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Communication du Développement et Développement Communautaire

Par Anil Louis-Juste [1]

Soumis à AlterPresse le 25 aout 2004

La notion de travail comme point de départ, est fondamentale pour aborder la réalité de la communication dans le Développement Communautaire. Selon Marx, le travail est :

"Un processus auquel participent l’homme et la nature, processus où l’être humain, avec sa propre action, impulse, régule et contrôle son échange matériel avec la nature (Â…)".

Cette explicitation du travail, contenue dans le livre "FormaçÅ es econômicas pré-capitalistas", note comme point de départ du processus de production de la culture, la capacité téléologique de l’homme à construire mentalement l’objet qu’il cherche à obtenir avant de le réaliser matériellement. Ainsi pourrait-on dire que l’homme communique son intentionnalité aux forces de la nature [2].

En analysant le travail comme protoforme de la praxis sociale, Ricardo Antunes a décelé le lien indissoluble qui lie le travail à la communication.

"(Â…) Parallèlement à cette relation homme-nature se développent des interrelations avec d’autres êtres sociaux, aussi dans le but de produire des valeurs d’usage. Ici émerge la praxis sociale interactive dont l’objectif est de convaincre d’autres êtres sociaux à réaliser un acte téléologique déterminé. Ceci se fait parce que le fondement des positions téléologiques intersubjectives a comme finalité l’action entre les êtres sociaux" [3] (1999 : 139).

Pour mieux asseoir sa thèse, Antunes a recouru à la position de Georgy Lukà cs sur la question :

"Ce problème surgit aussitôt que le travail devient suffisamment social, en devenant dépendant de la coopération entre beaucoup de personnes ; ceci indépendamment du fait qu’a déjà émergé le problème de valeur d’échange ou que la coopération est encore orientée seulement vers la production de valeurs d’usage" [4] (1999 : 139).

Le travail est la base matérielle de la communication, mais celle-ci fait partie des complexes de l’être social.

"Avec l’apparition de formes plus complexifiées de la praxis sociale, les actions interactives, celles-ci finissent par assumer une suprématie en face des niveaux inférieurs, encore que ces derniers continuent en permanence à être la base de l’existence de celles-là  [5] " (1999 : 140).

Lukà cs définit les niveaux comme étant "des positions téléologiques secondaires par rapport au sens originaire du travail, des positions téléologiques primaires qui ont un statut ontologique fondamental. L’autonomie des positions téléologiques est pour cela, relative quant à leur structuration orgirinale" (1999 : 140).

En comparant Lukà cs à Habermas, Antunes réfute la théorie de l’agir communicationnel de ce dernier qui sépare le travail de l’interaction :

"(Â…) J’entends que la praxis interactive, comme moment d’expression de la subjectivité, rencontre son sol ontologique fondamental dans la sphère du travail où l’acte téléologique se manifeste pour la première fois dans sa plénitude. Bien que la sphère du langage ou de la communication est un élément constitutif central de l’être social, dans sa genèse et son saut ontologique par rapport aux formes antérieurs, je ne peux pas être d’accord avec Habermas quand il confère à la sphère communicationnelle le rôle d’élément fondamental et structurant du processus de sociabilisation de l’homme [6] (1999 : 156).

Ainsi, la construction lukacsienne lui a permis de lire la tentative habermasienne :

"Quand Habermas transcende et transfère la subjectivité et le moment de l’inter-subjectivité au monde de la vie comme univers différencié et séparé du système, le liant ontologiquement indissoluble se rompt dans sa construction analytique" [7] (1999 : 157).

Ce débat contemporain sur l’association / dissociation du travail et de la communication survient au moment de la restructuration productive du capital qui devient possible grâce au développement de la télématique et de l’électronique. Ce développement a une influence certaine sur la théorie dissociative de la communication. Or le travail humain, en tant que praxis, établit le lien entre l’homme et la nature et donc entre les hommes. Le travail humain se communique avec la nature en transformant celle-ci et réalise ainsi l’essence de l’homme. Donc, le travail humain contient le principe de la communication en ce sens qu’il présuppose l’action conjointe des hommes. C’est ce que le philosophe mexicain, Adolfo Sánchez Vásquez a souligné en écrivant :

"(Â…) L’homme se manifeste seulement comme être humain dans la mesure où il objective ses forces essentielles, génériques, mais cette objectivation - praxis matérielle, travail humain - n’est possible qu’en entrant l’homme dans la relation avec les autres, moyennant la mise en action conjointe des hommes [8] " (1977 : 139).

La perspective marxienne du travail en tant qu’activité humaine qui consiste dans la transformation de la nature en vue de la satisfaction des besoins sociaux, sera ici utilisée, surtout en recomposant la dissociation analytique qu’a opérée José Marques de Melo quand il a écrit :

"Le processus d’humanisation a eu comme essence l’action commune réalisée par les hommes pour transformer la nature et atteindre la subsistance (Â…). Il s’agit d’un phénomène qui donne à admirer deux dimensions : a) travail-production d’outils ; b) communication - production d’artefacts symboliques [9] " (1985 : 11)

Tandis que Melo s’intéresse à l’aspect particulier du droit social qu’a un citoyen à avoir accès aux moyens de communication de masses dans la société en général, nous considérons le Développement communautaire en mettant l’emphase sur l’aspect spécifique de la communication symbolique-communautaire qui dissocie le travail de la communication. Autrement dit, ce que nous tenterons de faire remarquer, c’est le fait que le Développement Communautaire contient deux types de communication qui nient l’historicité des communautés : le travail communautaire comme discours où les relations de travail sont absentes, et l’action communautaire en tant que pratique symbolique - technologique du mode de vie moderne. Or, le caractère social du travail créateur contient le processus de communication. Dès le début du temps humain - temps en ce sens que l’être crée par son action, la culture qui le différencie des autres animaux, comme l’entend Karel Kosik :

"Dans le processus du travail, sont transformés, dans le présent, les résultats du travail passé et se réalisent les plans du travail futur. La tridimensionnalité du temps et la temporalité de l’homme sont fondées sur l’objectivation. Sans l’objectivation, il n’y a pas de suspension temporelle. Le travail comme action objective est un mode particulier d’unité de temps (temporalisation) et d’espace (fonction extensive) comme dimensions essentielles humaines, c’est-à -dire, des formes spécifiques du mouvement de l’homme dans le monde [10] " (1995), les hommes et les femmes se communiquent pour inventer des processus et instruments qui les aident à satisfaire les nécessités vitales, laquelle satisfaction s’obtient par le "processus unique", ou selon Kosik, par :

"l’agir humain objectif qui transforme la nature et y inscrit des significations, [mais] accompli par nécessité et sous la pression d’une finalité extérieure [11] " (1995 : 208).

L’action transformatrice de l’homme sur la nature peut donc analytiquement se décomposer en travail productif et communication créatrice au sein d’un groupe social qui affronte la nécessité de transformer librement la nature pour se créer en tant que groupe humain. Il y a là une relation dialectique entre le travail productif et la communication créatrice. Donc, à l’origine, en même temps que la nécessité de survie du genre humain accompagne la liberté de ce dernier dans le choix des moyens d’action, est aussi nécessaire la quête du consensus entre les éléments du groupe social pour une meilleure utilisation de ces moyens. Dans les deux processus se crée la culture médiatrice.

Dans la relation dialectique travail/communication, nous acceptons cette dernière comme processus qui implique des modes de vie, c’est-à -dire que l’aspect de produit-message sera ici traité sur un plan secondaire, parce que "la théorie de la communication [dominante] est née marquée par la logique du produit [12]" (1986 : 83) qui occulte le processus de production de la valeur. Selon Castillo, "les produits masquent les processus (Â…) ; de même, en communication, le point de vue du produit bloque aussi le chemin de la compréhension des véritables processus sociaux, de ce qui arrive chaque jour, au sein des différents secteurs, des relations vécues et non des fantaisies d’un quelconque théoricien de la communication [13]" (1983 : 83).

La logique du produit transforme les interlocuteurs en émetteurs et récepteurs et Paulo Freire l’a dénoncée comme étant le résultat d’une relation verticale et antidialogique [14] (1988).

De son côté, Jesús Martà­n-Barbero, en critiquant la posture de l’Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO), a aussi dénoncé :

"la fausse autonomie dont s’est dotée la problématique de la communication tant dans sa version scientifiste que dans sa version culturaliste, la fausse efficacité à partir de laquelle on a l’intention d’expliquer le ’sous-développement’ par le manque de communication ; l’illusion d’égalité, de démocratie dans laquelle le schéma officiel enferme les relations émetteur-récepteur, et l’escamotage des conditions de production, c’est-à -dire des conditions historiques de domination".

"En dernière instance, l’artifice n’est qu’unique celui qui suppose l’intention d’expliquer les processus de communication loin des conflits historiques qui les engendrent, les dynamisent et les remplissent de sens [15]" (1987).

D’où la conceptualisation, chez Martà­n-Barbero, de la communication à partir de l’historicité de la culture. La compréhension de la relation communication/culture, au sens de récupération de la notion populaire, doit dépasser la vision dualiste bourgeoise, une fois que "le dualiste qui ’de manière illustrative’ oppose le culte au populaire comme synonyme de l’inculte (Â…) nie au populaire, la possibilité d’être un espace producteur de culture".

De ce point de vue, il résulte que :

"maintenant, ce qu’on cherche, c’est de refaire conceptuellement le chemin de la communication en y voyant une modalité constitutive des dynamiques de la (des) culture (s), vision à partir de laquelle le sens des pratiques communicatives se réfère aux moyens, aux mouvements sociaux moyennant une posture historique de cette relation [16] " (1987 : 14).

La thèse de l’auteur, c’est que la communication participe du processus de production de sens :

"(Â…) ce dont il s’agit dans les processus appelés de communication, d’information, de culture ou comme l’on veut, c’est de la production historico-sociale de la signification et non d’une simple reproduction. Laquelle signification possède une matérialité historique concrète et une forme non-agrégée ni réfléchie, sinon celle qui se produit depuis une rationalité déterminée, celle de la marchandise dans notre société, qui domine en conformant tant les objets que les messages, parce que ce qui codifie et domine, ce sont les relations sociales [17] " (1987 : 35).

C’est dans cette perspective que les problèmes sociaux sont transformés en problèmes techniques et requièrent l’apport de la gestion optimum des ressources. D’où les nouvelles technologies réalisent la substitution des formes de "vie communautaire" par d’autres types de capitaliste, ou la subordination pure et simple des premières. Dans ces conditions,

"les nouvelles technologies ne sont pas de simples outils transparents et ne se donnent pas à l’usage de n’importe quelle manière, elles sont en dernière instance, la matérialisation de la rationalité d’une culture et d’un modèle global d’organisation du pouvoir [18] " (1991 : 201).

D’un autre côté, Martà­n-Barbero voit le développement comme "version renouvelée de l’idée de progrès" et ainsi ce dernier "est conçu comme un avancement objectif, c’est-à -dire une croissance qui aurait son exposant quantifiable dans la croissance économique et sa conséquence naturelle dans la démocratie politique [19] " (1991 : 193).

En ce sens,

"la diffusion généralisée d’innovations, comme ’moteur’ du développement, correspondra dans le champ de la communication, à deux facteurs-clé : hégémonie de la télévision et expansion de la radio [20] " (1999 : 195).

D’où la formule de l’Organisation des Etats Américains (OEA) et de l’ONU : sans communication, il n’y a pas développement. La communication est alors confondue avec les moyens de communication de masse. Selon l’auteur,

"la résistance populaire à cette massification, questionne la dualité existante entre le traditionnel et le moderne, qui exclut la mémoire culturelle. A la différence de la mémoire instrumentale, la mémoire culturelle ne travaille pas avec ’l’information pure’ ni par linéarité cumulative, mais se trouve articulée avec les expériences et évènements et, au lieu d’accumuler, elle filtre et complète" [21] (1999 : 200).

C’est clair, historiquement et politiquement, le développement est relié à la communication. Car tout développement suppose ontologiquement la prise en compte du travail et de la communication dans la constitution autonome de l’être humain. La liberté n’a pas de sens en dehors de la renaissance ontologique du travail productif et de la communication symbolique. Mais, l’économie capitaliste utilise la communication selon ses intérêts et au gré de la conjoncture. Armand Mattelart, par exemple, a mis l’emphase sur le fait que l’économie de guerre a fait usage de la communication de masse pour à la fois lutter et réaliser des profits. Dans une note de bas de page, il a historicisé la relation entre les deux champs d’activité :

"La culture de masses ne peut pas se définir a-historiquement. Les modes de produire cette culture et ses contenus sont reliés intimement aux changements et adéquations qui s’opèrent dans la structure économique du pôle impérialiste et son projet expansionniste. (Â…). Il est impossible de continuer à ignorer les répercussions et implications d’une ’économie de guerre’ sur la production culturelle des classes dominantes. Dans le conflit asiatique, les grandes corporations ont utilisé des appareils électroniques qui révolutionnent les véhicules transmetteurs de la soi-disant culture des masses. (Â…). En revenant à cette matérialité concrète de la culture de masses, nous aimerions ébaucher quelques victoires militaires dans l’évolution croissante des grandes corporations nord-américaines de l’industrie électronique et aérospatiale, lesquelles victoires, étant aussi des expressions culturelles, déterminent en dernière instance, les modèles de communication" [22] (1974 : 18).

Ainsi, il définit la culture de masses comme l’ensemble de "produits culturels qui se transmettent à travers des soi-disant moyens massifs de communication" et élargit cette définition à "la couverture de l’ensemble des signes révélateurs des modèles d’aspirations et de relations sociales qui font partie de la vie quotidienne de l’homme" [23] (1974 : 18).

Plus tard, dans "Comunicaçăo Mundo", Mattelart a noté le fait que l’entreprise contemporaine devient un "réseau de communication et d’information émettant à l’intérieur et pour l’extérieur". Ainsi, ce nouveau système entrepreneurial fait en sorte que "tout problème social [tende] à se formuler en une équation communicationnelle [24] " (1996 : 258).

Ou mieux : la technique communicationnelle détient aujourd’hui le pouvoir d’annuler les problèmes sociaux ; quand l’entreprise ne fonctionne pas, l’explication est toujours un manque de communication ou d’organisation de l’information. Les conflits sociaux n’existent plus. La nouvelle culture "transforme" l’entreprise en un espace d’intérêts "harmoniques". Aussi bien Armand Mattelart que Edmundo Fernandes Dias pensent que l’entreprise-réseau est aussi un lieu de contradictions antagoniques ; le mode de gestion globale ou globalisme n’enlève pas l’aspect de confrontation entre des systèmes de valeurs ou entre le capital et le travail :

"les théoriciens - et praticiens - du capitalisme réintroduisent une vieille alternative : modifier la gestion et la technologie. Il est nécessaire de changer la politique dans la production : la gestion, le commandement [25] " (1998)

Dans l’entreprise-réseau,

Le fétiche est brutal et passe par le contrôle monopoliste des moyens de communication de masse [26] (1996 : 52).

La relation dialectique de départ travail / communication nous permet de mettre l’emphase sur le fait que la dissociation a conduit à l’automatisation de la communication qui est ainsi réinvestie dans les relations de travail pour mieux parvenir à la soumission du travailleur à l’ordre du capital. Dans cette perspective, la communauté engagée dans le Développement Communautaire est considérée comme une structure qui porte une historicité où les contradictions constituent la trame de la vie communautaire. Le Développement Communautaire comme communication rurale nie cette historicité.

La communication communautaire transmet au paysan un projet de développement qui escamote ou masque l’existence du sol ontologique et du sol édaphologique qui, historiquement, définissent tous deux le paysan en tant qu’être humain situé dans une société déterminée.

Par le travail communautaire, il gagne son esprit et, à l’aide de l’action communautaire, il captive son cœur sans lui permettre un développement matériel et spirituel. Ces deux composantes de la communication communautaire cherchent à persuader le paysan de la supériorité du mode de vie moderne sans une conscientisation sur les conditions objectives à créer pour l’adoption de cette sociabilité.

En fait, la communication communautaire ne diffuse pas les messages problématisants du travail paysan et de la terre arable ; elle regroupe les paysans sans fonder leur association sur la quête de l’autonomie du travail coopérateur qui produit les richesses. C’est donc un mode de communication qui veut substituer au mode de vie paysan, un mode de vie moderne tout en ré-élaborant la dépendance dans le système servo-capitaliste haïtien.

La communication communautaire produit un autre type de paysan tout aussi aliéné que l’ancien. Aujourd’hui, le paysan haïtien ne jure que par le développement. Le langage du paysan contemporain est truffé de truismes développementistes, sans savoir que l’idéologie développementiste bloque la réalisation de sa vocation au développement en tant qu’être humain. Ce blocage se manifeste par la production organisée de conscience inauthentique, c’est-à -dire incapable de faire la synthèse entre ses conditions objectives singulières et les possibilités subjectives universelles. La conscience ainsi créée est incapable d’inventer de nouvelles relations sociales et humaines.

C’est que le Développement dissocie le travail de la communication en privilégiant le discours technologique au détriment de la parole de libération du travail créateur. Ainsi, le Développement Communautaire communique au mouvement paysan un projet de développement qui empêche le développement physique et mental des paysans pour n’avoir pas diffusé les messages de la rente foncière et de l’échange inégal, c’est-à -dire que le mouvement paysan n’y est pas conçu comme une lutte organisée contre les institutions de deux -moitiés et du marché. Or, ces institutions produisent généralement la faim et l’analphabétisme qui sont des virus humains qui sèment la maladie - d’être-moins.

Le travail socio-communicatif, c’est le mode de communication qui cherchera à récupérer la vocation-de-l’homme- à - être-plus. Il le fera en recouvrant la place du travail dans l’organisation d’un autre mode de vie. L’action socio-communicative réconcilie la praxis laborative avec la praxis interactive en mettant l’emphase sur la structuration de l’association paysanne à partir de la parole agraire, car la terre reste et demeure l’espace d’organisation du travail et de la vie de l’être humain qu’est le paysan.

L’animation socio-populaire subséquente adoptera une pédagogie problématisante où le vécu quotidien des paysans et leur participation dans la production de la communication sur leurs problèmes, deviennent les deux axes moteurs de cette réconciliation ontologico-historique.


[1Professeur à l’Université d’Etat d’Haiti

[2Cette pré-idéation nécessite, pour se matérialiser socialement, la communication créatrire entre les hommes et les femmes qui deviennent ainsi des êtres sociaux.

[3Ricardo Antunes. Os sentidos do trabalho. Ensaio sobre a afirmaçăo e a negaçăo do trabalho. Edition Boitempo, Săo Paulo.

[4Ibidem.

[5Ibidem.

[6Ibidem.

[7Ibidem.

[8Adolfo SánchezVásquex. Filosofia da práxis. 2e Edition Paz e Tersa, Rio de Janeiro.

[9José Marques de Melo. Communicaçăo. Teoria e Polà¬tica. Edition Summus, Săo Paulo.

[10Karel Kosik. Dialética do Concreto, 6ème Edition Paz e Terra, Săo Paulo.

[11Daniel Prieto Castillo. La Fiesta del Languaje. Edition UNAM, Mexique

[12Daniel Prieto Castillo. La Fiesta del Languaje. Edition UNAM, Mexique

[13Ibidem

[14Paulo Freire. Extensăo ou communicaçăo. Edition Paz e Terra, Săo Paulo.

[15Jesús Martà­n-Barbero. Procesos de Comunicación y Matrices de cultura. Itinerario para salir de la razón dualista. Edition G. Gili, México.

[16Ibidem

[17Ibidem

[18Jesús Martà­n-Barbero. De los medios a las mediaciones - Communicación, cultura y hegemonia 2ème Edition, g. Gili, México.

[19Ibidem

[20Ibidem

[21Ibidem

[22Armand Mattelart. La Cultura como Empresa Multinaciónal, Ed. Galerna, Buenos Aires.

[23Ibidem

[24Armand Mattelart. Comunicaçăo Mundo. História das idéias e das estratégias. 2ème Edition Vozes, Petrópolis.

[25Edmundo Fernandes Dias. "Restreturaçăo produtiva : Forma atual da luta de classes" in outubro, Revista do Instituto de Estudos Socialistas No 1, Maio.

[26Armand Mattelart, op. cit.