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Haïti Webdo, Semaine du lundi 5 au dimanche 11 mai 2014

Haïti – Politique : Exécutif et communauté internationale, tournés vers des élections…Un conseil électoral tronqué

P-au-P, 14 mai 2014 [AlterPresse] --- Après trois ans de retard sur l’échéancier électoral, le président de la république haïtienne, Joseph Michel Martelly, semble être soudainement le plus farouche partisan des élections.

Message à la nation, petite pointe en direction de l’opposition, toutes les circonstances sont bonnes pour en parler.

Alors qu’au parlement et au conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), rien n’est totalement clair sur les représentants de ces pouvoirs au sein de l’appareil électoral, la dénommée communauté internationale - sans se soucier du respect des normes en la matière - s’appuie sur Martelly pour dire que le processus électoral est lancé.

7 des neufs conseillers électoraux prêtent serment à la cour de cassation.

Entre-temps, le sénateur Jean-Charles Moïse, opposant radical au pouvoir, est « humilié » dans la commune de Gressier (au sud de la capitale) par des agents de la police nationale d’Haïti (Pnh), venus directement de Port-au-Prince.

Le présumé bandit, chef du gang galil et proche de la famille présidentielle, sort de sa cachette, se présente devant le juge d’instruction et est déféré à la prison civile de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale).

Et la justice haïtienne tient deux députés comme auteurs intellectuels de l’assassinat d’un policier national en avril 2012.

Politique/Elections

Eleksyon tèt dwat, dixit Martelly

Dans une adresse à la nation, le mardi 6 mai 2014, Martelly se montre plus que jamais accroché au controversé accord d’El Rancho (signé le 14 mars 2014) et semble dire ne plus vouloir se complaire dans des réunions interminables, pour définitivement se pencher sur les élections.

« Eleksyon tèt dwat » lance Martelly, dans un style « Sweet Micky » : Sa k pa kontan anbake.

Du même coup, il annonce la création du conseil électoral provisoire (Cep) avec Anel Alexis Joseph décidant unilatéralement de confirmer les représentants du Cspj (sans approbation des membres du Cspj) et Steevenson Timoléon (président de la chambre des députés), confirmant deux des 3 représentants du parlement, sans avoir consulté l’assemblée de la chambre basse ni avoir obtenu l’avis du sénat.

Dans quasiment toutes les prises de parole du pouvoir et de ses proches, l’opposition est accusée d’avoir peur des élections et d’être responsable du blocage du processus.

Refrain, que Martelly a ressassé, au Cap-Haïtien le 12 mai 2014, devant ses partisans du parti haïtien tèt kale (Phtk).

La communauté internationale veut des élections en 2014

Sandra Honoré, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies et le « Core Group » préconisent dialogue et consensus entre les acteurs.

Cette position est prise dans la perspective d’un déroulement sine qua non d’élections en Haïti, d’ici fin 2014.

« Il revient, maintenant, aux acteurs politiques haïtiens, à tous les niveaux, de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’avancer vers la tenue des élections législatives partielles, municipales et locales, au plus tard le 26 octobre 2014 », souligne, dans un communiqué, la communauté internationale se référant à la mise en place du Cep et au discours de Martelly, le 6 mai 2014.

Invitant les pouvoirs législatif et exécutif à parvenir à un consensus – quoique Martelly ait déjà pris la décision de ne pas considérer les propositions du sénat en publiant les noms de neuf membres du Cep, sans que le sénat ait prononcé son mot – la communauté internationale explique ne pas vouloir considérer l’éventualité de la caducité du parlement en 2015.

Le Core group est composé des ambassadeurs du Brésil, de l’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France et de l’Union Européenne, du Chargé d’Affaires a.i. du Canada et du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains (Oea).

Un Cep incomplet prête serment

Après la prestation de serment (ratée le 8 mai 2014), sous l’invitation du président (Emmanuel Ménard) du défunt Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep), 7 des neufs conseillers électoraux de l’arrêté du 6 mai 2014 de Martelly ont prêté serment, le vendredi 9 mai 2014, à la Cour de Cassation.

Léopold Berlanger, qui ne veut pas jouer sa crédibilité dans un Cep incomplet et manquant de légitimité, ne s’est pas présenté en raison du fait que le statut du conseiller Néhémie Joseph n’a toujours pas été précisé par le parlement haïtien.

Applix Félix, Pierre-Simon Georges, Chantale Raymond, Gloria Magareth Saint-Louis, Fritzto Canton, Marie Cluny Dumay Miracles, Mariel Carol Floréal Duperval sont les 7 conseillers qui ont été installés le lundi 12 mai 2014.

Justice

Après s’être livré à la justice, Woodly Ethéart (alias Sonson la Familia) est incarcéré

Accompagné de son avocat, l’ancien commissaire du gouvernement Claudy Gassant, Woodly Ethéart, also known as (a.k.a.) alias Sonson Lafamilia, s’est présenté, le 8 mai 2014, au cabinet du juge d’instruction Sonel Jean-François.

Après son audition, des unités spécialisées de la police nationale haïtienne ont quéri celui - réputé proche de la famille présidentielle - pour l’emmener dans sa nouvelle adresse à la prison civile de la Croix-des-Bouquets.

Le présumé chef de gang est allé rejoindre Clifford Brandt, incarcéré à la même prison, depuis octobre 2012, sous des chefs d’accusation similaires.

Deux députés désignés auteurs intellectuels de l’assassinat d’un policier national

Jean Wiliner Morin, le juge instructeur du dossier de l’assassinat du policier Walky Calixte, le 17 avril 2012, a rendu une ordonnance de renvoi, désignant les députés Rodriguez Séjour et M’Zou Naya Jean-Baptiste Bélange comme auteurs intellectuels de cet assassinat.

Ces parlementaires sont donc renvoyés devant le tribunal criminel.

La chambre des députés a dernièrement donné une fin de non-recevoir à la demande de levée de l’immunité des parlementaires par le juge d’instruction.

Parlement

Le sénateur Jean-Charles Moïse aux prises avec la police

Revenu des funérailles, à Miragoane (Nippes, une partie du Sud-Ouest), d’un militant politique, Fritz Gérald Civil – qui serait tué par des policiers nationaux dans cette municipalité - des agents de la Pnh, en civil et en uniforme, ont eu une prise de gueule avec le sénateur Moïse à Gressier.

Apparemment, la police voulait exécuter un mandat contre Assad Volcy, qui accompagnait le parlementaire dans un véhicule loué.

Pas de trace d’émission de mandat d’amener au tribunal civil de Port-au-Prince, suivant vérification faite par des avocats du barreau de la capitale, sinale le sénateur Moïse.

Résultat : une séance - sur le projet-loi révisé de finances et sur les amendements de la loi électorale a été perturbée au sénat, tandis que des tensions ont agité le Nord du pays. [efd kft rc apr 14/05/2014 5:10]