P-au-P, 6 mars 2014 [AlterPresse] --- Dénoncer les auteurs de crimes, peut contribuer à la lutte contre l’impunité en Haïti, selon ce qui ressort d’une conférence-débats de la commission épiscopale Justice et Paix (Jilap), le vendredi 28 février 2014 à Port-au-Prince.
« Quand nous laissons fonctionner la société dans l’impunité, nous ne contribuons pas à lutter pour la dignité de la personne humaine », déplore le prêtre Jean Hanssens, consultant à la Jilap, soulignant un manque de dénonciation des auteurs de crimes par la population.
Lors de cette conférence à laquelle a assisté AlterPresse, le père Hanssens critique aussi l’absence de sanctions réelles contre des criminels.
Ces derniers temps, on assiste à une vague d’insécurité dénoncée par plusieurs secteurs de la vie nationale.
Le coordonnateur général de la plateforme des organisations de droits humains (Pohdh), Daniel Dorsinvil, et sa femme Girldy Larêche ont été tués par balles, le samedi 8 février 2014, dans l’aire du Canapé Vert (à l’est de la capitale).
Cinq bandits sont arrêtés dans le cadre de l’enquête en cours sur ce décès.
Quotidiennement, deux crimes sont commis dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, indique le père Hanssens se référant au rapport de la Jilap couvrant la période d’octobre à décembre 2013.
Ce rapport a été rendu public le jeudi 27 février 2014.
La peur de dénoncer les auteurs de crimes est également le résultat de la dictature duvaliériste (1957-1986) qui a participé, en ce sens, au conditionnement de l’esprit des Haïtiennes et Haïtiens, avance un participant aux débats, Stephen Phelbs, agronome de formation.
L’éducation telle qu’elle existe aujourd’hui contribue à augmenter l’impunité dans la société, renchérit le père Hanssens.
Il n’y a aucun pas significatif de franchi dans la justice, constate t-il, déplorant une culture de l’impunité qui marque la vie sociale haïtienne.
L’impunité devient un problème social impliquant tous les pouvoirs de l’Etat, notamment la justice, critique t-il.
La justice ne s’intéresse pas à lutter contre l’impunité qui gagne de plus en plus de terrain, ajoute t-il dénonçant, entre autres, comme causes : la corruption qui règne dans la justice et la mauvaise gestion de l’Etat.
Les procédures judiciaires doivent être utilisées pour défendre les droits des personnes contre les abus et non à des fins malhonnêtes, préconise le père Hanssens, regrettant le fait que la loi sert souvent de prétexte à l’impunité.
L’immunité ne doit pas être utilisée comme une couverture pour exercer des abus contre les individus, souhaite t-il. [emb kft gp apr 6/03/2014 9 :25]