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Haiti : L’administration Alexandre dos au mur

P-au-P., 3 sept. 04 [AlterPresse] --- Le gouvernement haïtien a le dos au mur avec un mouvement d’occupation de plusieurs localités du pays par des ex militaires qui réclament le rétablissement de l’armée, le paiement de leur solde, estimé à 10 ans d’arriérés de salaire, ainsi que de leurs fonds de pension.

Depuis 5 jours ces ex militaires amplifient leurs opérations en prenant position dans les villes de Petit-Goave (Sud), Jacmel (Sud-est) et Gonaives (Nord).

« La géographie de ces occupations est en soi éminemment suspecte », a estimé ce 3 septembre le ministre de la justice Bernard Gousse. Il a annoncé que les actions des anciens militaires, qui entrent, selon lui, dans une « stratégie concertée » pour « attenter au prestige et à la dignité de l’Etat », ne seront pas tolérées.

Bernard Gousse a qualifié de « réponse inadéquate » les actions d’ex militaires qui revendiquent pour le rétablissement de l’armée et qui disent vouloir mettre un terme à l’insécurité. « Le combat contre l’insécurité dans les villes et les régions rurales passe par le renforcement de la police en matériel et en effectif », a déclaré Bernard Gousse. Il a ajouté que le problème des ex militaires sera résolu par des « mesures pertinentes » que prendra le gouvernement.

Sans spécifier les mesures envisagées, le ministre a annoncé qu’une équipe de 200 ex militaires sont en entraînement afin d’intégrer la police dans les semaines qui viennent. « La porte demeure ouverte à d’autres », a-t-il indiqué.

Le ministre de l’Intérieur, l’ex général Hérard Abraham a, pour sa part, désapprouvé les actions de ses anciens frères d’armes. « La voie qu’ils empruntent n’est pas la bonne », a dit l’ex général. « Ils doivent attendre que leurs revendications soient prises en compte par le gouvernement sans tomber dans le désordre », a-t-il conseillé.

Le 2 septembre, le président provisoire Boniface Alexandre a appelé les anciens militaires à prendre le chemin du dialogue. « La violence ne mènera à rien », a dit le Chef de l’Etat.

Parallèlement, le Chef du Cabinet particulier du président, Michel Brunache, a fait savoir que l’administration Alexandre prend très au sérieux le dossier des anciens militaires, traité « en urgence, avec tact et, nous l’espérons, avec efficacité ».

Brunache a affirmé que le gouvernement bénéficie de l’appui de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) et peut négocier « dans le calme ».

Un important contingent militaire de la MINUSTAH se trouve depuis la soirée du 2 septembre dans la ville de Miragoane, contiguëavec Petit Goave, selon ce que rapportent les correspondants sur place, qui n’on signalé aucun incident.

Le 2 septembre la tension était vive à Petit-Goave. Des correspondants locaux ont rapporté un vent de panique suite à des altercations entre policiers et anciens militaires.

Aux Gonaives, une centaine d’anciens militaires armés maintiennent leur position dans un lycée où ils sont cantonnés depuis le 2 septembre, suite à une marche dans plusieurs rues de la ville. Selon la presse locale, des soldats de la MINUSTAH ont pris position autour du commissariat des Gonaives.

D’autre part, un contingent d’anciens militaires, venant de Port-au-Prince, s’est rendu le 2 septembre à Jacmel pour soutenir leurs collègues qui ont occupent depuis 5 jours le local de Radio Ti Moun (Enfants), qui appartient à la fondation de l’ancien président Aristide. La presse locale a rapporté que la délégation des ex militaires de Port-au-Prince a fourni armes et munitions aux anciens militaires de Jacmel. [gp apr 03/09/2004 15:00]