Actualisé le 16 mai 2014
P-au-P, 15 mai 2014 [AlterPresse] --- C’est d’abord sur les médias sociaux, ensuite à la radio et à la télévision, que l’annonce de la découverte des restes de l’embarcation Santa Maria (l’une des trois, avec la Nina et la Pinta, utilisées par Christophe Colomb, pour faire le voyage de l’Europe vers les Amériques en 1492) a été faite, le mardi 13 mai 2014.
Contrairement au sentiment d’une bonne nouvelle, que véhicule tout le monde, l’ancien ministre de la culture, spécialiste en conservation du patrimoine culturel, Olsen Jean Julien (architecte de profession), voit une source d’inquiétude, tout en invitant, d’abord, à prendre tout cela au conditionnel.
« Il faut prendre la nouvelle au conditionnel », conseille l’ancien ministre de la culture Jean Julien, joint par AlterPresse.
« Il y a probablement d’autres navires qui ont fait naufrage, là où la Santa Maria a échoué », au cours des 300 années d’esclavage qu’a connu l’île d’Haïti, estime Olsen Jean Julien.
Un doute que l’Américain, Barry Clifford, qui a conduit les recherches, semble vouloir écarter à tout prix.
Dans une interview, acccordée au réseau Cable News Network (Cnn), Clifford précise que « chaque pièce s’adapte (…) je suis très confiant que nous avons découvert le site (…) ».
Il a aussi promis, en la circonstance, de poursuivre « le processus archéologique au cours des prochains mois ».
Son enthousiasme ne fait, cependant, pas l’unanimité.
« De quel droit des archéologues entreprennent-ils des recherches sur le patrimoine culturel subaquatique d’un pays ? », se demande l’ancien ministre Jean Julien.
« Par quel accord et quel projet ces recherches sont-elles entreprises ? Quelles normes respectent-elles ? »
Découverte ou nouvelle exploitation ?
D’après Jean Julien, « les conditions de recherches ne sont pas réunies ni transparentes ».
Personne ne connaît la teneur de l’accord, qui a pu être trouvé, entre l’État haïtien et ce groupe d’Américains, pour entamer les recherches.
« Cela soulève plus d’inquiétude que d’espoir », juge-t-il.
Le spécialiste en conservation du patrimoine culturel évoque aussi le respect de la convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) sur la protection et l’exploitation du patrimoine subaquatique, paraphée par Haïti en novembre 2009.
Suivant cette convention, aucune exploitation subaquatique n’est permissible, sans « un projet qui définit tout le processus de recherche, le plan de financement et les méthodes qui seront utilisées ».
L’intervention de l’État dans la supervision des recherches, la composition de l’équipe de chercheurs, la documentation et la politique de l’environnement, sont d’autres préalables légaux aux fouilles subaquatiques.
La conservation et la protection de ces objets, une fois extraits du milieu marin, restent deux autres inquiétudes, vu qu’Haïti n’a pas les capacités nécessaires.
Or, la convention de l’Unesco préconise une conservation sur place. [srh kft rc apr 15/04/2014 10:20]