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Haïti-Justice : Les conflits terriens, un phénomène inquiétant dans le Sud-Est

Correspondance Gerdy Jérémie

Jacmel, 19 févr. 2014 [AlterPresse] --- Alors que le gouvernement prône un pays ouvert aux affaires, l’insécurité foncière soulève des préoccupations dans le département du Sud-Est, exacerbée par l’implication de certaines autorités de l’État, la plupart appartenant au système judiciaire, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Les tribunaux sont littéralement débordés de dossiers de conflits de terrain.

Robert Cadet, doyen du tribunal de Jacmel, se dit conscient et inquiet de la situation dans sa juridiction.

Il donne la garantie formelle que des décisions vont être prises en vue d’apporter des réponses. Cependant, il déclare reconnaitre que la solution n’est pas pour demain, vu la complexité du problème.

Les conflits - opposant les familles Sanon et Pierre-Paul dans la ville de Jacmel, Sanon et Adescar dans la commune de Cayes–Jacmel, à l’est de l’arrondissement de Jacmel - sont parmi les plus brûlants qui agitent l’opinion.

Selon Jean Jeudi, membre de la Société Macaya (SoMa), ces dossiers concernent plus d’une dizaine d’hectares de terre.

Des mains hautement politisées sont impliquées et alimentent ces conflits, indique-t-il.

« Je crains une éventuelle guerre civile dans le Sud-Est, particulièrement à Jacmel, si le gouvernement et les autorités concernées n’interviennent pas pour remédier à cette situation » déclare Jean Jeudi, fustigeant la passivité des autorités.

À la fin de l’année 2013, René Dupa, un citoyen haïtien résidant en France depuis plus d’une dizaine d’années, a déclaré être victime d’abus d’un juge de paix dans la juridiction de Jacmel, qui aurait démoli un bâtiment sur un terrain qu’il a légalement acquis dans la localité Auban (section ravine Normande, commune Cayes-Jacmel).

Un acte, qu’il a vigoureusement condamné et qualifié d’illégal et arbitraire, car il n’a jamais été signifié d’un procès concernant le terrain.

Jethro Pierre-Paul, responsable de programme du Réseau Sud-Est de défense des droits humains (Resedh), se montre très critique, lui aussi, envers les autorités du département.

« Ces conflits constituent un problème politique qui exige des solutions politiques », avance-t-il.

Il appelle le gouvernement et les autres autorités de l’État à assumer leurs responsabilités.

La question des conflits terriens, particulièrement dans le département du Sud-Est, n’a pas cessé de se faire sentir comme une urgence durant les dix dernières années.

Au cœur du problème, se trouveraient des individus opérant sous couvert de leurs fonctions au sein de l’État, mais impliqués dans de véritables réseaux mafieux capables de déguerpir, piller et s’accaparer des terres privées et publiques à des fins personnelles. [gj kft apr 19/02/2014 10:30]