P-au-P, 13 mars 2014 [AlterPresse] --- Le combat des architectes aujourd’hui devrait se focaliser sur un type de construction approprié à la réalité du pays exposé à des risques de désastres découlant de cyclones et de séisme entre autres, suivant les échanges engagés lors d’un atelier organisé dans l’après-midi du mercredi 12 mars à Port-au-Prince.
Cet atelier est l’une des activités entreprises dans le cadre du 1er forum urbain national, tenue du 10 au 17 mars 2014 autour du thème « Construire la ville ».
Le forum offre une série de visites, de conférences et d’ateliers portant sur les modèles de construction les mieux appropriés pour les villes haïtiennes, en considérant les risques de manière générale, l’extension des villes et les actions à entreprendre pour les réhabiliter en terme de priorités.
« Cette nouvelle génération cherche une maison idéale » et c’est « le défi des architectes » de fournir la réponse à cette quête, estime Farah Hyppolite, un des deux principaux intervenants à l’atelier du mercredi 12 mars, axé sur la « réhabilitation du patrimoine ».
Au cours de cette rencontre, plusieurs modèles de constructions ont été mis sur la table, à l’image des GingerBread à Port-au-Prince, qui ont fait leur apparition en 1891.
Les GingerBread sont construites sur une base en béton haut de 50 cm en moyenne, entourées de galléries qui servent « de lieux de vie », et les « protègent des pluies », suivant les explications de Farah Hyppolite, architecte.
Elle est responsable à la Fondation connaissance et liberté (Fokal) d’un projet dont l’une des 3 phases consiste à restaurer environ 200 GingerBread dans l’aire de Port-au-Prince.
Ces maisons sont édifiées en bois et possèdent beaucoup d’ouvertures, des toitures pentues, et un remplissage en maçonnerie de roches, quand ce ne sont pas des briques qui renforcent la structure.
« Elles sont les maisons parfaitement adaptées à notre condition géographique (…) avec des vents, du soleil et des tempêtes », juge l’architecte Hyppolite.
Par ailleurs, « les GingerBread ont mieux résisté au tremblement de terre » qui a frappé Port-au-Prince le 12 janvier 2010, souligne Farah Hyppolite.
L’autre modèle est celui du Cap-Haïtien (Nord), remontant à l’intervalle de 1860 à 1880, réalisé après le dévastateur séisme de 1842, et présenté en la circonstance par l’architecte Alex Duquella.
Tenant compte de la réalité sismique, ce sont des maisons avec une base très forte, faite avec des matériaux durs, et qui deviennent de plus en plus légère en haut.
Ajouté à leurs structures de très gros et solides poteaux aux coins, des murs coupe-feu appelés pignons et des galléries plus hautes que la chaussée renforcent leur dessin.
Quant aux églises, les grands clochers sont remplacés par des petits, prenant en compte que les édifices catholiques avec les grands clochers ont été détruits par le tremblement de terre de 1842.
Il est aussi remarqué que les maisons à toitures en tuiles sont les dernières survivantes de ce séisme qui avait rasé la ville.
Certains membres de l’assistance appellent à la conservation des styles déjà existant dans chaque ville lors des travaux de réhabilitation.
Et pour Port-au-Prince, certains pensent que des modèles reprenant l’ancienne configuration de la ville devraient être proposés. [srh kft gp apr 13/03/2014 12 :45]