P-au-P, 02 mai 2014 [AlterPresse] --- Plusieurs manifestantes et manifestants, dont deux étudiants, ont été victimes de coups et blessures de la part de la Police nationale d’Haïti (Pnh), au Champ de Mars (principale place publique de Port-au-Prince, non loin des ruines du palais présidentiel), au terme d’une manifestation ouvrière, le jeudi 1er mai 2014, journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs.
Cette manifestation a été organisée à l’occasion du 1er mai, fête du travail et de l’agriculture en Haïti.
Tout a commencé quand les agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) ont empêché les manifestantes et manifestants d’accéder à la place de l’empereur Jean-Jacques Dessalines (au Champ de Mars), lieu où ils allaient, disent-ils, délivrer un message final.
Deux étudiants, l’un à l’Ecole normale supérieure (Ens) et l’autre à la faculté d’ethnologie (Fe) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), qui ont essayé de pénétrer cette place, ont été roués de coups par la police avant d’être arrêtés, rapporte Guy Numa du Mouvement démocratique populaire (Modep).
Gardés quelques temps en garde à vue à la base du Cimo, près de l’Office national d’assurance et vieillesse (Ona) au Champ de mars, ils ont été ensuite libérés, après leur audition, quelques heures après, suite à l’intervention de divers syndicalistes auprès des autorités judiciaires.
Deux autres manifestants ont été blessés à la tête et à la main par la police qui a dû lancer, à plusieurs reprises, des gaz lacrymogènes pour disperser la foule au Champ de Mars.
L’un d’entre eux s’est encore rendu, ce matin 2 mai 2014, à l’hôpital pour recevoir des soins, informe le coordonnateur général du Syndicat des ouvriers du textile et de l’habillement (Sota), Télémaque Pierre.
L’objectif de la manifestation du 1er mai 2014 consistait, entre autres, à réclamer 500.00 gourdes (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui) comme salaire minimum journalier pour les travailleuses et travailleurs dans les industries de la sous-traitance.
Cette manifestation a permis de dénoncer le montant de salaire minimum de 225.00 gourdes, imposé par le gouvernement actuel qui défend la « classe bourgeoise », souligne Urbain Garçon, membre de Batay ouvriye.
L’organisation Batay ouvriye appelle à la poursuite de la lutte ouvrière et à la résistance contre les dérives de l’actuelle administration politique (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe).
Partis devant les locaux du parc industriel métropolitain de la Société nationale des parcs industriels (Sonapi, au nord de la capitale), les manifestantes et manifestants ont défilé sur la route de l’aéroport, l’avenue Martin Luther King (Nazon), l’avenue Lamartinière (Bois Verna) avant de déboucher au Champ de Mars.
Ils ont observé un arrêt, notamment devant le siège du ministère des affaires sociales et du travail (Mast) pour exhorter l’institution à défendre réellement les droits des ouvrières et ouvriers face aux patrons.
Lors de la marche, plusieurs ouvriers ont dénoncé les actes d’intimidation, dont ils seraient victimes - au parc industriel métropolitain - d’agents de Cimo engagés par les patrons des usines.
Le Modep et le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) sont parmi les organisations ayant apporté leur appui à la mobilisation ouvrière du jeudi 1er mai 2014, initiée par Batay ouvriye.
La manifestation s’est terminée sur fond de violences policières, à un moment où Martelly dit considérer le travail comme synonyme de la liberté et de dignité.
A l’endroit des ouvrières et ouvriers, qui réclament une augmentation salariale, Martelly souligne qu’ils risquent de tout de perdre en voulant tout avoir.
« Chaque chose en son temps », insiste Martelly dans un discours à l’occasion du 1er mai 2014, également journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs.
Le gouvernement a déployé beaucoup d’efforts pour présenter Haïti comme un pays qui offre des opportunités aux investisseurs, fait savoir Martelly, en guise de détermination sur la nécessité de créer du travail.
Diverses voix continuent de critiquer la politique « Haïti is Open for business » du pouvoir en place, qu’elles assimilent à une tentative de liquidation des intérêts nationaux au profit du capital externe. [emb kft rc apr 02/05/2014 13:40]