Correspondance Gerdy Jérémie
Jacmel, 6 mars 2014 [AlterPresse] --- Trois personnes (deux hommes et une femme) ont été blessées par balles, dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 mars 2014, lors d’un incident impliquant un agent de la police nationale d’Haïti (Pnh) au carnaval de Marigot (département du Sud-Est).
Dieubenit Toussaint, l’une des victimes, sortie grièvement blessée et principale concernée dans cette affaire, a expliqué sa version des faits à AlterPresse.
Le jeune homme affirme qu’il a été retenu par un policier national, alors qu’il tentait de sortir de la foule de fêtards.
L’agent de police lui aurait tiré une balle dans la cuisse, avant de tenter de le tuer, ajoute-t-il.
« Quand j’ai vu que j’étais atteint et qu’il était sur le point de me tuer, j’ai crié pitié au policier. Il m’a répondu qu’il n’en avait rien à faire. C’est alors que les gens ont volé à mon secours », témoigne le jeune homme.
Une version des faits, à laquelle l’inspecteur de police Jean-Robert Noël, responsable du commissariat, a apporté un démenti formel.
Le citoyen Dieubenit Toussaint se serait opposé à la police, qui lui a interdit de franchir un barrage, selon l’inspecteur Noël.
Après s’être violemment disputé avec l’agent de police mis en cause, il aurait tenté de saisir l’arme du policier qui a riposté par des tirs, dont Dieubenit Toussaint est sorti victime.
Après l’incident, les autres policiers nationaux ont regagné le commissariat en vue de rapporter les faits, souligne l’inspecteur Noël.
L’incident a provoqué une vive tension dans la commune de Marigot, située à une vingtaine de km à l’est de Jacmel.
Entre-temps, le policier accusé aurait essayé de s’enfuir avec le véhicule pickup pour échapper aux éventuelles représailles de la foule.
Un véhicule pickup immatriculé 7-09 de la Pnh a été considérablement endommagé par des jets de pierres, et une motocyclette incendiée, dans l’enceinte même du commissariat, par une foule en colère contre les agents de la police administrative cantonnés à ce commissariat.
Une voiture, garée à proximité du commissariat, a également été incendiée.
« Des individus nous ont envahi et vandalisé le commissariat, tiré des projectiles et lancé des pierres dans notre direction. À ce moment-là, nous étions obligés de nous défendre. Nous étions en mode défensif », explique l’inspecteur Noël.
Les deux autres blessés par balles sont, en fait, des victimes des tirs d’individus armés dans la foule, soutient le policier national.
En réaction, Midy Fifon Myrthil, président de la commission exécutive intérimaire de la commune de Marigot, dit déplorer cet incident regrettable, qu’il qualifie de « vagabondage ».
Mixony Colo, secrétaire général de l’initiative de la société civile de Marigot, (Isocima), condamne avec véhémence cet affrontement, qui, selon lui, ne fait pas honneur à ladite commune.
Il a profité pour exprimer ses inquiétudes par rapport à une flambée d’insécurité et d’actes de criminalité, qui sévissent dans la zone depuis quelque temps.
Ce genre d’incidents serait de nature à fragiliser davantage la commune.
« Avec quatre (4) policiers, dont l’inspecteur et trois autres, équipés de seulement deux véhicules (un pickup et une motocyclette) pour desservir une population estimée à près de 74 mille habitantes et habitants, la situation était déjà insoutenable », analyse-t-il.
Le secrétaire de l’Isocima plaide en faveur d’une augmentation rapide de l’effectif des agents de la Pnh, attachés au commissariat de la commune de Marigot, en vue de palier la faiblesse sécuritaire.
Le calme est revenu à Marigot, depuis le mercredi 5 mars 2014.
Des agents de l’unité départementale de maintien d’ordre (Udmo) assurent présentement la sécurité du commissariat de Marigot.
Aucune enquête n’a été annoncée autour des faits, enregistrés dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 mars 2014. [gj kft rc apr 06/03/2014 13:00]