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Haïti–Martelly/3 ans : Affrontements violents entre manifestants et agents de l’ordre, panique et un blessé par balles dans une manifestation de l’opposition

P-au-P, 15 mai 2014 [AlterPresse] --- Les affrontements, entre des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et manifestants de l’opposition, ont créé une situation de panique et de tension, ce mercredi 14 mai 2014, aux abords du Champ-de-Mars (principale place publique de la capitale Port-au-Prince), a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Partis du Bel-Air, près de l’Eglise du perpétuel secours (zone surplombant la capitale, au nord-est), ils étaient déjà des milliers de manifestantes et de manifestants à arriver à la rue Montalais, mettant le cap sur le palais national.

Branches d’arbres, cartons rouges pour Martelly et quelques pancartes en main, ils dénonçaient, au son de raras et de tambours, les trois ans de misère et de gaspillage au sein du pouvoir actuel.

Sans tarder, des agents de l’unité départementale de maintien d’ordre (Udmo) ont dispersé, à coups de gaz lacrymogènes, les manifestants surchauffés, qui tentaient de pénétrer, de force, l’aire du Champ-de-Mars, interdite.

En colère, ils ont riposté à coups de pierres et dressé des barricades de pneus usagés enflammés, à plusieurs endroits, notamment à la rue Montalais.

Les pompiers ont été rapidement dépêchés pour éteindre le feu, sous le regard frustré de quelques manifestants en colère.

Lors des affrontements, un jeune homme a été blessé par balles, aux environs de la rue des Miracles, et emmené d’urgence à l’hôpital pour recevoir des soins.

Suite à cette situation de panique, plusieurs personnes, dont des écolières et écoliers - relâchés par les responsables de leurs écoles, vu les circonstances - couraient çà et là, à la recherche d’un abri sûr.

Plusieurs d’entre eux ont eu recours à du citron pour se protéger contre l’odeur toxique des gaz.

Cette tension a provoqué la paralysie du commerce informel et aussi effrayé des riverains.

Elle a aussi retardé les activités, prévues au Champ-de-Mars par le chef de l’Etat Joseph Michel Martelly, pour célébrer ses trois ans au pouvoir (14 mai 2011-14 mai 2014).

A 2:00 pm locales (18:00 gmt), les activités de célébration peinaient à commencer.

Pourtant, par messages transmis à travers la plateforme de la compagnie de télécommunication privée Digicel, Martelly avait donné rendez-vous à midi aux utilisatrices et utilisateurs pour le rejoindre au Champ-de-Mars.

Plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel de la Force patriotique pour le respect de la constitution (Foparc) et du Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod), pour dénoncer les dérives de l’actuelle administration politique.

Ils entendaient effectuer sept tours du palais national, en signe de protestation contre le pouvoir.

Partis du Bel-Air, après un rituel vaudouesque, ils ont, ensuite, parcouru divers quartiers, dont les rues Tirremasse, St Martin et Delmas 2.

Au niveau de Delmas 18, certains manifestants ont étalé des pierres dans les rues pour empêcher les agents de la police nationale d’Haïti (Pnh) de suivre leur parcours.

Par moments, ils ont aussi dévié de trajectoire, en empruntant des raccourcis, afin de détourner la vigilance de l’escorte policière.

Profitant pour exprimer leur ras-le-bol de la mauvaise gestion du pays, au cours des trois ans de Martelly, des badauds ont applaudi la manifestation, au cours de son passage en divers endroits.

Sur son parcours, la foule a scandé des propos hostiles à Martelly et dénoncé la corruption qui gangrène le gouvernement.

Pendant ses trois ans, Martelly n’a fait que se servir de la justice pour attaquer ses opposants politiques, critiquent les manifestants.

La vie chère, le chômage et la misère s’étalent partout, jusqu’à constituer le lot commun des communautés dans les quartiers populaires, signalent-ils à travers leurs slogans.

Le jeudi 1er mai 2014, fête du travail et de l’agriculture, une autre manifestation anti-gouvernementale - organisée par le Mopod et la Fopark - avait été dispersée à coups de gaz lacrymogènes par la police, qui a interdit l’accès des opposantes et opposants à l’aire du Champ-de-Mars, qui abrite les ruines du palais national. [emb kft rc apr 15/05/2014 10:00]