Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 9 mai 2014 [AlterPresse] --- En raison d’une période de soudure particulièrement difficile, les paysannes et paysans de plusieurs sections du Plateau Central, ayant consommé les dernières denrées de la précédente campagne agricole, n’ont plus de semences pour valoriser leurs terres, constate AlterPresse.
Ainsi, sont-ils en train de rater les pluies du printemps, alors que leur situation économique, dans certaines communes du Plateau Central, s’annonce difficile.
Pour une deuxième année consécutive, rien n’indique que cela va changer.
La situation paraît particulièrement compliquée à Décidé, une localité située au cœur de la section de Juanaria, commune de Hinche, tout comme à Ouanna, localité de la section de Marmont.
Joceline Mathieu, une agricultrice, travaille sur 3 hectares dans la localité de Abriot (section de Juanaria) depuis près de 26 ans. Cette saison, elle ne pourra même pas ensemencer un hectare.
« Nous ne sommes jamais assistés par l’Etat. Nous n’avons ni crédit, ni encadrement. Et maintenant, faute de semences, nous ne pouvons même pas démarrer les plantations de maïs, de pois ou de manioc », déplore-t-elle.
Certaines sections de l’arrondissement de Cerca-la-Source, telles Acajou brulé 1, Acajou brulé 2, pourraient bien faire face à des situations de misère beaucoup plus dures que l’année dernière.
Des paysannes et paysans, interrogés par l’agence en ligne AlterPresse, expliquent qu’ils ne restent rien de leurs récoltes. Ils ont tout consommé et, pour l’heure, il n y a plus de semences.
Eymma Jacques, 41 ans, mère de 6 enfants, originaire de la première section d’Acajou brulé 1, dit vouloir se diriger vers la République Dominicaine afin de pouvoir trouver un boulot.
« Plus de semences, plus de bétails et plus de nourriture : le destin ne nous offre aucun autre choix », dit-elle.
La section d’Aguahedionde rive gauche (commune de Hinche) est en train de connaître une situation exceptionnelle.
Des habitants décident délibérément de couper les arbres pour en faire du charbon destiné à la vente, afin de trouver de l’argent pour se procurer des semences.
L’année 2013 a été marquée par des périodes très difficiles : les agricultrices et agriculteurs faisaient face tantôt à la sécheresse, tantôt à l’inondation.
Cela n’a pas manqué de faire grimper les prix des produits vivriers, comme la banane, le manioc et la patate douce qui sont passés de 10.00 à 20.00 gourdes la livre de banane, de 10.00 à 25.00 gourdes (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) celle de manioc, et de 20.00 à 25.00 gourdes la livre de patate douce. [ro kft gp apr 09/05/2014 10:55]