P-au-P, 8 avril 2014 [AlterPresse] --- La Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) a consacré une séance thématique, le vendredi 28 mars 2014, à Washington, au dossier de Jean-Claude Duvalier et de tous ses complices dans la conduite de la machine infernale de terreur et de mort en Haïti.
Un communiqué du collectif contre l’impunité, en date du 7 avril 2014, informe que ce regroupement de plaignantes et plaignants, et d’organisations de droits humains, ainsi que « son partenaire » Avocats sans frontières Canada (Asfc), ont pris part à l’audience.
Le collectif a formulé des demandes qu’il espère que la Cidh transformera en exhortations auprès de l’État haïtien.
Ce sont, entre autres, des garanties d’indépendance, de mesures de sécurité renforcées et des ressources supplémentaires pour le magistrat chargé du complément d’instruction ; des enquêtes sans entraves et dans des délais raisonnables sur l’ensemble des crimes des Duvalier ; la collaboration des États étrangers pour l’accès à des archives comme preuve à charge.
Le collectif appelle aussi à la mise « en place d’une Commission indépendante vérité et justice, portant sur la période 1957-1986, pour faire la lumière sur les mécanismes de la répression duvaliériste. Cela permettrait d’offrir des éléments factuels pour étayer les enquêtes ».
Un mémoire relatif au dossier Duvalier a été soumis à la Cidh, lors de cette séance tenue en présence de deux membres de la délégation permanente d’Haïti à l’Organisation des Etats Américains (Oea).
Il a été soulevé « des préoccupations relatives au respect du droit des plaignantes et plaignants à un recours effectif devant un tribunal compétent, indépendant et impartial ; à l’absence de volonté de l’État de poursuivre et sanctionner les responsables des crimes commis sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier ; au climat d’insécurité et d’intimidation ».
En analysant la décision du 20 février 2014 de la Cour d’appel de Port-au-Prince, qui exige un complément d’instruction, le collectif a fait état, par-devant la Cidh, du sens et de la portée de l’affaire Duvalier pour la société haïtienne.
Aboutir à ce procès « signifie contribuer, de manière significative, à mettre fin au cycle infernal de l’impunité qui gangrène et handicape la société haïtienne. Cela signifie, pour les victimes et pour l’ensemble de la société, la construction d’un État de droit démocratique (…) », conclut le communiqué du collectif.
Le 17 mai 2011, dans sa déclaration « concernant le devoir de l’Etat haïtien d’enquêter sur les graves violations des droits humains commisses sous le régime de Jean-Claude Duvalier », la Cidh a fait toute une série de recommandations à l’État haïtien, qui, jusqu’ici, semblent n’avoir pas été suivies. [efd kft gp apr 08/04/2014 14:50]