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3 mai, journée mondiale de la presse

Vers la lutte pour l’intégration de la « liberté d’information » dans l’agenda de développement post 2015

Enjeux de l’information en Haïti

P-au-P, 3 mai 2014 [AlterPresse] --- La directrice de Reporters sans Frontières (Rsf) aux Etats-Unis d’Amérique, Delphine Halgand, annonce, lors d’une vidéoconférence à Port-au-Prince, que l’organisation internationale entend se battre pour que les Nations-Unies intègrent la liberté d’information à l’agenda de développement de l’après 2015.

En prélude à la journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, cette vidéoconférence, à laquelle a assisté AlterPresse, s’est déroulée le vendredi 2 mai 2014, autour du thème « le rôle de la presse dans une société démocratique », sous les auspices de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la sculpture (Unesco).

Cette vidéoconférence a réuni plusieurs intervenants dans plusieurs pays, notamment Haïti, les Etats-Unis d’Amérique et la Côte-d’Ivoire.

« La liberté d’information est la plus importante des libertés, parce que c’est la liberté qui nous permet de vérifier l’existence de toutes les autres. Sans la liberté d’information aucune liberté n’est possible », déclare Delphine Halgand.

Faisant allusion à la liste mondiale des « 100 héros de l’information » publiée pour la première fois cette année, elle signale que le journaliste haïtien Gotson Pierre, qui y figure, « a joué un rôle capital dans les journées qui ont suivi le tremblement de terre du 12 janvier 2010 (en Haïti), avec son centre d’information en ligne (Télécentre mobile) ».

Selon Rsf, les « 100 héros de l’information » contribuent, par leur travail ou leur combat, à promouvoir la liberté « de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit » (Déclaration universelle des droits humains).

Il est essentiel, selon Delphine Halgand, que « les Nations-Unies continuent de se battre contre l’impunité ».

Pour elle, les Etats membres (de l’Organisation des Nations Unies / Onu) doivent respecter « leur obligation, en particulier l’obligation de protéger les journalistes, l’obligation d’enquêter sur toutes les attaques à leur encontre et l’obligation de juger les responsables ».

« 71 journalistes ont été tués à travers le monde l’année dernière. 165 journalistes et 160 journalistes-citoyens sont en prison », indique-t-elle, soulignant que les pays les plus dangereux pour les travailleurs ou acteurs de l’information sont la Chine, l’Erythrée, la Syrie, l’Iran et la Turquie.

Carl Alexandre, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’Onu, prévient qu’« il ne saurait y avoir d’impunité pour ceux qui prennent des journalistes pour cible ».

Il salue la mémoire de trois journalistes haïtiens décédés (de mai 2013 à nos jours), « l’éminent journaliste photographe de l’agence France Presse (Afp) Tony Bélizaire, le journaliste de la radio Ibo, Duly Lambert, tous deux, fauchés par la maladie et le journaliste correspondant de la Radio-Télé Kiskeya, à Saint-Marc, Pierre Richard Alexandre » assassiné.

Jean Lyonel Desmarattes, journaliste au service créole de la Voix de l’Amérique (ancien de la Radio Nationale d’Haiti) relève que « la presse est haïe, combattue, parce que tout simplement elle fait son travail d’informer et d’éclairer ».

Desmarattes prône la « vigilance éternelle » de la part de la jeune génération de journalistes, qui, dans la majeure partie des exemples, ne s’épargnent aucun effort pour couvrir l’actualité dans sa totalité.

Il invite à privilégier « le professionnalisme à l’improvisation, la tâche bien accomplie à la facilité ».

Daly Valet, directeur de Radio Trans-Inter, croit qu’il faut au pays une presse responsable, une presse professionnelle, qui fonctionne dans les normes.

Car, constate-t-il, la presse est minée par des dérives.

Ce n’est pas seulement la presse haïtienne qui est malade, mais toute la société, rétorque Clarens Renois, directeur de l’agence en ligne Haiti Press Network (Hpn).

Il y a, ajoute-t-il, des secteurs qui ont un intérêt à décrédibiliser la presse.

Il préconise l’autorégulation, en vue de concilier les droits et responsabilités des journalistes et médias, dans un cadre démocratique et ouvert. [jep gp apr 03/05/2014 09:00]