Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 17 mars 2014 [AlterPresse] --- La tungose, une maladie cutanée parasitaire, connue sous le nom de « chique » [1], frappe actuellement les habitantes et habitants de diverses localités de Médor (sixième section communale de Petite Rivière de l’Artibonite), à 180 kilomètres au nord-ouest de Port au Prince, indiquent des sources concordantes à AlterPresse.
Depuis 2007, année de l’apparition de l’épidémie dans cette section communale, 127 cas de décès et plus de 1,125 cas de personnes contaminées ont été recensés, selon la coordonnatrice générale du groupe des femmes organisées pour le développement de Médor (Gfodm), Silencienne Marietane Balthazar.
Parmi les victimes de l’épidémie de chique, figurent des enfants âgés entre 12 à 16 ans, souligne le Gfodm, qui affirme avoir enquêté sur la situation prévalant dans la zone.
Caractérisée par des plaies au niveau de la peau des personnes atteintes, cette maladie, présente dans presque toutes les localités de Médor (Marinette, morne Georges, Haut Platon, nan fachèt, Sigala, Binot, Kaplesi, Zoranjeet vye Zoranje, Maugé, Bwajou), n’épargnerait personne.
Les personnes, vivant dans des conditions vulnérables, seraient les plus touchées par cette maladie, selon le Gfodm.
La majorité des habitantes et habitants de Médor marchent pieds nus, alors que le meilleur moyen de se protéger contre cette épidémie est de porter des chaussures.
La situation est critique dans la zone : les personnes atteintes ont des lésions douloureuses et des irritations, précise Silencienne Marietane Balthazar.
« Si rien n’est fait pour stopper cette épidémie, toute la commune de Petite Rivière de l’Artibonite risque d’être infectée », alerte-t-elle.
Contacté par AlterPresse, un habitant de la localité Haut Platon, Patrick Dorsainvil, confirme, lui aussi, combien cette maladie a déjà causé la mort de beaucoup de personnes à Petite Rivière de l’Artibonite.
« Je connais beaucoup de paysannes et paysans, ayant une vie difficile et ayant trouvé la mort après avoir été atteints de la maladie », rapporte-t-il.
Interrogé par AlterPresse, le directeur départemental (dans l’Artibonite) du ministère de la santé publique et de la population (Mspp), Robert Honoré - qui occupe ce poste depuis 2013 - reconnaît l’existence de l’épidémie à Médor.
Cependant, il dément les informations, selon lesquelles la tungose « connue sous le nom de chique » aurait causé la mort de 127 personnes à Petite Rivière de l’Artibonite.
« Effectivement, des cas de cette maladie ont été diagnostiqués, à Petite Rivière de l’Artibonite, par une équipe de techniciens de la direction sanitaire de l’Artibonite (Dsa) », déclare Honoré.
Le directeur sanitaire de l’Artibonite dit être courant de l’épidémie, à Petite rivière, il y a seulement quelques jours.
Les cas les plus urgents, une vingtaine environ, ont été pris en charge, et des médicaments, comme des antibiotiques, ont été distribués aux personnes atteintes, signale-t-il.
« Des chaussures, des souliers fermés et des vêtements vont être distribués aux malades et, en général, aux habitantes et habitants des localités atteintes », annonce-t-il.
Un comité de suivi, composé, notamment, du président du conseil d’administration de la section communal (Casec), du curé (catholique romain) de la zone, de médecins, d’infirmières, a été mis sur pied, en vue de contrôler l’évolution de cette épidémie, informe encore le directeur sanitaire de l’Artibonite.
Une délégation de la direction départementale du Mspp devrait retourner à Médor, au début de cette semaine, pour recueillir des informations supplémentaires, relatives à l’épidémie de chique. [em kft rc apr 17/03/2014 10:30]
[1] La maladie est provoquée par la puce-chique qui s’installe sous la peau