Lettre ouverte du Collectif Haïti de France (CHF) et de la Plateforme d’Associations franco-haïtiennes (PAFHA) à Michel Martelly
Document transmis à AlterPresse le 20 février 2014
Monsieur le Président de la République d’Haïti,
Le Collectif Haïti de France (CHF) et la Plateforme d’Associations franco-haïtiennes (PAFHA) rassemblent 140 associations membres et 150 individus membres. Nos réseaux composés à la fois de migrants haïtiens et de citoyens français solidaires d’Haïti tiennent à vous souhaiter la bienvenue en France et à vous faire part également d’une série de préoccupations formulées dans le cadre de notre engagement de solidarité envers Haïti, de soutien à sa souveraineté, et d’attachement au respect des droits fondamentaux des citoyens haïtiens de l’intérieur et de la diaspora.
Nos mouvements s’inscrivent depuis plus de 20 ans dans une démarche qui consiste à venir,
• en soutien au processus démocratique et aux dynamiques de développement local menés par les partenaires haïtiens de nos associations membres et par nos partenaires directs. C’est pourquoi nous tenions à attirer votre attention sur la situation inextricable dans laquelle se trouvent les collectivités territoriales haïtiennes, depuis la révocation des maires survenue en mai 2012, alors qu’elles se trouvent engagées de longue date dans des actions de coopération décentralisée, et de structuration de la vie communale, avec des collectivités territoriales et partenaires français.
• en soutien aux droits civils et politiques du peuple haïtien. C’est pourquoi nous tenions à vous faire part de notre plus haute préoccupation quant à l’arrêt TC168-13 de la Cour Constitutionnelle dominicaine en date du 23 septembre 2013, rendant apatrides des centaines de milliers de citoyens dominicains d’origine haïtienne. Nous souhaitons que l’État haïtien puisse entreprendre toutes les actions en son pouvoir afin que la République Dominicaine abroge cet arrêt.
Dans ce cadre, il nous semble important également de vous exprimer notre stupéfaction et notre inquiétude quant à l’assassinat récent des époux Dorsinvil, défenseurs des droits de l’Homme. Par ailleurs, nous regrettons que la Cour d’appel de Port-au-Prince, tarde encore à publier sa décision finale dans le cadre de l’instruction du dossier Duvalier.
Enfin, il nous parait primordial que l’État haïtien puisse donner la possibilité à la diaspora Haïtienne d’accéder à une citoyenneté pleine et entière. La communauté reconnaît les avancées sur le respect des droits des Haïtiens de l’extérieur mais continue de penser qu’elle restera – malgré elle - extérieure à la vie politique d’Haïti, tant que le droit de vote ne sera pas effectif pour les Haïtiens de l’extérieur.
• en soutien aux droits économiques, sociaux et culturels du peuple haïtien. C’est pourquoi nous tenions à vous sensibiliser sur les fonds destinés au "Programme pour une Scolarité Universelle Générale et Obligatoire" (PSUGO) qui ne parviennent pas intégralement à l’ensemble des écoles fondamentales publiques du pays, ce qui semble bloquer tous les rouages du système scolaire, et in fine l’éducation des enfants haïtiens.
Sur ces points, une nette amélioration des actions du gouvernement haïtien en direction des cadres et professionnels haïtiens ou d’origine haïtienne dont la formation a été effectuée ou complétée en France et qui souhaitent contribuer au développement d’Haïti, est une nécessité de premier ordre.
Nos inquiétudes nous conduisent donc, Monsieur le Président, à vous alerter et à vous demander de veiller au respect des moyens constitutionnels, légaux et réglementaires dont vous êtes le garant assermenté, pour faire de la démocratie et du respect des droits fondamentaux des enjeux de premier ordre pour la réussite d’Haïti et de son peuple.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos respectueuses salutations.
Le Collectif Haïti de France et la Plateforme des Associations franco-haïtiennes
Paris, le 20 février 2014
Copie au Ministre des Affaires étrangères français
Copie au Ministre délégué au développement français
Copie à la Presse française et haïtienne
Copie à chaque membre adhérent