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Haïti-Infrastructures : Le complexe administratif des Gonaives, prisonnier d’un chantier depuis 9 ans

Correspondance Exalus Mergenat

Gonaïves, 10 avril 2014 [AlterPresse] --- Prisonnier d’un chantier clôturé en tôles depuis neuf ans, le complexe administratif et socioculturel des Gonaïves, en construction, tarde à émerger.

Depuis la pose de la première pierre, le 4 novembre 2005, à l’occasion d’une patronale de la ville sous l’ancienne administration intérimaire Boniface Alexandre/Gérard Latortue, rien que les fondations et la rangée de colonnes constituant la base du futur immeuble administratif ont été réalisées.

Les travaux ont connu des arrêts fréquents.

Sur le chantier le mardi 8 avril 2014 et comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, les activités sont au point mort. Aucun ouvrier n’est à l’œuvre.

Une vieille niveleuse de la firme privée Ponts et chaussées irrigation services architecturaux constructions diverses (Pisaco), chargée de l’exécution, est là, immobile, les pneus crevés. L’engin est abandonné au milieu d’une pile d’immondices à côté du chantier.

Un complexe figé

« Les travaux avancent par intermittence et à pas de tortue. Je n’ai pas la certitude qu’ils seront achevés un jour », s’inquiète Jocelyn Alexis, un habitant des Gonaives.

Ce dernier dénonce le laxisme des autorités locales qui, dit-il, n’ont rien fait pour forcer les responsables de la firme chargée d’exécuter les travaux à achever l’ouvrage.

Selon Dieujuste Garnier, contrôleur responsable du chantier, un problème de remblai serait à la base de cette nouvelle interruption des travaux.

« Si Gonaïves avait des autorités soucieuses du problème de la ville, la construction du complexe administratif serait déjà terminée », estime de son coté Marc Adrien, un autre citoyen de la ville.

Les vieilles recettes sont les meilleures ?

Les interruptions à répétition de la construction de ce bâtiment administratif seraient profitables à certaines autorités de la ville qui au moment des élections font toujours des promesses que les travaux vont reprendre.

« Ce comportement suspect et révoltant des autorités laisse croire qu’elles ont de grands intérêts dans le non avancement des travaux, la population des Gonaives doit leur demander des comptes », s’insurge le coordonnateur du foyer pour le renforcement de la communauté haïtienne (Forecha), Archille Jean-Louis.

Les interminables travaux de construction du complexe administratif des Gonaives ont été interrompus pendant plusieurs années pour être repris en mars 2013 suite à une manifestation de milliers de personnes aux Gonaives qui exigeaient des autorités le respect de certaines promesses de construction de bâtiments publics, faites à la cité de l’indépendance.

« Il faut que la population reprenne cette même mobilisation pour forcer la firme ainsi que les autorités à assumer une fois pour toute leurs responsabilités », a lancé le coordonnateur du Forecha.

Le projet de construction du complexe administratif des Gonaives est financé à partir d’un prêt 1639/SF-HA de la Banque Interaméricaine de développement (Bid), selon ce qu’on peut lire sur un panneau en marbre placé sur le chantier.

Ce prêt doit financer un programme de réhabilitation urbaine à Carrefour et un complexe administratif et socio-culturel dans chaque chef-lieu du pays. Il a été modifié, comme beaucoup d’autres prêts de la Bid, en don par un nouveau contrat en 2010 suite au tremblement de terre. Son montant total était de plus de 12 millions 500 mille dollars américains. [em kft gp apr 10/04/2014 10 :35]