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Regard (Chronique hebdo)

Vladimir Poutine : le joueur d’échec !

Par Roody Edmé*

Spécial pour AlterPresse

L’annexion par la Russie de la Crimée suite à un référendum remportée haut la main par la majorité russophone fait souffler un vent polaire sur les relations entre Moscou et L’Occident.

Derrière cette partie d’échec et ce blizzard qui refroidit sérieusement les relations internationales se cachent des enjeux qui, selon un article du Courrier International, remontent à la guerre froide.

En effet, lors de l’implosion de l’Union Soviétique et la recomposition de la géo-politique de l’Est européen, des gages avaient été donnés à Moscou que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne devait s’étendre trop loin à l’Est. Et menacer ainsi un certain équilibre des forces en Europe déjà mis à mal par l’effondrement du bloc sous influence soviétique.

Or, la vérité est que de nombreux pays alliés de Moscou se sont empressés de choisir le camp occidental et siègent aujourd’hui au sein de l’alliance militaire dominée par les Etats-Unis. C’est le cas entre autres de la Pologne, de la Bulgarie, des Etats baltes etc.

L’Ukraine apparaissait comme le dernier maillon d’une chaîne qui s’était progressivement désintégrée et qui pouvait tomber à n’importe quel moment dans l’escarcelle de l’Alliance Atlantique. Et comme de fait, le pays sous la pression de la rue a rejoint le camp occidental.

La fierté russe avait depuis longtemps pris un coup devant la poussée idéologique et politique de l’occident qui tel un bélier enfonçait les portes de la mer baltique.

Suite à des propositions de l’Union Européenne, une bonne partie de la population ukrainienne n’a su et n’a pu résister à la « tentation de l’Europe ». D’autant que faire partie de ce club des nations occidentales c’est comme entrer dans les paradis artificiels d’une certaine abondance.

La grande presse occidentale aidant, les manifestants de la place Maiden à Kiev qui, réclamaient leur rattachement à l’Europe ont été présenté comme des nouveaux résistants au nouvel ordre totalitaire de Vladimir Poutine.

La vérité est que derrière cette affaire se cachent des enjeux géo-politiques qui dépassent les préoccupations de la population ukrainienne dans sa diversité. Il fallait donc s’attendre après la chute à Kiev, du chef d’Etat pro-russe Ianouchenko, à une réaction de bête blessée de la part de « l’ours polaire ».

La Russie de Poutine a donc brutalement abattu ses cartes. Se souvenant que la Crimée avait été offerte à l’Ukraine par Kroutchev aux temps de l’Union des Républiques Socialistes, et voulant montrer aux pays occidentaux qu’une ligne rouge avait été franchie, il fait une entrée remarquée en Crimée qui, désormais fait partie de la Russie.

L’Europe et les Etats-Unis ont réagi immédiatement par des sanctions ciblées contre certaines autorités russes. Et ces réactions montrent une certaine modération jusqu’ici pour éviter une escalade ; la troisième guerre mondiale n’aura pas lieu pour « sauver » la Crimée.

Et la guerre économique où tout le monde risque de perdre gros ne se fait pour le moment qu’à fleuret moucheté.

N’empêche que dans un domaine aussi sensible, un emballement est toujours possible et l’on ne sait vers quelles extrémités peuvent conduire l’orgueil des nations !

Le président Obama, un peu excédé par l’attitude de défiance de Poutine déclare que la Russie envahit ses voisins, mais nous, les Etats-Unis, nous n’avons pas eu besoin de le faire. Une déclaration qui peut faire sourire de l’autre coté du Rio Grande.

Quoiqu’il en soit, le monde assiste à un retour inopiné d’une version revue et corrigée de la guerre froide autour d’une Ukraine menacée de démembrement.

*Éducateur, éditorialiste