P-au-P, 12 mars 2014 [AlterPresse] --- Le non respect des engagements, pris par la République Dominicaine à l’issue de la réunion du lundi 3 février 2014, risque de compromettre l’avenir du dialogue binational, estiment des organisations de défense des droits des migrantes et migrants, contactées par AlterPresse.
Le Service jésuite aux migrantes et migrants (Sjm) et la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr) constatent, à date, le non respect des engagements de la République Dominicaine, à quelques jours du troisième round de dialogue binational, entre Haïti et la République Dominicaine, préalablement prévu pour le jeudi 12 mars, mais reporté au 20 mars 2014 à Jacmel (Sud-Est d’Haïti).
« Il ne devrait pas avoir de dialogue, sans le respect des engagements. On verra si, véritablement, le dialogue peut tenir pour longtemps », déclare Père Lissaint Antoine, directeur national du Sjm.
« Nous ne comprenons pas sa finalité. A quoi veut-il aboutir ? Pourquoi prendre un an pour dialoguer ? Est-ce qu’ils ont abordé les épineuses questions qui le méritent ? », se demande-t-il.
Jean Baptiste Azolin de la plateforme Garr abonde dans le même sens.
« Considérant l’allure que prend le dialogue, si l’Etat haïtien était conséquent, il ne devrait pas continuer les pourparlers », considère Azolin, exhortant le gouvernement du premier ministre Laurent Salvador Lamothe à poser certaines conditions pour sa poursuite, entre autres le retrait de l’arrêt 163-13 (en date du 23 septembre 2013) déclarant apatrides des centaines de milliers de Dominicaines et Dominicains, pour la plupart d’ascendance haïtienne.
« Le dialogue n’apporte rien pour Haïti. Rien pour la migration. Rien n’est encore fait et rien n’a changé », critique Azolin.
« Le dialogue n’a pas de raison d’être ».
Aux yeux de la plateforme Garr, le véritable bénéficiaire n’est autre que la République Dominicaine. Car, « sa stratégie a aidé à faire grandement baisser la pression internationale ».
Pour sa part, la chancellerie haïtienne se dit « très préoccupée » de la situation, dans une note en date du 27 février 2014.
Contrairement aux engagements, pris le 3 février 2014, les autorités dominicaines n’ont présenté, le jeudi 27 février 2014, au parlement dominicain, aucune loi additionnelle traitant de la situation des personnes nées sur le territoire dominicain et qui auraient été affectées par l’Arrêt TC/168-13 du Tribunal Constitutionnel, constate le gouvernement haïtien.
Haïti a exigé, des autorités dominicaines, des mesures appropriées pour garantir le respect des droits des citoyennes et citoyens, affectés par ladite sentence, conformément à la législation de la République Dominicaine et à ses engagements internationaux relatifs aux droits humains, rappelle le ministère haïtien des affaires étrangères.
Une note tardive, qui devrait avoir une autre orientation, montrant de préférence les frustrations haïtiennes, sans écarter la possibilité de cessation des discussions en cas de non respect des engagements pris, estime la plateforme Garr.
« C’est un rappel à l’ordre, demandant aux autorités dominicaines de respecter une promesse faite dans le délai qu’elles se sont elles-mêmes fixé », renchérit le Service jésuite aux migrantes et migrants.
Commerce, santé, tourisme et migration, devraient être les thèmes de discussion à la rencontre du jeudi 20 mars 2014, dans la perspective de la signature de nouveaux accords. [mm kft rc apr 12/03/2014 9:30]