P-au-P, 27 févr. 2014 [AlterPresse] --- Le parti politique Fusion des sociaux-démocrates haïtiens (Fsdh) déplore l’attitude de l’exécutif de transformer le carnaval haïtien en un espace de propagande exclusive pour son compte, dans une note de presse datée du 27 février 2014 et transmise à AlterPresse.
L’instrumentalisation du carnaval, par le pouvoir exécutif, pour régler des comptes politiques et faire taire toutes voix dissidentes, est inacceptable, s’insurge la Fusion.
L’exclusion des groupes musicaux, ne s’alignant pas sur le discours officiel, comme Brother’s Posse et « Kanpèch », constitue une violation de la Constitution haïtienne de 1987 et une menace certaine pour la démocratie, condamne le parti politique Fusion.
Une prestation du groupe Brother’s Posse a été stoppée par des agents de la Police nationale, affectés à Moron (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest) à coups de gaz lacrymogènes, dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 février 2014.
Brother’s Posse doit animer un spectacle, le samedi 1er mars 2014, à l’Estère, commune située à 24 kilomètres au sud des Gonaïves, où doit se dérouler un carnaval délocalisé (après Cap-Haïtien / Nord en 2013 et Les Cayes / Sud en 2012) les dimanche 2, lundi 3 et mardi 4 mars 2014, suivant une disposition gouvernementale.
Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) a invité les autorités au respect des droits des groupes musicaux, dont les meringues carnavalesques critiquent des actions gouvernementales, dans une lettre ouverte adressée à la titulaire du ministère de la culture, Josette Darguste.
« Le comité technique du carnaval a ses propres critères de sélection », qui seront rendus publics prochainement », réagit, de manière laconique, Darguste, sans donner le moindre petit détail sur ces critères, lors d’une conférence de presse donnée au bureau du premier ministre, Laurent Salvador Lamothe, ce jeudi 27 février 2014.
L’attitude d’interdire de défiler, au carnaval, les groupes musicaux, jugés critiques face à la présidence de Joseph Michel Martelly, soulève la grogne de nombreux musiciens, secteurs politiques et sociaux.
C’est, « étrangement », le président de la république, Joseph Michel Martelly qui décide, selon ses caprices, de choisir les groupes musicaux devant participer aux défilés, à la place du comité chargé d’organiser le carnaval national, dénonce le Rnddh.
Réaffirmant sa foi dans la bataille pour le droit à la liberté d’expression et pour le respect des droits démocratiques, le parti politique Fusion appelle, pour sa part, toutes les forces démocratiques du pays à ne pas rester passives face à l’arbitraire du pouvoir.
« La censure de tout opposant, dans les médias publics, et la mainmise sur certains médias privés expriment clairement la direction du pouvoir vers un ordre (d’agissements), rejeté par la population haïtienne au prix de grands combats », s’inquiète la Fusion.
Le parti rappelle, par ailleurs, que l’argent, utilisé pour organiser le carnaval, provient du trésor public et « appartient, en conséquence, au peuple et au peuple seul ».
Interrogé sur la mise à l’écart de certains groupes, Martelly a argué - contrairement à ses pratiques antérieures de chanteur « sweet Micky » - que ceux qui « critiquent l’État » ne sauraient bénéficier de « l’argent de l’État », laissant entendre que l’État haïtien et son administration politique étaient, de fait, allergiques aux voix discordantes. [emb kft rc apr 27/02/2014 13:10]