P-au-P., 5 sept. 04 [AlterPresse] --- Adama Samassekou, Président de l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) est la voix du continent noir qui s’est adressée aux Caribéens, au cours de l’atelier sur « Société de l’information et diversité culturelle dans les Caraïbes », qui s’est tenu du 30 août au 1er septembre dernier à Castries, Ste-Lucie.
« Comment faire en sorte que le droit à la communication soit respecté (Â…) en valorisant les langues de toutes les populations », s’est interrogé l’intellectuel malien qui devait apporter les leçons de l’expérience africaine précoloniale à une cinquantaine de participants venus d’une quinzaine de pays de la Caraïbe.
Se référant aux réalités de l’Afrique, qualifiée de « continent des paradoxes », le Président de l’ACALAN a rappelé que, dans le contexte africain, les langues locales ne sont pas celles de l’éducation, alors que les langues coloniales (Anglais, Français, Espagnol, Portugais) parlées par une minorité, « demeurent des véhicules dominants ».
Dans la perspective africaine, Samassekou, qui a présidé le PrepCom de la phase de Genève (décembre 2003) du Sommet sur la Société de l’Information (SMSI), a jugé bon de souligner quelques « acquis » de ce sommet : la reconnaissance de la diversité culturelle en tant que patrimoine de l’humanité ainsi que la nécessité de rendre disponibles sur Internet des contenus locaux et dans différentes langues.
Adama Samassekou a prôné « une convivialité des langues » dans la société de l’information, car selon lui, « il n’y a pas de développement en dehors de l’utilisation de sa langue ».
Différentes expériences existent d’utilisation des langues maternelles pour lutter contre l’analphabétisme, en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, grâce aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), à travers l’usage combiné de l’ordinateur (Internet), de la radio, dans le cadre de l’enseignement à distance, des télécentres et des centres de media communautaires, a-t-il fait savoir.
Dans l’optique d’Adama Samassekou, les TIC sont des instruments « fort utiles (Â…) pour prendre un raccourci et assurer à toutes les communautés de la région caribéenne un développement humain durable et solidaire, encré dans des racines socio-culturelles ouvertes au monde (Â…) ».
A propos de la diversité culturelle, Adama Samassekou a déclaré que « nous pouvons être divers mais avoir une vision commune ». Il a exprimé en ce sens sa préférence pour l’expression « société globale de la communication et des savoirs partagés » à celle de société de l’information. « La diversité culturelle représente un des grands enjeux de la société de l’information », a-t-il soutenu.
Samassekou a mis en relief la finalité humaine de l’utilisation des TIC. « Les TIC sont magnifiques, mais en même temps dangereuses » a-t-il souligné en invitant à prendre garde pour qu’elles « ne tuent pas la communication humaine qui doit se développer entre nous ».
« Les TIC ne sont pas une panacée, mais des instruments qui peuvent être utilisés pour le meilleur comme pour le pire », a-t-il expliqué.
Selon l’intellectuel africain, il appartient aux acteurs d’établir le cadre d’utilisation des TIC. « Le choix politique d’un projet de société est un préalable à un usage approprié des TIC », a-t-il dit en précisant que « si on ne fait rien pour adapter l’utilisation des TIC à nos projets sociétaux, on ne fait que renforcer l’existant ».
Samassekou a pris en exemple le cadre éducatif dans les pays d’Afrique, d’Asie, de l’Amérique Latine et de la Caraïbe où « l’utilisation des TIC (dans des systèmes éducatifs non refondés au préalable) ne peut que renforcer les dysfonctionnements actuels et compromettre durablement la réalisation de l’Education pour tous ! » [gp apr 05/09/2004 20:00]