par Lafontaine Orvild
P-au-P, le 26 mars 2014 [AlterPresse] --- La plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) exhorte la population à combattre la corruption et à rester vigilante quant à l’opacité qui risque d’exister au cours des prochaines joutes électorales, annoncées pour la fin du mois d’octobre 2014.
Cet appel du regroupement des droits humains est lancé au vu du constat des menaces répétées aux libertés publiques et individuelles, durant l’année 2013 en Haïti.
Les situations sociales et politiques en Haïti, durant l’année 2013, sont tissées par un ensemble de faits qui ont constitué des menaces sérieuses quant au respect des droits humains et des acquis démocratiques en Haïti.
C’est ce qui découle d’un atelier de travail, animé le vendredi 21 mars 2014 par la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) et auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Rappelant différents faits ayant marqué la situation des droits humains au cours de l’année 2013, la Pohdh a voulu sensibiliser les participantes et participants à l’atelier de travail, en particulier les journalistes, sur les menaces aux libertés publiques et individuelles.
Droits civils et politiques bafoués
Contrairement aux prescriptions de la Constitution dU 29 mars 1987, les élections législatives, municipales et locales n’ont pas eu lieu en 2013, relève la Pohdh.
L’exécutif a fait fi des prescrits de la loi-mère afin de procéder au remplacement d’élus par des cartels de trois personnes nommées et qualifiées d’ « agents exécutifs intérimaires ».
Ce qui affaiblit le parlement haïtien et d’autres institutions étatiques, considère le regroupement d’organismes de défense des droits humains.
Parallèlement, la Pohdh souligne, en 2013, différentes arrestations arbitraires et illégales, des conflits entre les trois pouvoirs, judiciaire, législatif et exécutif et un scandale juridico-politique, à l’image du cas du juge Jean Serge Joseph, décédé, et des frères Enold et Josué Florestal maintenus en prison jusqu’à date (mars 2014) pour des motifs politiques.
Le juge Jean Serge Joseph était en charge de l’affaire opposant le ministère public aux nommés Sophia Saint Rémy Martelly, épouse du président, et Olivier Martelly, leur fils, accusés de corruption, de blanchiment, d’usurpation de fonction et dilapidation des fonds du trésor public.
De plus, l’insécurité a été à la hausse. Plus de 285 cas de morts suspectes ont été recensés en 2013.
Situation carcérale infernale
La situation de la population carcérale est infernale.
A côté des conditions infrahumaines dans les geôles, le nombre de détenus en attente de jugement dépasse de loin ceux qui ont comparu devant un juge.
Sur plus de 10 mille prisonniers, 6,724 détenus sont en attente de jugement, seulement 2,639 ont été condamnés et 435 femmes incarcérées, d’après la Pohdh.
Atteintes aux libertés publiques
La Pohdh relate, en 2013, la fermeture de stations de radios communautaires, des cas de brutalités policières contre des journalistes, sans oublier des agressions verbales du président Joseph Michel Martelly.
Des menaces ont également été proférées à l’endroit des journalistes dans l’exercice de leur fonction.
Les journalistes : Wadson Phanord, Etzer Cesar, Natacha Baselais, Rodrigue Lalanne, Jean Marc Hervé, Abellard Jeanty Junior, Mirabeau Louis et Claudy Roger, sont les principales victimes d’agression de la part d’agents présidentiels ou de policiers nationaux placés sur la tutelle des autorités de l’exécutif.
La sommation de la journaliste de la Radiotélévision Kiskeya, Lilianne Pierre-Paul, par le juge d’instruction controversé Lamarre Bélizaire, la répression de la population lors des manifestations, des mobilisations étouffées dans l’œuf, constituent des actes de violation des acquis démocratiques, signale la Pohdh.
Le problème d’accès à l’information dans l’administration publique est un autre point soulevé dans l’atelier de trvail du 21 mars 2014.
Précarité des personnes déplacées et programmes gouvernementaux louches
La Pohdh pointe du doigt la précarité des conditions de vie des personnes déplacées, victimes d’éviction forcée, d’insécurité, de promiscuité.
« Au lieu de renforcer les institutions compétentes, pour intervenir en la matière, des programmes d’assistance gouvernementale les ont plutôt affaiblies », affirme la Pohdh.
L’insécurité alimentaire, les manifestations contre la vie chère, la mobilisation des ouvrières et ouvriers contre le niveau fixé de salaire minimum journalier, les semaines de grève des enseignantes et enseignants, les manifestations d’élèves et d’étudiants, la recrudescence de l’épidémie choléra dans certaines zones dans le pays, la mobilisation pour demander le départ de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), ont été le lot des revendications de la population, restés insatisfaites en 2013, constate la Pohdh.
Migration clandestine
Le phénomène de boat people a également batttu son plein en 2013.
Plusieurs habitants n’ont pas cessé de migrer vers les Bahamas, le Brésil et la République Dominicaine, malgré les « couteaux tirés », entre les deux pays, sur la décision de la cour constitutionnelle rendant apatrides plusieurs milliers de Dominicaines et de Dominicains, d’ascendance haïtienne et vivant en territoire dominicain depuis 1929. [lo kft rc apr 26/03/2014 2:05]