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Epidémie : Le chikunguya est bien en Haïti

Par Jean Elie Paul

P-au-P, 07 mai 2014 [AlterPresse] --- Le chikungunya, une maladie infectieuse tropicale, un alphavirus de la famille des togaviridae, transmise par un moustique du genre Aedes, frappe actuellement la population haïtienne, se manifestant par une fièvre qui provoque de fortes douleurs articulaires et des courbatures, confirme le ministère de la santé publique et de la population (Mspp).

14 cas de la maladie sont déjà identifiés, parmi les 17 spécimens qui ont été analysés en laboratoire, selon une annonce faite le mardi 6 mai 2014 par le Mspp.

67 cas suspects sont déjà localisés dans l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince.

« Ce n’est pas une maladie mortelle. [Mais] c’est scientifiquement démontré qu’il y a la présence de la fièvre chikungunya en Haïti », indique la titulaire du Mspp, Dre. Florence Duperval Guillaume, voulant être rassurante.

La majorité des cas proviennent du département de l’Ouest - notamment dans les communes de Carrefour, Delmas, Pétionville, Croix-des-Bouquets, Léogane - et le département du Sud, où 5 cas ont été investigués dans la commune des Coteaux, souligne Nathanaël Fénelon, le chef de service zoonose dans la direction épidémiologique du laboratoire et de la recherche nationale.

Cependant, cette estimation du Mspp n’est pas représentative, comparativement au nombre de personnes qui ont été contraintes de rester chez elles à cause de cette maladie, notamment dans plusieurs bureaux fonctionnant dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

« La maladie de chikunguya n’est pas mortelle, mais peut vous paralyser en vous causant beaucoup de douleur. Ce qui peut vous empêcher de vaquer à vos activités. C’est une maladie virale, qui n’a pas de traitements directs. Il faut boire beaucoup de liquide. Il faut se reposer. Il faut bien se nourrir. Les médicaments, qui sont recommandés, sont l’acétaminophène ou paracétamol », explique la directrice du Mspp, Dre. Marie Guirlène Raymond Charite.

Le Mspp demande aux patientes et patients de se présenter dans les centres de santé les plus proches, pour ne pas prendre des médicaments qui pourraient provoquer des hémorragies, parce qu’il y a des analgésiques qui ne sont pas recommandés.

La surveillance épidémiologique sera maintenue, tous les cas suspects seront notifiés. La lutte anti-vectorielle sera poursuivie pour permettre d’éradiquer le moustique qui propage cette maladie.

« Cette maladie n’est pas contagieuse, c’est seulement le moustique qui peut donner cette maladie », signale Dre. Marie Guirlène Raymond Charite.

Le Mspp encourage la population à assainir son environnement immédiat, dans la perspective de détruire les gites de prédilection de l’Aedes, surtout dans les récipients (bouteilles, flaques d’eau, pneus usagés) ainsi que dans les détritus.

Le moustique Aedes est aussi responsable de la transmission de Dengue.

« Il n’existe pas de médicament spécifique qui permet de guérir la maladie. Le traitement a essentiellement pour but d’atténuer les symptômes, notamment l’arthralgie. Il n’existe pas de vaccin commercial contre le chikungunya », précise le Mspp.

Le virus du chikungunya a été isolé pour la première fois en Ouganda en 1953, lors d’une épidémie survenue en Tanzanie, d’où l’appellation de « chikungunya » qui vient du makondé (Tanznie et Mozambique) et signifie « l’homme qui marche courbé ». [jep kft rc apr 07/05/ 2014 13:30]