P-au-P, 18 févr. 2014 [AlterPresse] --- La signature du tant attendu accord, entre les pouvoirs exécutif, législatif et des partis politiques, fruit du dialogue inter haïtien, dont la médiation est assurée par la conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh), n’est toujours pas une réalité, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Comme en été 2012, pour le conseil électoral provisoire, le président Joseph Michel Martelly a fait promulguer une liste incomplète des juges de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca).
La promulgation complète est, pourtant, la condition, exigée par le législatif, pour parapher l’accord.
De crise en crise, vient d’être raté le timing recherché par la communauté internationale, dont le Vatican qui a désigné le premier cardinal haïtien [1]
Politique
La signature de l’accord du dialogue inter haïtien : déjà 2 reports !
Avortée le jour de la Saint-Valentin, le 14 février 2014, la signature de l’accord - entre exécutif, parlement et des partis politiques - n’a pas pu être effective le 15 février 2014.
Martelly s’attire la désapprobation du parlement en ne promulguant qu’une liste de 7 sur 10 juges de la Cscca, élus par le sénat depuis 5 mois (août 2013).
Les noms de Méhu Mélius Gaston, Neltha Marie Féthière, Rogavil Boisguene auraient été retenus sous scellés, pour irrégularités dans leurs diplômes.
Quand Martelly tient à faire son vetting, même un nouveau cardinal, Mgr. Chibly Langlois, encore moins le président du grand corps, le sénateur Dieuseul Simon Desras, ne saurait l’en empêcher ?
Bien avant, les partis Fanmi Lavalas, Fusion et « Kontra pèp la » ont laissé, le 12 février 2014, la table des pourparlers, flairant « un piège » dans les conclusions concoctées avec un ensemble de partis politiques favorables à l’actuelle administration politique.
Gouvernement d’ouverture, organisation d’une seule élection, avec la transformation du collège transitoire de gestion du conseil électoral provisoire (Ctcep) en Conseil électoral provisoire : tel est l’essentiel de cet accord, dont le processus est émaillé de dissensions !
Alors que la crise perdure, Martelly va rencontrer, le lundi 24 février 2014, le pape François, en marge de la création du nouveau cardinal haïtien. Il a déjà été au Vatican, lors du pontificat précédent de Benoit XVI.
Martelly veut-il un titre de guide suprême de la nation ?
Le vendredi 14 février 2014, à l’occasion de l’inauguration de certaines infrastructures dans le département du Sud-Est, Martelly a déclaré vouloir inspirer, voire guider le choix du prochain président d’Haïti.
Selon ses dires, il ne cessera point de rechercher la confiance des citoyennes et citoyens, en travaillant dur et en accouchant des résultats.
Le budget rectificatif 2013-2014, qui est en attente de sanction au parlement serait, selon lui, une stratégie de bloquer la réussite du président de la république.
Depuis son accession au pouvoir en mai 2011, Martelly n’a toujours pas réussi à faire voter un budget au parlement.
Les budgets rectificatifs semblent s’instaurer en règle pour l’actuelle administration politique.
Parlement
le Dg de la Pnh entendu par une commission de sénateurs
La commission de sécurité publique du Sénat de la république a rencontré le directeur général (Dg) de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Godson Orélus.
Des questions relatives aux conditions de travail des policiers nationaux, leurs agissements répréhensibles envers la population, en particulier l’utilisation incontrôlée des grenades lacrymogènes, ont été abordées.
Orelus informe que deux enquêtes sont ouvertes sur la disparition de l’homme d’affaires proche du pouvoir, Evinx Daniel, et sur le double assassinat, par balles, du coordonnateur de la plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh), Daniel Dorsinvil, et de sa femme Girldy Larêche.
L’enquête sur la mort de Dorsinvil et de Larêche évolue correctement, les résultats seront communiquées sous peu et les coupables mis sous les verrous, tente de rassurer le commandant en chef de la Pnh.
Entre-temps, un suspect a été mis aux arrêts, le dimanche 16 février 2014, durant les exercices pré-carnavalesques au Champ de Mars (principale place publique dans la capitale haïtienne).
Droits Humains
Des engagements sérieux pour faire la lumière sur l’assassinat de Dorsinvil, exigent des organisations
Des organisations, nationales et internationales, de défense des droits humains, dont Amnesty international, appellent les autorités haïtiennes à aller au-delà des discours, pour s’engager dans une enquête « efficace, impartiale et indépendante » sur l’assassinat de Daniel Dorsinvil et de Girldy Larêche.
Considérant les différentes menaces, subies par les défenseurs des droits humains, dans un environnement qui tend à se dégrader en Haïti, Amnesty international préconise de vérifier si ces meurtres ne sont pas des représailles.
Dans une lettre à la Pohdh, la Coordination Europe-Haïti et ses membres (de différents pays Européens) ont manifesté leur solidarité à la plateforme.
Culture
Dany Laferrière reçu à l’Élysée
Le 14 février 2014, Dany Laferrière est reçu, en sa qualité d’élu à l’Académie française, par le président français François Hollande.
Le 12 décembre 2013, alors qu’il était l’invité de la Direction nationale du livre (Dnl) à la foire internationale du livre haïtien, Laferrière a appris la nouvelle de son élection au prestigieux poste d’Immortel.
Âgé de 60 ans, l’écrivain québécois, d’origine haïtienne, est le plus jeune membre de l’académie française. Il devra occuper le fauteuil no2 au printemps 2015. [efd kft rc apr 18/02/2014 13:50]
[1] Depuis décembre 2013, Mgr. Chibly Langlois a passé outre aux pourparlers, entamés sous les auspices de Religion pour la paix, dont fait partie la Conférence épiscopale (catholique romaine) d’Haïti (Ceh). Ce qui représente un camouflet pour les autres confessions religieuses exclues des questions nationales par la classe traditionnelle du pouvoir d’État.
De plus, la plupart des partis politiques invités au dialogue inter haïtien, sans la présence de membres de la communauté internationale, se caractérisent par leur allégeance à l’actuelle administration politique.
Autre élément de conjoncture à prendre en compte, ce sont les velléités du gouvernement de se donner un pouvoir discrétionnaire sur le fonctionnement des institutions et de planifier un accaparement total par des élections sur mesure et l’éventualité d’une nouvelle Constitution, dans laquelle le président aurait deux mandats successifs...