P-au-P, 15 mars 2014 [AlterPresse] --- Des travaux d’arpentage de terrains vont être effectués à l’Ile-à-Vache (Sud) pour pouvoir délivrer des procès-verbaux aux habitantes et habitants de la zone, en guise de titres de propriété reconnus par l’État, dans le cadre de la mise en œuvre du projet destination touristique, fait savoir le responsable de la direction générale des impôts (Dgi), Jean-Baptiste Clark Neptune.
Cette mise à disposition de documents, tenant lieu de titres de propriétés à l’intention des habitants de l’Ile-à-Vache - qui occupent certains espaces concernés par le projet touristique gouvernemental - montre que ces gens ne seront pas expulsés, tente de rassurer Neptune, lors d’une conférence de presse, le lundi 10 mars 2014, sur les dispositions prises pour satisfaire les attentes de la population qui manifestait contre le projet.
Ce projet « destination touristique » a soulevé des doutes dans l’esprit des habitantes et habitants, quant à leur éventuelle expulsion forcée par le gouvernement, une action si familière au pouvoir.
D’ailleurs, le plan envisagé n’a pas été préalablement discuté avec les familles habitant l’île depuis de nombreuses années.
Plusieurs organisations paysannes ont dénoncé [l’accaparement, de force, des terres paysannes dans le Nord et le Nord-Est par l’actuelle administration politique, au profit de firmes transnationales.
Quoique le gouvernement argue du contraire, en mettant les protestations sur le compte d’éventuels opposants à la politique en cours depuis mai 2011, les suspicions demeurent.
Plusieurs organisations persistent à voir le projet destination touristique à l’’Ile-à-Vache comme une façon de s’accaparer des terres des paysannes et paysans, de les expulser de l’ile et de les transformer en ouvrières et ouvriers dans des zones franches, ce qui reste le cheval de bataille économique gouvernementale en guise de création d’emplois.
Dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet gouvernemental, un arrêté - publié dans le journal officiel de la république, « Le Moniteur », le 10 mai 2013, classe le territoire de la commune de l’Ile-à-Vache comme « zone réservée et zone de développement touristique ».
Cet arrêté donne des prérogatives, au gouvernement, pour effectuer le plan d’aménagement de l’Ile-à-Vache, à travers des prérequis légaux qui sont nécessaires pour fixer les normes de construction, explique la titulaire du ministère du tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin.
Les gens vivant sur l’Ile n’ont jamais eu de titres de propriété, souligne Neptune, indiquant que les îles font partie de ce qu’on appelle le domaine public de l’État.
Il n’existe, jusqu’à maintenant, aucune procédure, clairement tracée par la loi et permettant de céder une telle propriété, même domaniale, c’est-à-dire une propriété du domaine privé de l’État, avance Clark Neptune.
La majorité des agglomérations, occupées par les habitantes et habitants de l’ile-à-vache, ne se trouveraient pas sur les espaces destinés à la construction des hôtels pour le projet touristique, mais sont situées notamment à Madame Bernard, Kay kòk, selon la ministre Villedrouin.
Des initiatives de développement, liées à la construction des hôtels, vont avoir lieu sur la pointe-ouest de l’Ile, où se trouvent les plages, ajoute-t-elle.
Sur deux mille résidences à l’’Ile-à-vache, une centaine de maisons, seulement, pourraient être concernées par le processus de relocalisation visant à faciliter ces constructions.
Des dispositions vont être prises, par la Dgi, pour compenser les familles concernées, ou leur construire une nouvelle maison dans une zone plus éloignée.
« Il n’y aura pas de relocalisation arbitraire », fait savoir Balmir Villedrouin.
La ministre déléguée auprès du premier ministre et chargée des droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême, Marie Carmelle Rose-Anne Auguste, tiendra des pourparlers avec les habitantes et habitants protestataires.
Des centres et une radio communautaires, une centaine de maisons rénovées et 50 lampadaires sont déjà établis à l’Ile-à-Vache.
La construction des hôtels devrait démarrer, en 2014, pour que l’Ile devienne une destination touristique internationale d’ici 2016, souhaite le gouvernement de Laurent Salvador Lamothe. [emb kft rc apr 15/03/2014 2:00]