P-au-P, 21 avril 2014 [AlterPresse]--- L’arrêté présidentiel du 16 avril 2014 fixant le salaire minimum dans certains secteurs de l’économie est interprété dans le milieu ouvrier ou proche comme un ajustement qui déçoit, un « salaire de famine » qui appelle à la « rébellion ».
« On est très déçu par cet arrêté qui est en réalité un grand pas en arrière par rapport aux conquêtes de 2009 », réagit l’économiste Camille Charlmers, directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
A partir du 1er mai 2014, le salaire minimum de référence pour la journée de 8 heures se situera, selon les branches d’activités, entre 125 et 300 gourdes.
Au niveau du secteur de la sous-traitance, le salaire minimum de référence sera de 225 gourdes.
Pourtant, la loi du 6 octobre 2009 avait déjà prévu qu’à partir du 1er octobre 2012, le salaire minimum dans le secteur de la sous-traitance serait de 300 gourdes.
S’appuyant sur la loi de 2009 et une récente étude du Centre de solidarité internationale parue en avril 2014, Chalmers estime que « les 300 gourdes ne suffiraient pas et les 225 gourdes sont un recul ».
Selon le Centre de solidarité internationale, il faudrait 1 006 gourdes journalières à un ouvrier haïtien pour son panier de consommation de base.
Ce réajustement salarial intervient dans un contexte de dépréciation spectaculaire de la monnaie haïtienne par rapport au dollar étatsunien (jusqu’à 45 gourdes pour un dollar) dans une économie où les produits importés font la loi, souligne Charlmers.
Mais, Renan Hédouville, représentant du gouvernement au Conseil supérieur des salaires, clame haut et fort son « entière satisfaction » du fait que le président Martelly a suivi les recommandations de l’instance qu’il préside, même si, contrairement au rapport du Css, l’arrêté ne dit niet sur le salaires des fonctionnaires de la fonction publique.
L’organisation d’accompagnement des syndicats d’ouvriers Antèn Ouvriye (Antenne ouvrière) invite à faire du 1er mai 2014 une journée de « rébellion et de mobilisation », face à la décision prise par le gouvernement, qualifié d’ « extrême droite à orientation faschiste, valet de la communauté internationale et des bourgeois »
Il faut « montrer au gouvernement et aux patrons notre indignation, notre révolte contre la machine infernale de l’exploitation du capitalisme sauvage », lance Antèn Ouvriye dans une position publique émise le 21 avril.
Au dernier trimestre de l’année 2013, des milliers d’ouvriers ont déferlé sur le macadam dans la région métropolitaine de Port-au-Prince pour exiger un salaire minimum de 500 gourdes et protester contre les recommandations du rapport du conseil supérieur des salaires proposant les 225 gourdes officialisées par le gouvernement.
Ce mouvement de protestation s’est soldé par une vague de révocations dans plusieurs usines. [efd gp apr 21/04/2014 16 :20]