P-au-P, 12 avril 2014 [AlterPresse] --- Le présumé chef du gang Galil, Woodly Éthéart, officiellement recherché par la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour son implication présumée dans des actes de séquestration de personnes (kidnapping) et la vente de stupéfiants, serait toujours présent dans la capitale, contrairement aux premières informations qui ont annoncé sa fuite.
Woodly Éthéart (dit Sonson Lafamilia), n’est, en réalité, pas un fugitif, mais un protégé de l’administration politique actuelle (du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe), confie à AlterPresse Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
« Il est là dans la capitale et ce sont eux qui le protègent », déclare Pierre Espérance au cours de cet entretien accordé à AlterPresse.
Les autorités haïtiennes « ont Sonson Lafamilia (Woodly Éthéart) sous leur garde ». Elles ne veulent tout simplement pas « le remettre à la justice ».
Ce comportement des hauts fonctionnaires de l’État enfonce la république d’Haïti dans le gouffre et envoie tous les signaux d’un « État bandit (…) voyou et délinquant », soit tout, sauf « un État de droit », contrairement à ce que prônent, pourtant, les dirigeants.
Dans un rapport, le Rnndh a dénoncé l’évasion, le samedi 29 mars 2014, de la femme de Woodly Éthéart, Marie Taissa Mazile.
Celle-ci était emprisonnée dans la prison civile de Pétionville sous ordre du juge d’instruction Sonel Jean-François, chargé d’instruire l’affaire.
Retourner Marie Taissa Mazile en prison
Quelques jours après son évasion, Marie Taissa Mazile, accompagnée de son avocat Claudy Gassant, a refait surface, le mercredi 09 avril 2014, au palais de justice à Port-au-Prince, puis son avocat Claudy Gassant le lendemain, jeudi 10 avril 2014.
Le juge Sonel Jean-François a refusé de les rencontrer et demandé à ce qu’elle retourne à la prison de Pétionville, selon ce qu’a expliqué l’avocat de l’accusée, dans les médias.
Le Rnddh se prononce également pour la réincarcération de Marie Taissa Mazile.
Le juge Sonel Jean-François ne devrait pas formuler cette requête, vu qu’il avait émis un mandat d’amener et non d’arrestation à l’encontre de Marie Taissa Mazile, quand il avait pris connaissance de l’évasion, estime Me. Claudy Gassant.
Dans une lettre, portant sa signature en date du 9 avril 2014 et adressée au juge d’instruction, Marie Taissa Mazile raconte qu’elle a « été libérée par la justice de son pays » et se dit disponible pour répondre aux questions de la justice.
Une justice qui ne reconnaîtrait pas l’autorité du juge Sonel Jean-François ?
Par ailleurs, Gérald Norgaisse, le substitut commissaire du gouvernement qui a orchestré ce qui est considéré comme une fuite de prison, a démissionné de son poste pour « motifs de convenance personnelle ».
Il avait déclaré agir au nom du respect des principes humanistes.
L’avocat Claudy Gassant, pour sa part, a été convoqué au barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince.
Questionné sur le dossier, Carlos Hercule, bâtonnier de l’ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince, souhaite ne pas dévoiler les motifs de la convocation.
« C’est un dossier en instruction, je ne vais pas le commenter », affirme Carlos Hercule. [apr 12/04/2014 1:15]