P-au-P, 28 févr. 2014 [AlterPresse] --- « Ce matin, il respirait avec difficulté. Il était dans la cuisine, assis sur une chaise, le visage pâle. Il avait des difficultés respiratoires. Au même moment, j’ai appelé une personne pour l’emmener à l’hôpital ».
C’est le témoignage d’Evelyne (Lynn) Magron, épouse de Guy Alexandre, décédé d’une crise cardiaque, ce vendredi 28 février 2014, aux environs de 8:00 am locales (13:15 gmt).
Guy Alexandre est mort à l’âge de 68 ans, laissant une fille et trois petits enfants qui vivent actuellement en France.
« Tous les diagnostics révélaient qu’il était à peu près normal. Mais il était épuisé : trop de stress, de surmenage. Il lui fallait du repos, il a fait les trois semaines de repos obligatoire. En début de semaine, le médecin lui avait dit que tout était normal, il avait perdu du poids, il maigrissait. Pourtant, ce lundi 24 février 2014, le médecin lui avait dit de recommencer à travailler, mais lentement. Ce qu’il avait fait », confie son épouse Lynn Magron.
Ces derniers temps, après la sentence de la cour constitutionnelle dominicaine de dénationalisation de milliers de Dominicaines et de Dominicains, d’ascendance haïtienne en majorité, Guy Alexandre avait des positions très radicales par rapport à cette sentence (du 23 septembre 2013), rapporte à AlterPresse Colette Lespinasse, ancienne coordonnatrice du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
« La mort de Guy est un coup dur, pour toutes celles et tous ceux qui militent dans le domaine des droits humains, plus particulièrement sur le droit des migrantes et migrants. Lors de la célébration des 20 ans d’existence du Garr (en décembre 2011), il avait reçu une plaque de remerciements, pour ses efforts dans la lutte visant à faire connaître la situation des migrantes et migrants en République Dominicaine », rappelle Lespinasse.
« Il était devenu une référence sur cette question », indique-t-elle.
Guy Alexandre disait souvent qu’il faut dénoncer le courant ultra-nationaliste dominicain, qui essaie d’obtenir une certaine confrontation entre les deux pays et de construire un courant idéologique anti-haïtien. Ce qui est très dangereux pour le peuple haïtien.
Ce jeudi 27 février 2014, lors de la célébration du 170e anniversaire de l’indépendance de la République Dominicaine (1844-2014), le gouvernement dominicain annonçait qu’il allait présenter une loi sur la sentence de la cour constitutionnelle dominicaine devant le parlement dominicain.
Professeur d’université ces dernières années en Haïti, ancien ambassadeur d’Haïti (à deux reprises) en République Dominicaine, ancien membre du Mouvement d’action démocratique (Mad après la chute de la dictature des Duvalier le 7 février 1986), ancien professeur au Collège privé Kayanou, Guy Alexandre avait mis sur pied le Collectif haïtien sur les migrations et le développement (Cohamid).
Un des objectifs du Cohamid, regroupant des universitaires et personnalités travaillant dans le domaine des droits humains dans le pays, est de conduire des plaidoyers et divers types d’interventions sur la question migratoire.
Ce vendredi 28 février 2014, Guy Alexandre devait avoir des rencontres avec des actrices et acteurs militants dans le domaine des droits des migrantes et migrants.
Ce qu’il n’a pas eu, malheureusement, le temps de faire, regrette Colette Lespinasse, très éplorée par cette disparition subite.
Auteur d’un ouvrage autour des relations entre Haïti et la République Dominicaine, Guy Alexandre avait actualisé un document de 29 pages, réalisé entre avril et mai 2013 par le Garr, dans lequel cette institution proposait à l’État haïtien d’adopter une politique migratoire ouverte, mais protectrice des droits fondamentaux. [jep kft rc apr 28/02/2014 15:40]