonomisation économique.
Elle se présente comme « un modèle pour les autres femmes, qui doivent briser les tabous de la division sexuelle du travail ».
Dans la commune de Tabarre (au nord-est de la capitale), elle a ouvert, depuis 2009, une entreprise de réparation de pneus de voiture « Lourdy Tires », qui est l’une des plus fréquentées dans cette zone.
Sa petite entreprise - qui pourrait être intégrée dans la catégorie des petites et moyennes entreprises / Pme - fonctionne avec deux jeunes employés hommes.
Depuis qu’elle ne répare plus, elle-même, ces derniers assurent quotidiennement le travail de dépannage de pneus, à la satisfaction des clientes et clients, majoritairement des hommes qui s’étonnent à chaque fois, selon les dires de cette femme entrepreneure.
Dans le bruit assourdissant du moteur-compresseur, qui actionne l’appareil de réparation, Fédélus raconte, avec fierté, son parcours.
« Dans le temps, je réparais des pneus dans l’entreprise de mon oncle. Si j’y étais restée, je n’aurais pas pu me réaliser aujourd’hui. Depuis que j’ai monté ma propre affaire, j’arrive à me prendre en charge, sans l’aide de personne. J’encourage toutes les femmes à prendre le même chemin que moi, à ne pas attendre un homme comme leur sponsor », affirme Fédélus, portant jeans et interrogée par AlterPresse.
En plus de se « prendre en charge », cette dame offre un large sourire, tout en s’occupant d’autres membres de sa famille.
Sa sœur, Macuse Fédélus, passée prendre son argent de poche de la journée, s’est livrée à AlterPresse dans des éloges.
« Je suis fière de ma sœur. Elle est une rude travailleuse. Elle ne dépend pas de la poche d’un homme. Depuis l’âge de douze ans jusqu’à aujourd’hui – je suis en 3e année de sciences juridiques à la faculté de droit et des sciences économiques (Fdse) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) –, elle m’épaule. C’est grâce à elle que je suis ce que je suis actuellement », confie Macuse Fédélus.
De plus en plus de femmes doivent être encouragées à gagner en autonomisation économique, dans une logique de capacitation, d’ « empowerment des femmes ».
Il faut donc permettre aux femmes de s’approprier des capacités, ainsi que le pouvoir de contrôle et de décision.
« C’est une logique de détenir « le pouvoir de », par opposition au « pouvoir sur », inhérent au patriarcat et à la logique de domination en général », soutient Danièle Magloire, sociologue féministe, dirigeante de l’organisation Kay Fanm.
« Donner aux femmes les moyens de participer pleinement à la vie économique dans tous les secteurs est essentiel, afin d’édifier des économies solides, de réaliser les objectifs internationaux de développement et de durabilité, et d’améliorer la qualité de vie des femmes, des hommes, des familles et des communautés », souligne OnuFemmes sur son site.. [efd kft rc apr 16/05/2014 4:30]