P-au-P, 26 mars 2014 [AlterPresse] --- Les rapatriements de migrants haïtiens en provenance de la République Dominicaine pourraient être moins élevés en 2014 comparativement à l’année précédente, espère le père Lissaint Antoine, responsable du Service Jésuite aux migrants (Sjm), dans une interview accordée à AlterPresse.
Pas moins de 14 765 Haïtiens ont été rapatriés par les autorités migratoires et militaires de la République Dominicaine durant l’année 2013 révèlent la Solidarite fwontalye (Sf), le Groupe d’appui aux rapatriés et refugiés (Garr), le Service jésuite aux migrants (Sjm).
Ces rapatriements peuvent être moins élevés cette année avec le plan de régularisation de la République Dominicaine entré en application en décembre 2013 prévoyant leur cessation durant 18 mois, espère le père Antoine du Sjm.
Cependant, même si ce plan de régularisation est respecté, des situations de représailles et de violence contraignent des Haïtiennes et Haïtiens à laisser "volontairement" la République dominicaine.
Le 24 mars 2014, le Garr confirme avoir accueilli 60 personnes, dont 25 enfants et majoritairement des femmes- fuyant la chasse aux Haïtiens dans la zone de Las Matas.
Récemment, un Dominicain a succombé à des blessures à la suite d’une altercation avec un Haïtien. Les représailles qui s’en sont suivis ont causé la destruction par le feu d’au moins une dizaine de maisons.
Les personnes retournées en Haïti après l’incident ont rapporté des cas de morts. Une information que le Garr n’a pas pu confirmer confie Jean Baptiste Azolin, coordonnateur de l’institution
« Malheureusement aucune enquête ne semble être en cours en vue de déterminer les coupables », regrette Azolin.
Cartographie des rapatriements
Las Matas, San Pedro de Marcorís, La Mina, San Jose, Santiago, San Juan de la Maguana, Pedro Santana, la province de Dajabon, les municipalités de Comendador et de Jimani, sont, entre autres, les villes d’ou ont été interceptés les différents ressortissants-es haïtiens reconduits à la frontière haïtiano-dominicaine en 2013.
Ils ont été reconduits en dehors des heures prévues par le protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement signé en décembre 1999, par les gouvernements haïtien et dominicain (Préval/Fernandez), estime le Garr.
« Généralement, les rapatriés ont été récupérés dans la rue ou sur leur lieu de travail. On ne leur donne même pas le temps de prendre leur effets », dénonce le Père Lissaint Antoine, confiant que dans la plupart des cas les personnes retournent 2 à 3 semaines après en République Dominicaine.
Le protocole devant interdire les rapatriements nocturnes et faisant obligation au gouvernement dominicain de laisser aux rapatriés-es l’opportunité de récupérer leurs biens, a été violé par la République dominicaine, dénonce le Garr.
Les chiffres en détail
Plus de 8 300 de ces rapatriements effectués en 2013, ont eu lieu à la frontière de Ouanaminthe/Dajabon (Nord-est d’Haïti), révèle la Sf, basé dans la zone.
Plus de 4 660 autres recensées par le Garr, ont été rapatriées au portail frontalier de Belladère/Elias Piña (Centre). De son coté, pour les 6 derniers mois de l’année 2013, le Sjm a signalé la reconduite de 653 personnes à la frontière de Malpasse (Ouest).
Pour le seul mois de novembre de l’année écoulée, le Garr a recensé 1 150 personnes rapatriées à la frontière de Malpasse. Parmi elles, 803 se sont rendues volontairement aux différents points informels de la commune frontalière de Cornillon, sur fond de tension et de crainte de représailles.
Les reconduites à la frontière de Belladère, Ouanaminthe, Malpasse comptabilisaient 3 556 femmes et 559 enfants.
Déjà le 29 aout 2013, le Chef d’État-major de l’armée dominicaine, le Major-Général Ruben Dario Paulino Sem, a fait savoir que durant la période du 16 août 2012 à date, 47 700 haïtiens, entrés “illégalement” en République Dominicaine, ont été rapatriés en Haïti. [mm kft apr 26/03/2014 13 :40]
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