P-au-P, 01er avril 2014 [AlterPresse] --- Un climat d’expectative règne en Haïti à moins de 48 heures de l’échéance du délai de 10 jours francs, prévu pour la mise en œuvre de l’accord d’« El Rancho », issu du dialogue politique inter-haïtien.
Les parties concernées par les différents points de l’accord, ne se montrent, à un degré ou à un autre, nullement pressées, en dépit du fait que la commission de suivi de l’accord semble croire que tout va pour le mieux.
Mise en place d’un gouvernement d’ouverture par le pouvoir exécutif, amendement de certains articles de la loi électorale par le parlement, retrait ou confirmation au maximum d’un représentant de chaque pouvoir au sein de l’institution électorale constituent les principales dispositions à exécuter par les protagonistes de cet accord.
Où en est le parlement ?
Alors que la présidence informe que le président Michel Martelly a transmis le 31 mars au parlement le projet d’amendement de la loi électorale de 2013, plusieurs députés interrogés par AlterPresse ne se montrent pas préoccupés par le temps qui passe.
« Nous avons déjà reconnu la nécessité d’amender certains articles de la loi électorale. Nous ferons ce que nous pouvons dans la durée nécessaire », prévient Vickens Dérilus.
Le député Pierre Martin Tatoute croit, pour sa part, que le délai c’est l’affaire de l’accord et que cela n’engage pas le parlement.
« Un quelconque accord ne peut aucunement pressurer le parlement » martèle-t-il.
Le président de la chambre des députés, Stevenson Jacques Thimoléon, a paraphé l’accord d’« El Rancho », le 19 mars 2014, avec « réserves sur l’ensemble de l’accord et particulièrement sur la formulation de l’article 12 ».
Ce point prévoit que certains articles de la loi électorale entreront automatiquement en veilleuse si le parlement ne les amende pas dans le fameux délai de 10 jours prévu dans l’accord.
La chambre des députés « n’entend créer aucune jurisprudence tendant à mettre en veilleuse une loi votée au parlement et publiée par l’exécutif », argumente Thimoléon dans sa lettre de réserves.
Par ailleurs, le sénat gère actuellement la démission « irrévocable » de son premier sénateur, Steven Benoit, qui a paraphé l’accord au nom du président du grand corps, Simon Dieuseul Desras.
Il a présenté sa démission au milieu de la controverse créée suite à la signature de l’accord.
On ne sait pas, pour le moment, s’il a abandonné la commission de suivi dont il est membre.
Calme plat au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire
Dilia Lemaire, membre du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), confirme à AlterPresse que son institution d’appartenance a bien reçu une correspondance de la commission de suivi, mais le « Cspj ne s’est pas encore réuni pour discuter de sa teneur ».
Quant au délai de dix jours pour évaluer la représentation du Cspj au Conseil électoral provisoire et faire un changement si nécessaire, Me Lemaire refuse de faire des commentaires.
La Commission de suivi s’active
Le jeudi 27 mars 2014, la Commission de suivi a présenté, en conférence de presse, le bilan de ses premières activités, consistant en rencontres formelles et envois de lettres aux protagonistes pour solliciter leur attention sur des actions à mener en vue de la mise en œuvre de l’accord.
Au cœur de toute cette activité, des noms de certains des membres de la commission sont cités parmi des personnalités qui pourraient éventuellement intégrer le gouvernement remanié. [efd gp apr 01/04/2014 00:50]