Actualisé le 25 février 2014
Par Francesca Théosmy
P-au-P, 24 févr. 2014 [AlterPresse] --- Gonaïves, chef-lieu du département de l’Artibonite (Nord) s’apprête à accueillir les principales festivités du carnaval dans cinq jours, alors que plus d’une centaine de méringues tournent en boucle dans les stations de radio et de télévision.
Port-au-Prince a connu, le week-end écoulé, ses dernières activités pré-carnavalesques, réservées surtout aux Disc Jockeys (Dj) avant les trois jours du carnaval, les dimanche 2, lundi 3 et mardi 4 mars 2014.
Certaines de ses plus grandes communes, telles Pétionville, Carrefour ou encore Delmas, ont tenu leur propre carnaval durant le week-end, tandis que la 23e édition du carnaval de Jacmel (Sud-Est) s’est tenue le dimanche 23 février 2014.
La grande fête, cependant, aura lieu aux Gonaïves, où dix-sept groupes musicaux défileront.
Parmi eux, figurent les très populaires « Djakout #1 » et « T-Vice », la révélation du carnaval de l’an dernier « Anbyans », et de petits nouveaux sur le parcours, à l’image de « Compas au féminin » et « Simbi extra ».
Un grand absent : le groupe « Brothers posse » de l’artiste « Don Kato »( de son vrai nom Antonio Chéramy).
Rare voix discordante du paysage carnavalesque, « Brothers posse » - qui a récidivé avec une méringue titrée « Chochonèt », véritable portrait au vitriol du chef de l’État Michel Martelly - se voit, pour la troisième fois, refuser une participation au défilé.
Très peu de groupes ont affiché ce choix, oscillant entre critique et dérision du pouvoir en place.
Outre les « leve de men anlè » (Levez les deux mains en l’air) habituels, la plupart des méringues s’en prennent plutôt à la République Dominicaine voisine.
Le thème « Tèt kole pou yon Ayiti pi djanm » (Union pour une Haïti plus forte) est aussi très présent.
Pour l’instant, rien ne filtre sur la tendance artistique de ce carnaval dans la Cité de l’indépendance, et l’on ne s’attend, du coup, à aucune surprise côté déguisement et masques. Le comité a annoncé la construction de sept chars allégoriques, sans plus.
Depuis le début, néanmoins, les autorités ont affiché un focus très net sur les infrastructures historiques, dont regorge le département de l’Artibonite.
A cet égard, le traditionnel bal des rois et reines aura lieu au Palais des 365 portes, vieux de 198 ans.
En dernière heure, le traditionnel bal des reines et des rois se tiendra plutôt au village des Dattes, dans la ville des Gonaïves, selon les informations obtenues par AlterPresse.
Ce palais a été rénové pour l’occasion, de même que plusieurs infrastructures allant des routes aux sites de loisirs, tels les Sources chaudes à Anse Rouge (50 kilomètres des Gonaïves).
Si l’on en croit une annonce du président Martelly, au début de l’année 2014, tous ces travaux ont nécessité 5 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 45.00 gourdes ; 1 euro = 63.00 gourdes aujourd’hui).
Les lieux sacrés du vodou, Soukri, Badjo et Souvnans, sont, malgré ce cachet, traités en parents pauvres. Ils pourraient, pourtant, recevoir un grand nombre de visiteuses et visiteurs.
De plus, les journalistes culturels de la zone se plaignent de leur mise à l’écart par les autorités, selon ce qu’a rapporté la radio Vision 2000.
Durant les trois jours du carnaval, d’autres mécontents pourraient s’ajouter à ces journalistes.
Il n’y aurait que 390 chambres d’hôtels et 2 mille maisons d’hôtes aux Gonaïves. Les hôtels sont, en plus, critiqués pour leur faible capacité d’accueil.
Par ailleurs, les autorités policières auront fort à faire pour sécuriser la fête, qui réunira des centaines de milliers de personnes et que le gouvernement actuel tente vainement de transformer en vitrine touristique.
L’an dernier au Cap-Haïtien (Nord), il y a eu pas moins de 676 blessés.
Cette année 2014, les dimanches pré-carnavalesques ont démontré une persistance de cette violence.
Au moins trois cas de blessures par balles ont été rapportés à la rédaction d’AlterPresse. [kft gp apr 24/02/2014 15:25]
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