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Haïti-Justice : Tentative de libération massive de détenus par le ministre de la justice, condamne le Rnddh

P-au-P, 13 mai 2014 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) dénonce la tentative suspecte du ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, de faire libérer 848 prisonniers, dont des condamnés à perpétuité, dans un rapport publié en mai 2014 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Parmi ces prisonniers, se retrouvent des personnes poursuivies ou condamnées pour des crimes spectaculaires, comme le viol, l’enlèvement suivi de séquestration contre rançon, le trafic illicite de stupéfiants, l’homicide, etc. », critique le Rnddh.

Les actes du ministre visent à protéger des narcotrafiquants et des criminels, fustige le Rnddh qui crie au scandale.

Cette tentative de libération massive prouve que le ministre de la justice et l’exécutif ne respectent pas le principe de la séparation des pouvoirs, ajoute-t-il.

Sur 5 listes distinctes, dressées par le ministère de la justice, on retrouve les noms de 848 détenus, dont 695 individus en détention préventive et 153 condamnés, incarcérés à la prison civile de Port-au-Prince.

Ces listes du ministre ont été acheminées au parquet près le tribunal civil de première instance de Port-au-Prince, en date du 26 mars 2014, pour libération immédiate de ces détenus.

Les diverses irrégularités et informations erronées, glissées dans les listes du ministre de la justice, sont considérées comme légères et suspectes, mentionne le Rnddh dans son rapport.

173 condamnés sont concernés par ces libérations au lieu de 153, relève le réseau qui déplore les irrégularités contenues dans ces listes.

39 de ces détenus ont été condamnés à perpétuité, alors que 25 sont condamnés à 15 ans de prison.

Sur 675 détenus, listés par le ministre comme n’ayant aucune information relative à leur dernière extraction et à leur infraction, le Rnddh a pu découvrir des informations sur deux cent-soixante-quinze (275) de ces détenus, soit 40.74 % d’entre eux.

Parmi eux, 9 individus poursuivis pour agressions sexuelles ont été retrouvés par le réseau dans la liste des détenus incarcérés pour infraction délictuelle.

Des parlementaires, des membres de la classe politique et des membres d’organisations de droits humains, ont, notamment, appelé le ministre de la justice à surseoir à cette décision de libération massive de prisonniers.

Le Rnddh demande aux autorités de revenir définitivement sur leur décision de libérer des personnes condamnées et celles en situation de détention préventive prolongée sans jugement.

Des actions, visant à porter les magistrats à juger les personnes en situation de détention préventive prolongée et à intensifier les audiences correctionnelles et criminelles, sont aussi encouragées par le Rnddh.

Les substituts et les commissaires du gouvernement doivent respecter les délais légaux en matière de poursuite pénale.

Le Réseau national de défense des droits humains encourage les assistants légaux et sociaux, au sein des prisons, à dresser la liste des prisonniers, susceptibles de bénéficier de la grâce présidentielle et de la commutation de peine. [emb kft rc apr 13/05/2014 5:40]