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Haïti-Droits humains : Un rapport du département d’Etat souligne la persistance de graves dérives sous Martelly

Le gouvernement rejette le document considéré "acceptable" par des secteurs de droits humains

P-au-P, 10 mars 2014 [AlterPresse] --- Au cours de l’année 2013, une situation de non respect des droits des citoyennes et des citoyens prévaut encore dans la société haïtienne, sous la présidence de Joseph Michel Martelly, indique un rapport du département d’État américain, paru le 27 février 2014 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

En dépit du contrôle des autorités sur les forces de sécurité, « le personnel chargé de faire respecter les droits commet, pourtant, des abus », souligne le rapport du bureau de la démocratie, des droits humains et du travail du Département d’État étasunien.

Cette réalité occasionne « une faiblesse de la gouvernance démocratique », « une insuffisance de la primauté du droit », « un système judiciaire déficient », ajoutés à « une corruption chronique dans toutes les branches du gouvernement », avance le document, faisant un survol de la situation globale en 2013, en Haïti.

« Des fonctionnaires continuent de pratiquer la corruption », en dépit des menaces de poursuites légales.

Faisant mention des arrestations arbitraires qui persistent, du respect des libertés civiles, du respect des droits politiques, incluant le droit des citoyennes et citoyens de changer de gouvernement, le document contient 7 sections, traitant de la liberté et de l’intégrité des personnes.

Les élections, qui devraient avoir lieu depuis 2011, n’ont toujours pas été organisées, relève le rapport du département d’État américain.

Le manque de transparence dans les pratiques gouvernementales, les violences conjugales, le manque de ressources adéquates et légales pour promouvoir et renforcer les mécanismes de respect des droits des enfants, sont d’autres manquements graves aux droits humains signalés.

Le gouvernement a, néanmoins, accompli des efforts en ce qui a trait à l’amélioration des conditions de travail, signale le rapport, évoquant la reconnaissance de nouveaux syndicats par le ministère des affaires sociales et du travail (Mast).

Le département d’État américain souligne, en même temps, l’absence de cadre légal pour réglementer certaines réalités, ou freiner des dérives.

Le gouvernement haïtien n’a pas tardé à rejeter le rapport du département d’État.

Karl Jean Louis, chef de cabinet du premier ministre Laurent Lamothe a déclaré en conférence de presse lundi que les affirmations contenues dans le document ne correspondent pas à la réalité. Il a promis une réponse formelle de l’équipe gouvernementale.

De son cöté, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), accueille favorablement le rapport considéré « acceptable », car, dit-il à AlterPresse, l’implication du gouvernement américain dans le dossier haïtien l’empêche d’aller plus loin.

Pour Espérance, le rapport reflète toutefois peu la réalité, car la question de la corruption n’est pas suffisamment étayée, ni celle de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, ainsi que la vassalisation des institutions clés de l’État.

Ce rapport est publié, alors que, le jeudi 6 février 2014, le président Michel Martelly a été reçu à la maison blanche américaine par Barack Obama.

A l’issue d’une rencontre avec le secrétaire d’État américain John Kerry, celui-ci avait fait part de son respect pour « la voie, sur laquelle » Martelly aurait placé le pays caraibéen. [srh kft rc apr 10/03/2014 17:00]