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Haïti : Pour une meilleure structuration et la prise en charge de la filière de riz dans la vallée de l’Artibonite

Correspondance Exalus Mergenat

Gonaïves, 14 avril 2014 [AlterPresse] --- Le Rassemblement pour l’avancement des coopératives de production appropriée et le bien-être alternatif (Racpaba), la fédération nationale des producteurs de riz haïtiens (Fenaprih) et Oxfam international, ont organisé une journée portes ouvertes, le vendredi 11 avril 2014 dans la vallée de l’Artibonite.

Il faut sensibiliser les acteurs intervenant dans la filière de riz dans l’Artibonite, les décideurs politiques et l’opinion publique haïtienne sur la nécessité de renforcer la production nationale et de consommer local, indique le président de Racpaba, Dieula Bien-Aimé.

Selon lui, le gouvernement haïtien doit investir davantage dans la filière rizicole, considérée comme hautement stratégique pour la stabilité politique du pays.

Il se préoccupe du « risque de perturbation du marché » et met l’accent sur une « l’arrivée en force d’une nouvelle compagnie qui s’installe dans la région », ce qui constitue, dit-il, une « menace ».

« Ce nouvel acteur s’amuse à transformer les semences. Nous devons sensibiliser la population et les consommateurs en particulier sur le comportement à adopter en vue d’empêcher cette situation », ajoute Dieula Bien-Aimé.

Les participants et participantes à la journée portes ouvertes ont pu faire connaissance avec Racpaba à l’Estère, l’organisation pour le développement de l’Artibonite (Odva) à Pont Sondé et le système d’irrigation/canaux à Petite Rivière de l’Artibonite, à travers des visites guidées.

L’Odva est une institution transversale créée pour mettre en place les infrastructures agricoles nécessaires à la production agricole dans la vallée de l’Artibonite.

« Cependant cette institution fait face à un manque de moyen technique et financier qui l’empêche d’assumer pleinement son rôle, déplore le directeur de la production végétale de l’Odva, l’ingénieur-agronome Samuel D’Haïti.

Le Centre de Formation Levêque (CFL) à Verrettes a accueilli lors de cette journée, une conférence débat autour du thème : « La riziculture en Haïti : enjeux et perspectives pour une contribution à la relance économique ».

Cette conférence débat a été l’occasion pour les panelistes et les participants, dont des planteurs, d’échanger sur la situation actuelle de la production rizicole dans la vallée de l’Artibonite.

Considéré comme hautement stratégique, le secteur rizicole dans l’Artibonite fait face à d’énormes difficultés, souligne le directeur associé d’Oxfam, Vincent Maurepas Auguste.

En plus d’un manque d’accompagnement et d’encadrement de la part des autorités, la filière de riz subit une compétition très forte organisée par l’Etat haïtien qui a décidé d’importer le riz étranger pour une question de stabilité politique, déplore le directeur associé de Oxfam.

« Cette attitude contradictoire des autorités a créé un mécontentement du côté des producteurs de riz haïtiens qui vivent en majorité dans la précarité économique », souligne Auguste qui intervenait sur les enjeux politico-économiques de la filière riz en Haïti.

Pour sa part, l’entrepreneur Franklin Benjamin déplore le manque d’infrastructures agricoles dans la vallée de l’Artibonite.

A l’approche de la saison pluvieuse qui débute officiellement ce 15 avril, les canaux d’irrigation dans la vallée ne sont pas curés, ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur la vie des planteurs dans diverses régions du bas Artibonite, prévient l’entrepreneur.

Il en profite pour dénoncer certains politiciens de l’Artibonite, qui, dit-il, auraient détourné les fonds alloués à certains travaux d’infrastructures agricoles dans la vallée.

« La population de l’Artibonite doit sanctionner ces politiciens lors des prochaines élections », propose l’agronome Benjamin, qui donnait son point de vue sur la chaine de valeur de la filière de riz dans la vallée.

Pour sa part le principal responsable de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Ricot Jean-Pierre, pense que les autorités haïtiennes devraient allouer un budget beaucoup plus important à l’agriculture en général et au secteur riz en particulier.

« Pour une meilleure structuration et la prise en charge du secteur agricole, il faut qu’il y ait une plus grande responsabilisation de l’Etat Haïtien qui doit tenir compte de l’importance de ce secteur en lui allouant un budget raisonnable qui permettra de grandes interventions dans ce secteur », pense le responsable de la Papda.

Aucun représentant du Ministère de l’agriculture des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) n’a été remarqué à cette journée portes ouvertes. [em kft gp apr 14/04/2014 9 :45]