Correspondance Ronel Odatte
Maïssade (Haïti), 16 mai 2014 [AlterPresse] --- Méprisianne Dorville, 26 ans, et son conjoint, Matin Jean-Baptiste, 30 ans, ont été assassinés par balles chez eux, dans une localité de la section de Savanne Grande, commune de Maïssade (à 17 km à l’ouest de Hinche, chef-lieu du département du Plateau central), dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 mai 2014, selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse.
La jeune femme a été atteinte de trois projectiles, un à l’abdomen et deux dans le dos, tandis que son mari a reçu trois balles à la tête.
Le juge titulaire près le tribunal de paix de Maissade, Carnès Antoine, dit avoir constaté la présence des douilles de calibre .12, à quelques centimètres des cadavres.
Cet acte odieux pourrait bien être l’œuvre de gangs armés qui opèrent dans la zone, indique Antoine, qui n’a pas pu déterminer le mobile du crime.
« Nous sommes désolés. Nous ne pouvons rien faire face à cette situation », déplore-t-il.
Le magistrat appelle, une nouvelle fois, la direction générale de la police nationale d’Haïti (Pnh) à augmenter l’effectif de ses agents à Maissade.
Seulement 8 policiers nationaux sont déployés dans la commune de Maïssade et ses localités : Savanne Grande, Madame Joie, Rantionobie.
Si la Pnh ne se renforce pas à Maissade, personne ne sera à l’abri, craint Carnès Antoine.
Après avoir dressé le procès-verbal de constat, le juge Carnès Antoine a remis les corps aux familles des victimes pour être enterrés dans l’immédiat sur leur propriété.
« Les corps étaient déjà en putréfaction. Nous ne pouvions rien faire d’autre », explique-t-il.
Les agents de la police, dépêchés sur place, n’ont fait aucune arrestation.
Des habitantes et habitants, interrogés par AlterPresse, disent avoir entendu des tirs d’armes à feu, dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 mai 2014.
Face à ce climat d’insécurité à Maïssade, la plupart ne cachent pas leur intention de migrer en République Dominicaine.
La peur semble s’installer à Maïssade. Nombre de gens refusent de raconter exactement ce qu’ils ont vu ou entendu, par crainte de représailles de la part des hors-la-loi.
« Les bandits sont partout. L’insécurité bat son plein. Ainsi donc, dénoncer quelqu’un à la police, ne serait-ce pas compromettre sa propre vie » ?, se demande un jeune maïssadien, qui répondait aux questions d’AlterPresse.
« Nous ne saurions courir de risques dans une zone, où l’autorité de l’Etat n’existe pas », lâche-t-il.
Le coupe Dorville et Matin a laissé orpheline une fillette de trois mois. [ro kft rc apr 16/05/2014 09:10]