Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 30 mars 2014 [AlterPresse] --- Les rivières Guayamouc et Hinquitte, deux principales sources d’approvisionnement en eau de Hinche, sont devenues de véritables dépotoirs, observe l’agence en ligne AlterPresse.
On y jette des déchets organiques, des matières en plastique, de l’huile usée de moteur, de la peinture, des excréments et des cadavres d’animaux.
Le porte-parole adjoint du mouvement paysan de Papaye (Mpp), Philfrant St-Naré, invite les autorités municipales à se montrer responsables dans la gestion des déchets.
« J’ai vu, de mes propres yeux, des gens venir, avec des camions et des brouettes, déverser des ordures dans nos rivières », déplore-t-il.
La mairie de Hinche est accusée directement de polluer les rivières.
Plusieurs autres habitants de Hinche rapportent avoir constaté, à maintes reprises, des camions appartenant à la municipalité de la ville déverser des déchets dans la rivière Hinquitte.
« Nous n’avons d’autres choix que d’utiliser les rives pour placer les déchets », déclare à AlterPresse un fonctionnaire de la municipalité voulant garder l’anonymat.
« On les place ici. Quand il pleut, tout descend et la rivière n’a plus de déchets », dit-il.
Les résidents du village Kokoye (à 1 mètre de la rivière Guayamouc) somment les autorités locales de trouver un moyen pour gérer les déchets.
Marimode Jean, mère de 4 enfants, dont un bébé de 5 mois, indique ne pas comprendre pourquoi les gens veulent utiliser une rivière comme dépotoir.
« Je suis fatiguée, je veux quitter ce lieu. Il nous est impossible de continuer à vivre au milieu des excréments », déclare-t-elle, signalant également des cas d’enfants qui ont des boutons et autres problèmes de peau.
L’absence de contrôle des déchets a aussi des conséquences néfastes sur la pêche.
De plus en plus de personnes s’intéressent davantage aux poissons importés.
Le directeur départemental du ministère de l’environnement, Denis Jean-Baptiste, promet de travailler rapidement sur ce dossier, de concert avec les agents municipaux, en vue de trouver un emplacement spécial pour les déchets.
En attendant, la ville de Hinche n’est pas épargnée.
Les rues Capois La Mort, Anténor Firmin, Claire Heureuse, Bois Vernat, la Cité Nolas et Sully sont également transformées en dépotoirs.
Les canaux sont comblés de détritus. Les eaux d’évacuation n’ont nulle part ou aller, hormis la chaussée, ce qui pourrait favoriser des inondations.
Quelques millimètres de pluie suffisent pour inonder une bonne partie de la ville de Hinche, déclare péremptoirement Marco Pierre, ingénieur hydraulique de formation.
La direction départementale du ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc) semble être moribonde à Hinche.
Tous les équipements sont tombés en panne, confirme un responsable de l’institution, Presny Pierre, annonçant des démarches pour y remédier.
La réhabilitation de plusieurs kilomètres de rues à Hinche, entamée depuis septembre 2012, n’a pas été achevée.
Plusieurs quartiers, dont les rues sont abimées et les maisons endommagées, restent sous la menace constante des inondations, en cas de pluies. [ro kft rc apr 30/03/2014 1:35]