Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 07 mars 2014 [AlterPresse] --- Contrairement aux affirmations des autorités haïtiennes, la violence armée est en augmentation dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, relève la Commission épiscopale nationale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique romaine, dans son 49e rapport sur la violence, couvrant les mois d’octobre à décembre 2013.
184 décès par balles, sur 321 cas de victimes de violence, ont été enregistrés au cours du trimestre passé, dans ce rapport publié en mars 2014 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
179 décès par balles, sur 284 victimes de violence, ont été, par contre, signalés pour le trimestre précédent (juillet à septembre 2013).
On compte 108, 117 et 96 victimes de violence, respectivement, pour les mois d’octobre, novembre et décembre 2013.
Le nombre d’assassinats par armes blanches s’élève à 50 cas pour ces 3 derniers mois, par rapport à 35 pour la période précédente.
30 assassinats, sur l’ensemble de ces cas observés, sont des lynchages pour des actes de vol.
D’octobre à décembre 2013, 46 victimes mortelles du trafic routier ont été recensées, contre 53 victimes pour le trimestre précédent.
« De nombreuses personnes de modeste condition continuent à être victimes des actes de violence, notamment dans les quartiers populaires, comme à Cité Soleil où la violence s’amplifie chaque jour », déplore Jilap.
La commission critique la circulation des armes à feu, faite, selon elle, en dehors de tout respect de la loi et avec l’implication d’autorités et de simples citoyens.
Soulignant une absence de désarmement des citoyens et des groupes armés, l’organisme de défense des droits humains fait remarquer aux autorités haïtiennes qu’elles ne pourront pas cacher la réalité sécuritaire par la propagande.
« Les deux parties (la Mission des Nations unies de stabilisation en Haïti / Minustah et le gouvernement) sont conscientes de l’amélioration du climat sécuritaire et de la bonne performance de la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour l’année 2013 », a avancé le premier ministre Laurent Lamothe, dans une note rendue publique le mardi 21 janvier 2014.
Contrôler et publier des informations dans la transparence, en ce qui concerne le commerce d’armes dans le pays, cesser les pratiques liées à la violence armée, dans les quartiers populaires et au niveau étatique, en vue du contrôle du pouvoir, sont parmi les recommandations formulées par Jilap.
Elle estime nécessaire une déconstruction de la violence institutionnelle pour une reconstruction de la dignité de l’homme haïtien et de la femme haïtienne, dans un processus démocratique, respectueux des droits humains et à travers une conscience citoyenne par l’éducation.
« Déconstruire la violence institutionnelle signifie réformer les institutions et les porter à tenir compte des valeurs citoyennes », explique-t-elle.
Les blocages à la lutte contre l’insécurité incluent, entre autres, l’absence d’expertise médico-légale sur les corps des victimes de mort violente.
En ce sens, Jilap appelle les autorités à prendre des dispositions pour effectuer l’expertise médico-légale pour toutes les personnes victimes de violence, opération capitale pour toutes les phases judiciaires qui suivront.
Des dispositions doivent être également prises, dans le trafic routier, par le ministère des travaux publics, pour réparer tous les égouts qui représentent une menace dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince. [emb kft apr 07/03/2014 14:40]