P-au-P, 09 avril 2014 [AlterPresse] --- Plus d’une trentaine de représentants d’organisations de droits humains ont réclamé de nouveau justice, sur les lieux de l’assassinat du couple Daniel Dorsinvil et Girldy Larêche, à l’avenue Martin Luther King (Bois patate, Port-au-Prince), ce mardi 8 avril 2014, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Le mouvement patriotique démocratique et populaire (Mpdp) et la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) ont initié le sit-in dans la perspective de marquer les deux mois du tragique événement.
« Trop de sang a coulé. Il faut que la machine de l’insécurité s’arrête. Ce coup ne passera pas. Justice pour Daniel Dorsinvil. Prison pour les bandits légaux », sont les slogans en Créole, qu’on a pu lire sur les pancartes.
La police nationale d’Haïti (Pnh) a annoncé l’arrestation de 5 présumés bandits, après le dépôt d’une plainte, le 23 février 2014, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, par la famille du couple assassiné.
Des points d’ombres planent dans ce dossier, indique le frère de Girldy Larêche, le député Ronald Larêche.
« Le juge de paix, qui avait fait le constat de l’assassinat, a trouvé quatre douilles de fusil sur les lieux du crime. Même la police scientifique était venue. Le criminel qu’on a arrêté a avoué avoir utilisé un revolver de calibre 38 pour commettre son crime. Ce qui prouve que c’est un canular ; les autorités mentent. Le juge d’instruction, en charge du dossier, doit fournir des explications », tempête Ronald Larêche, présent au moment du sit-in.
Il faut finir avec cette société de l’impunité, avec cette société où l’on peut libérer des dealers de drogue, des kidnappeurs, alors que ceux qui réclament justice ne peuvent l’avoir, estime, pour sa part, le secrétaire exécutif de la Pohdh, Antonal Mortimé.
Le secrétaire exécutif de la Pohdh en profite pour réclamer justice pour toutes les autres personnes - à savoir Jean Dominique, Jean-Claude Louissaint, Jacques Roche, le Père Jean Pierre-Louis, entre autres - qui ont été assassinées dans les mêmes circonstances, alors que leurs bourreaux seraient toujours en liberté.
Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), pointe du doigt le gouvernement de Laurent Salvador Lamothe qui, d’après lui, retient le dossier au parquet près le tribunal de première instance de Port-au-Prince.
Pierre Espérance exige que le parquet fasse son travail dans ce dossier, afin de connaître l’auteur intellectuel et l’auteur matériel du crime.
Olga Benoit, la militante de Solidarite fanm ayisyen(Sofa), critique ardemment les autorités, complices, selon elle, des criminels.
« D’ailleurs, si les criminels étaient poursuivis comme il convient, aujourd’hui ils ne s’amuseraient pas à tuer des gens avec une telle aisance », a-t-elle argué.
Olga Benoit appelle le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, à prendre ses responsabilités dans cette affaire, parce qu’à chaque fois qu’une personne ne prend pas ses responsabilités, la personne se fait complice des assassins, insiste-t-elle.
Daniel Dorsinvil était coordonnateur de la Pohdh et sa femme, Girldy Larêche, infirmière à la section pédiatrie de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (Hueh).
Deux mois après leur assassinat, les familles des victimes et les membres de la Pohdh ne sont pas encore interrogés par le juge Sonel Jean François. [jep kft rc apr 09/04/2014 1:50]